Extrait revue Babzman – Étymologie et sens du patronymeMerabet


Extrait revue Babzman – Étymologie et sens du patronyme Merabet  Marab-1-300x184

Le vocable Merabet  «مُرابِط », usité de nos jours comme patronyme et substantif en Algérie, tire son origine du mot marbût « مَربوط »,  ce qui signifie littéralement celui qui est attaché ou lié.  
Merabet, au pluriel « el murâbitûn, » ou Almoravides (selon les sources latines), peut également se traduire par «gens du ribat », un ordre religieux et militaire berbéro-musulman de la première moitié du XIe siècle.    
Ribat, un lieu et une philosophie 
Ribat correspond en premier lieu à de petites forteresses de protection, construites par les musulmans dès les premiers temps de l’islam. Les historiens et spécialistes du Maghreb médiéval s’accordent sur la datation des premiers édifices estimée vers le VIIe siècle. Une période charnière marquée par les rapports de force entre chrétiens et musulmans. Ce sont à proprement parler des mosquées remplissant la double fonction d’édifices cultuels et forts militaires. Les plus anciens seraient ceux de Massa près d’Agadir, et d’Aghmat du Haut Atlas marocain. Bon nombre d’entre eux furent édifiés entre les VII et XIes siècle, dans les deux rives de la méditerranée, consolidant ainsi la conquête musulmane de l’Andalousie. Les plus connus sont le ribat de Monastir (Tunisie) et le ribat Aljezur. Au Maroc, le plus emblématique ribat El Fath donna son nom à Rabat, la capitale économique du pays. 
Sur un axe synchronique,  Merabet renvoie à l’image d’un homme qui verse dans la voie de l’ascétisme, tout en étant rattaché à une confrérie soufie au sein d’un ribat, que le chercheur Abdallah Fili définit comme  suit : «Ribât, institution liée à l’exercice du jihâd, aux activités guerrières et à la défense du (proto)sunnisme, succède alors la râbita, expression d’un nouveau sentiment religieux porté par une communauté de fidèles pour qui la retraite spirituelle est désormais synonyme de développement de tendances mystiques et soufies.»  Ainsi, sont liés ces trois substrats : rabata (lie), rabita(ligue) et ribat (qui signifie lien au sens premier, et en second lieu, une institution éponyme, c’est-à-dire un endroit qui abrite «les moines-guerriers*»).
Le maraboutisme en Algérie 
Le patronyme Merabet et ses variantes Ben Merabet, Tamrabet souligne donc l’affiliation nobiliaire à un saint patron (marabout en français) et  nous renvoie à la confédération des murâbitûn, principalement des Sanhadja, tribu de l’Adrar mauritanien. Al-murâbitûn ne sont pas à proprement une ethnie homogène mais un ordre religieux et une dynastie éponyme fondée par Abdellah ben Yassin al-Jazouli qui fédéra également des tribaux vassaux. Ces guerriers et mystiques qui ont investi et érigé à leur tour des ribats médiévaux du Maghreb.
 Le maraboutisme maghrébin tint une place importante dans la vie quotidienne. En Kabylie, l’ordre maraboutique «imravdhen» fait office d’une entité hégémonique, et gère les conflits au sein du tajmaat (agora du village). D’autres  régions de l’Algérie sont également marquées par le passage et l’implantation des marabouts, citons parmi elles la Saoura et le triangle Touat-Gourara et Tidikelt et Touggourt. Ils sont honorés lors des manifestations religieuses et fêtes cultuelles. Le marabout s’est toujours retrouvé corollaire du médecin et du sage. Respecté de son vivant et commémoré à sa mort.  
*les moines-guerriers, expression souvent usitée pour désigner les mystiques du ribat. 
 
Leila Assas 
Bibliographie : 
Ougouag – Kezzal, Les manifestations religieuses et populaires lors de la fête du mawlid au Gourara : Leur sens et leur portée
Louis-Augustin D’hombres-Firmas, Recueil de Mémoires et d’observations de physique, de météorologie, d’agriculture et d’histoire naturelle, Nîmeùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùùs, 1838, ù
 
 
 

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