Des femmes à ne pas oublier « les Chahidat sœurs Hadj Ahmed Fatima et Dehbia ».
Elles sont nées au village « Chfer » dans la commune de Yakourene Daira d’Azazga , Wilaya de Tizi-ouzou. Fatima le 05 Avril 1934 et Dehbia le 20 Décembre 1936.
En 1940 le père tombe malade. La mère avec cinq enfants en bas âge et un sixième en route, décide de quitter le village ancestral pour s’installer en famille à la casbah d’Alger afin de pouvoir se rapprocher des centres médicaux qui n’existaient pas à l’époque dans les régions rurales.
Le destin a voulu que le père meurt dans la même année, la mère se retrouve dans la contrainte de chercher un travail afin de parvenir aux besoins de ses six enfants. Des gens proches ont réussi à lui décrocher un boulot comme femme de ménage chez les pères blancs.
Voyant ses filles ainées Fatima et Dehbia dans un état lamentable, un père Blanc au nom de Paul Didier les inscrit à l’école avec les filles et leur offre des vêtements.
Les deux sœurs révèlent une interminable intelligence dans leur scolarité que l’administration de l’école les faisait passer de classe en classe dans la même année. Elles se retrouvent parmi les meilleures que la mère supérieure offre un emploi à Fatima comme bibliothécaire du lycée. Elle était au dessus de tous les espoirs qu’elle l’inscrivit aussi pour une formation à l’école sténo- dactylographie d’Alger ; une école qui était ouverte uniquement aux Français, d’où elle obtient un diplôme.
Des militants du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques) suivaient de loin l’activité énergique et l’émergence de la jeune Fatima. Par l’intermédiaire d’un contact, ils lui proposèrent une formation à la langue arabe qu’elle accepta sans hésitation pour satisfaire sa soif du savoir. Elle fut donc inscrite à l’école arabe universelle dirigée par Madame « Boufedji Selma » sise dans la rue « Bencheneb » ex « Maringo » à la basse Casbah d’Alger et décroche une licence d’arabe avec brio.
Toujours avec le concours des militants, elle fut recrutée au poste de secrétaire du maire d’Alger « Jack Chevalier» - Maire et secrétaire d’état à la guerre en 1953, puis ministre de la défense en 1955 dans le gouvernement de Mandes France - .
Les chefs de la révolution chargeaient Fatima de sa première mission test, en vue d’établissement d’une collaboration confiante, par l’intermédiaire d’un inspecteur de douane au nom de « Ben Hamza Hocine ». La mission était de fournir de fausses cartes d’identités pour « Krim Belkacem » et « Amar Ouamrane » qui leurs permettront de circuler à l’intérieur d’Alger du fait qu’ils étaient condamnés à mort par contumace par la justice Française.
C’est à partir de là qu’elle fait ses premiers pas de militante dans la zone autonome d’Alger avec sa sœur Dahbia et leur voisine « Djamila Bouhired » par le transport d’armes et munitions, recrutement, encadrement et au dessus de tous, la collecte de renseignements sur les réunions des généraux avec le gouverneur Robert Lacoste à travers sa secrétaire « Ablane Nassima » qui lui remettait le double des stencils des procès verbaux de leurs réunions qui finissaient entre les mains des responsables de la révolution.
Dehbia rejoignit le groupe de Ali la pointe après avoir terminé ses études secondaires. Quant à Fatima, elle ne cesse de manifester une compétence et un génie hors pairs qu’elle fut désignée membre au secrétariat du chef de la wilaya IV le colonel « Slimane Dhiles » - Si Sadek -. Au maquis elle monte en grade pour finir aspirante, l’équivalent d’un commissaire politique.
En Février 1962, le staff du PC de wilaya IV en présence de son chef le colonel « Youcef el Khatib » - Si Hacene – s’affronte avec l’armée Française à « djebel Tamesguida » du coté de Médéa. Après une résistance acharnée, Fatima tombe au champ d’honneur l’arme à la main.
Quant à Dehbia, elle fut affichée recherchée après l’anéantissement du groupe de Ali la pointe par les hommes du général Massu qui a livré une bataille sans merci dans l’Algérois contre les réseaux de la révolution. En 1957, elle quitte Alger avec sa campagne « Khadidja Ould Kablia » originaire de Mascara pour se refugier dans son village natal Yakourene. Quelques temps plus tard, le chef de la wilaya III le colonel « Amirouche Ait Hamouda » ordonne à une compagnie d’acheminement de les escorter en Tunisie.
Arrivés à el Kala les éléments de la compagnie se trouvaient dans l’obligation de traverser la frontière dans une zone découverte lorsque l’aviation Française les repéra et les prit dans un bombardement infernal qui fit plusieurs martyrs dont Dehbia Hadj Ahmed. C’était dans la même année.
Courageuses, valeureuses et héroïques, elles se sont initiées dans la révolution avec conviction et détermination. Dans la discrétion et le soin minutieux elles ont accompli des missions complexes, décisives pour la cause nationale, à travers lesquelles elles ont réussi à ébranler la puissance coloniale.
Parties à la fleur de l’âge avec leurs compagnons de lutte, mais resteront une légende éternelle dans l’histoire de l’Algérie contemporaine.
« Gloire à nos Martyrs et vive l’Algérie ».
Témoignage du jeune frère des Chahidat, « Aoudia », recueilli par Zahia Ameur.


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