Yasmine Belkacem et la bombe ratée

Yasmine Belkacem et la bombe ratée 1118

Née à Alger en 1943 dans le quartier populaire de Belcourt où elle passe son enfance avec sa mère couturière, elle n’a que 14 ans quand elle entre en contact avec le FLN où elle se charge du ravitaillement des réseaux clandestins avec sa voisine Fettouma. Démasquées toutes deux en 1958, elles fuient vers Larbâa chez un oncle puis Yasmine part seule rejoindre les maquis de l’Ouest à Oued Fodda.
Les combattants de la région lui refusent l’accès, la trouvant trop jeune pour une activité si dangereuse et lui conseillent de rester dans le ravitaillement. Il lui faut menacer de descendre en ville avec un couteau commettre un attentat pour que finalement, on lui propose de poser une bombe. En novembre 1958 elle se dirige vers la gendarmerie de Oued Fodda avec un engin explosif caché dans une boite de dattes avec un réveil. Mais celui-ci est mal réglé et la bombe explose trop tôt.
Elle se réveille à l’hôpital d’El Asnam pour constater qu’elle est amputée des deux jambes jusqu’à l’aine et a un bras cassé. Elle est conduite en prison dans cet état et sans appareillage, devenant la plus jeune poseuse de bombes de la Révolution. Condamnée à 10 ans de prison, elle obtient une grâce médicale en décembre 1961 et est libérée d’une prison française où elle purgeait sa peine mais étroitement surveillée, jusqu’au jour où par Ben Bella et Hassan II, Roi du Maroc, est prise en charge par un riche américain, ancien colonel en poste au Maroc de l’exfiltrer. Emu par la jeune femme, il décide alors de la prendre en charge dans un hôpital américain où Yasmine Belkacem découvre à New York la chaise roulante et assiste au lever du drapeau algérien à l’ONU, le pays ayant accédé au rang des nations souveraines.
Après plusieurs opérations, elle revient enfin en Algérie en octobre 1963 et est prise en charge par la Présidence, alors dirigée par Ben Bella, jusqu’au coup d’état de 1965, puis travaille au siège du FLN à la place Émir-Abdelkader puis à l’ONM, organisation nationale des moudjahidines, sans s’empêcher d’intervenir, comme pour dénoncer les tortures d’octobre 1988 ou plus tard dans les années 90 contre le terrorisme.

Chawki Amari





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