?Parkinson : qu’est-ce que l’apathie
?Parkinson : qu’est-ce que l’apathie 12547
L’apathie est un syndrome très invalidant et présent chez de nombreux patients atteints de la maladie de Parkinson. Plus qu’une perte de motivation, c’est également le déclin des capacités cognitives qui dissuade les personnes de se mettre en mouvement, nous explique Dr Matthieu Béreau, neurologue au CHU de Besançon.
Très fréquente dans les maladies neurodégénératives, l’apathie se caractérise par une perte de motivation chez les personnes qui en souffrent. En neuropsychiatrie, elle est définie comme étant une réduction des comportements orientés vers un but. Environ 30% des patients atteints de la maladie de Parkinson sont concernés.
?Parkinson : qu’est-ce que l’apathie 1-2603
La dimension motivationnelle et cognitive de l’apathie
L’apathie est en réalité un syndrome multidimensionnel. « Ce n’est pas qu’une histoire de motivation mais également de cognition. Pour faire une action il faut en avoir envie et adopter une stratégie adaptée », résume Dr Matthieu Béreau, neurologue au CHU de Besançon et membre du laboratoire LINC (Laboratoire de recherches Intégratives en Neurosciences et psychologie Cognitive), situé dans la même ville.
Avec d’autres chercheurs, il a dressé un tableau clinique de l’apathie dans un article de synthèse publié dans la revue Cells, montrant l’importance de la cognition dans la prise de décision. « Prenons l’exemple d’une personne qui veut aller faire une balade en forêt dans un endroit où elle n’est encore jamais allée. Elle va avoir besoin d’une certaine flexibilité mentale pour adopter un comportement adapté en dehors de sa routine habituelle. Cela implique donc d’être en mesure de mobiliser des capacités cognitives », illustre le neurologue. Avec un dysfonctionnement cognitif, il est beaucoup plus difficile de planifier et exécuter des actions, aggravant ainsi le manque de motivation déjà présent.
?Parkinson : qu’est-ce que l’apathie 1-2604
Comment remarquer l’apparition de l’apathie ? Elle peut se déceler chez des personnes de nature active, qui délaissent peu à peu leurs activités favorites. Arrive également une forte procrastination et un manque de volonté quasi systématique. L’absence d’initiative du malade peut fortement perturber l’aidant, qui est obligé de le pousser à entreprendre des activités pour qu’il ne tombe pas dans l’isolement. En revanche, l’apathie n’est pas forcément synonyme de tristesse, bien qu’elle puisse s’inscrire dans une triade neuropsychiatrique avec la dépression et l’anxiété. « Dans la dépression, il y a une tristesse de l’humeur, ce qui ne se retrouve pas chez les patients apathiques. Lorsqu’on les interroge, ils ne se disent pas tristes mais fatigués », souligne Dr Matthieu Béreau.
L’apathie comme signe avant-coureur
L’apathie ne serait qu’une partie immergée de l’iceberg, car les symptômes associés peuvent se manifester bien avant les problèmes de motricité liés à la maladie de Parkinson, caractérisée par la triade akinésie-rigidité-tremblement. La perte d’envie et l’abandon de certaines activités peuvent survenir quelques mois voire quelques années avant l’apparition des symptômes moteurs. « J’ai reçu un patient qui jouait auparavant très régulièrement au tennis mais qui a fini par arrêter par manque d’envie. Il est venu en consultation pour des tremblements mais cela faisait donc plus d’un an qu’il avait des symptômes en lien avec l’apathie », raconte le neurologue. Bien que l’apathie doive être surveillée en tant que signe avant-coureur de maladies neurodégénératives, elle doit également être prise en compte pour son impact intrinsèque sur la qualité de vie des patients et de leur entourage.
?Parkinson : qu’est-ce que l’apathie 1--1262
Le rôle de la dopamine
La dopamine est un neurotransmetteur impliqué dans le mouvement mais également dans la motivation. Or, la maladie de Parkinson se caractérise par la mort de neurones dopaminergiques, entraînant un dysfonctionnement des circuits moteurs et motivationnels, qui sont en interrelations. « Quand la dopamine module correctement les circuits de motricité, nos mouvements sont harmonieux et fluides, ce qui nous permet de ne pas avoir à penser à ce que l’on fait. Pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, le comportement devient non plus automatique mais adaptatif, c’est-à-dire qu’ils sont obligés de penser à leurs gestes », précise le Dr Matthieu Béreau. De quoi fatiguer encore plus les patients souffrant déjà d’apathie.
?Quels sont les traitements envisagés
Si en début de maladie de Parkinson, le déficit est surtout motivationnel, il finit par être également cognitif : c’est l’apathie de déclin, annonciatrice d’une diminution vers la démence. L’apathie motivationnelle “pure” peut se traiter avec des médicaments qui boostent la fabrication de dopamine. La question est de savoir si ce traitement pourrait en même temps permettre de retarder l’apparition de l’apathie cognitive.

Entre les problématiques motrices et neuropsychiatriques qui varient en fonction du stade d’avancement de la maladie et en fonction des individus, des recherches récentes tendent à montrer qu’il n’existerait peut-être pas une maladie de Parkinson mais des maladies de Parkinson ! C’est ce que vont explorer des membres du laboratoire de neurosciences à Besançon, dont le Dr Matthieu Béreau, à travers l’étude de l’apathie.


Source : sites Internet