L'eau terrestre est probablement plus vieille que le Soleil
L'eau terrestre est probablement plus vieille que le Soleil 1-198
Représentation artistique du disque protoplanétaire V883 Orionis avec des molécules d'eau en phase gazeuse.
D'où vient l'eau terrestre ? Cette vieille question scientifique n'est pas clairement tranchée, même si les sources potentielles sont connues : astéroïdes, comètes voire même le Soleil auraient pu contribuer à l'apport d'eau. A moins que celle-ci n'ait déjà été présente dans les blocs de roches qui se sont agrégés pour former la planète ? La controverse a encore de beaux jours devant elle, mais !une nouvelle étude indique que quelle que soit sa provenance, l'eau terrestre est sans doute plus ancienne que le Soleil lui-même

Un disque protoplanétaire chaud
La recherche menée par John J. Tobin de l'Observatoire national de radioastronomie des Etats-Unis ne porte pas sur le système solaire mais sur V883 Orionis, un disque proto-planétaire situé à environ 1300 années-lumière du Soleil. Ces structures éphémères, dont la durée de vie ne dépasse pas les dix millions d'années (c'est très court comparé aux milliards d'années d'existence d'une étoile) et que l'on trouve autour des toutes jeunes étoiles qui viennent de s'allumer, sont le creuset dans lequel s'agrègent les futures planètes et les autres petits corps qui formeront les systèmes stellaires. Pour les sonder, les astronomes disposent de différents instruments comme SPHERE installé sur l'un des quatre télescopes du VLT ou le radiotélescope ALMA dont les grandes antennes sont disposées dans le désert de l'Atacama, au Chili. C'est ce dernier qui a été utilisé pour cette étude qui fait l'objet d'une publication dans la revue Nature.
Les astronomes se sont concentrés sur l'eau qui est la plupart du temps présente sous forme de glace dans les disques protoplanétaires, du moins celle que nos télescopes peuvent percevoir. Mais le disque de V883 Orionis est particulièrement chaud si bien que "l'eau n'est plus sous forme de glace, mais de gaz, ce qui nous permet de la détecter", explique, dans un communiqué, John Tobin. Grâce à ALMA, son équipe a donc pu détecter l'eau, cartographier sa distribution dans le disque et déterminer sa composition.
De l'eau semi lourde comme sur les comètes

L'eau est généralement constituée d'un atome d'oxygène et de deux atomes d'hydrogène. Parfois, un (ou deux) atome(s) d'hydrogène peut être remplacé par un atome de deutérium, un isotope lourd de l'hydrogène ce qui donne de l'eau "semi-lourde" et de l'eau "lourde" quand deux atomes de deutérium remplacent l'hydrogène. L'analyse de ces différentes variétés d'eau, qui ne se forment pas dans les mêmes conditions, peut être riche d'enseignement. Ainsi, les chercheurs ont constaté que "la composition de l'eau dans le disque est très similaire à celle des comètes de notre propre système solaire. Cela confirme l'idée que l'eau s'est formée il y a des milliards d'années, avant le Soleil, dans l'espace interstellaire, et qu'elle a été héritée à la fois par les comètes et la Terre, relativement inchangée", explique John Tobin. Toutefois ces résultats, qui demandent à être vérifiés avec l'étude d'autres disques qui seront accessibles avec le futur Extremely Large Telescope de l'ESO, ne permettent pas de trancher quant à l'origine de l'eau terrestre.


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