!Mars n'est pas « morte » à l'intérieur
Alors que l’on pensait que Mars était une planète « morte » géologiquement parlant depuis plusieurs milliards d’années, une nouvelle étude apporte de nouveaux éléments qui suggèrent qu’elle serait bel et bien active, notamment en profondeur.
Mars est-elle vraiment une planète « morte » ? À bien y regarder, peut-être pas autant qu'on le pensait. Ce qui est certain, c'est que l'immobilité de sa surface et surtout l'absence de manifestations géologiques majeures, comme les puissants séismes et les éruptions volcaniques, ont longtemps laissé penser que la Planète rouge ne possédait plus de dynamique interne à l'image de celle que connaît la Terre et qui est notamment responsable de la tectonique des plaques.
Mars possède pourtant de nombreux volcans (dont Olympus Mons, qui est le plus haut du Système solaire), ce qui suggère que la planète a bien été active durant sa jeunesse. Mais il semblerait que depuis 3 milliards d'années, plus aucun événement géologique majeur ne se soit produit. Une nouvelle étude, parue dans la revue Nature Astronomy, suggère que cette vision est peut-être erronée. Car l'absence de manifestation géologique en surface ne signifie pas nécessairement qu'il ne se passe rien dans les profondeurs de la planète.
Morte en apparence mais bien vivante à l’intérieur
Une équipe de scientifiques de l'université d'Arizona ont en effet découvert que le manteau de Mars était loin d'être calme et immobile et qu'il serait bien animé de courants de convection pouvant causer des séismes mais aussi des éruptions volcaniques. En dépit de son aire résolument endormie, la planète cacherait dans ses profondeurs une activité bien plus tumultueuse qu'on ne le pensait.
Un gigantesque panache mantellique a en effet été détecté au sein du manteau martien. Ce type de manifestation géodynamique est bien connu sur Terre et porte souvent le nom de « point chaud ». Il s'agit d'une remontée de matériel mantellique chaud, qui forme une sorte de colonne remontant de la base du manteau jusque sous la croûte. Sur Terre, les panaches mantelliques sont souvent à l'origine d'un volcanisme intense. Considérés comme fixes en regard du mouvement des plaques tectoniques en surface, les points chauds donnent ainsi souvent naissance à des archipels d'îles volcaniques comme Hawaï. Sur Terre, cette activité qui se joue au sein du manteau et qui implique d'importants échanges de chaleur entre la base du manteau et la surface de la planète est l’un des moteurs de la tectonique des plaques. Il est possible qu'une telle activité se joue également sur Vénus, mais c'est bien la première fois qu'elle est mise en évidence sur Mars.
Contrairement à sa surface en apparence morte, le manteau de Mars serait bien animé de courants de convection donnant naissance à un grand panache mantellique. Adrien Broquet & Audrey Lasbordes
Cereberus Fossae : manifestations en surface d’une activité en profondeur
Cette découverte est d'ailleurs surprenante puisque Mars était considérée comme étant désormais trop froide pour soutenir une telle activité interne et les quelques séismes enregistrés actuellement étaient plutôt associés à des processus passifs liés au refroidissement de la planète. Et pourtant, une région a attiré l'attention des scientifiques : Elysium Planitia. Cette vaste plaine située dans l'hémisphère nord, proche de l'équateur de Mars, porte en effet des traces d’éruptions volcaniques majeures relativement récentes, de moins de 200 millions d'années. Cette observation est en contradiction avec le reste de la surface planétaire qui n'a pas subi d'altération par le volcanisme depuis plusieurs milliards d'années. Des dépôts de cendres associés à une petite explosion volcanique pourraient même ne dater que de 53 000 ans !
Cereberus Fossae dans Elysium Planitia se caractérise par de grandes fractures récentes qui découpent la croûte de Mars. ESA/DLR/FU Berlin
Le volcanisme d'Elysium Planitia prendrait son origine au niveau d'un réseau de grandes fractures récentes (Cereberus Fossae) découpant la croûte martienne. L'analyse des séismes enregistrés par le sismomètre d'Insight, posé à la surface de Mars, a d'ailleurs montré que quasiment tous les séismes endogènes (non liés à la chute d’une météorite) prenaient leur source dans cette région. Une activité tectonique et magmatique qui, si elle est loin de l'intensité de celle de la Terre, signifie que des processus géodynamiques se jouent bien dans les profondeurs de Mars. En observant de plus près cette région, les scientifiques se sont en effet rendu compte que la surface y était surélevée de manière significative et que ce bombement local était associé à une anomalie du champ de gravité. Ces indices montrent que la croûte martienne est ici soutenue par une remontée active de matériel chaud dans le manteau de grande ampleur. Les modélisations suggèrent en effet la présence d'un panache géant de plus de 4 000 kilomètres de large remontant sous Cereberus Fossae et affectant une surface équivalente à celle des États-Unis. C'est bien ce panache qui serait à l'origine des fractures dans la croûte mais également du volcanisme récent et des séismes.
Une région intéressante pour la recherche de vie sur Mars
Cette découverte pose de nombreuses questions sur la dynamique interne de la planète et implique de revoir les modèles précédemment établis. Il s'agit par contre d'une donnée intéressante concernant la vie sur Mars. Car qui dit panache mantellique et volcanisme dit source de chaleur : un ingrédient essentiel au développement d'organismes vivants. De plus, cette anomalie thermique pourrait avoir maintenu de l'eau sous forme liquide pendant une durée relativement longue. Sur Terre, ce type d'environnement ou eau et chaleur sont associées est riche en vie, notamment en bactéries. Les secrets que renferme encore Cereberus Fossae pourraient donc nous éclairer sur l'évolution géodynamique mais aussi biologique de la Planète rouge.
Source :sites internet