!Statue de Thoutmosis III, ou la représentation sublimée d'un pharaon
Cette représentation de Thoutmosis III est une idéalisation parfaite d'un portrait royal. Tout dans cette statue sublime l'essence même du pharaon et de sa fonction … Et le fait qu'elle soit incomplète, que les jambes soient en partie amputées, n'altère en rien ni ne déprécie ce jugement et ce sentiment.
Le roi est empreint d'une force tranquille et rayonne d'un pouvoir absolu, divin. L'expression de son visage admirablement conservé, transcende la pierre pour effleurer un monde bien éloigné de celui des 'simples' mortels…
La pierre - schiste vert, basalte gris, grauwacke, selon les descriptions - est d'une qualité exceptionnelle et elle est polie et lissée à un degré de technicité extrême.
Le visage est d'une symétrie admirable. Les yeux en amande sont "allongés par une raie plate et rectangulaire" et les sourcils fins qui les surmontent en épousent exactement la forme.
Le nez est bien dessiné, la bouche est menue. Le menton est orné de la barbe postiche, légèrement évasée et finement tressée. Pour ce rendu, le sculpteur a incisé des lignes horizontales et d'autres, verticales, ondulées. Elle est attachée par une jugulaire apparente.
Le pharaon porte le némès plissé maintenu sur le front par un bandeau sur lequel est fixé l'uraeus protecteur. Les plis sont traités alternativement en relief et en creux, créant ainsi un beau contraste animant la pierre. Après être passée derrière les oreilles, la coiffe se sépare en deux pans qui descendent jusqu'au-dessus des épaules. Au niveau du menton, les plis du tissu se font beaucoup plus rapprochés. Les oreilles sont petites et très bien dessinées.
Le corps aux proportions idéales est musclé, avec des épaules puissantes et la poitrine marquée.
Le buste du pharaon Thoutmôsis III est une sculpture égyptienne conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne. Il représente le pharaon égyptien Thoutmôsis III de la XVIIIe dynastie du Nouvel Empire. L'attribution est basée sur la similitude des traits du visage avec des images vérifiées de ce roi. Il y a aussi des hiéroglyphes avec le début du nom du roi sur le reste du pilier arrière, mais ceux-ci ne sont pas suffisants pour une identification claire.
Les bras sont tendus le long du corps, les poings sont fermés, pouce en avant tendu et ses mains serrent les sceaux royaux.
Le souverain est représenté dans l'attitude conventionnelle de la marche, jambe gauche avancée ; cependant, elle est coupée au-dessous du genou alors que la droite l'est juste au-dessus.
Il porte le shendyt, pagne royal finement plissé attaché par une large ceinture à boucle sous-ombilicale sur laquelle est gravé son cartouche.
Cette statue ne peut qu'être l'œuvre d'un grand artiste qui oeuvrait dans les ateliers royaux. "La finition et la qualité de fabrication de la pièce sont remarquables et reflètent un sens artistique très développé combiné à une grande habileté technique".
Dans ses "Leçons sur l'art égyptien", Jean Capart a analysé les statues de Thoutmosis III - dont celle-ci - , et, pour ce faire, n'a pas manqué de citer Gaston Maspero…
"Les statues de Thoutmès III sont fort nombreuses et les expériences faites précédemment sont de nature à nous avertir qu'il ne faut pas trop s'étonner si elles offrent des physionomies quelque peu différentes. Cependant, les variations sont moins grandes que celles relevées à des époques plus anciennes. Elles sont toutefois suffisantes pour faire hésiter dans le choix du portrait le plus fidèle de ce roi. Pour tourner la difficulté, si nous recourions à l'examen de la momie du roi, retrouvée dans la cachette de Deir-el-Bahari ? Maspero écrit : 'Heureusement la face, enduite de poix aux heures de l'embaumement, ne pâtit nullement de ces manipulations grossières : elle apparut intacte lorsqu'on la délivra de son masque protecteur. L'aspect en désappointe les admirateurs du conquérant. Les statues qui nous restent de lui, sans le présenter comme un type de beauté mâle, lui prêtaient des traits fins et spirituels : la comparaison avec le cadavre montre qu'elles ont idéalisé le modèle. Le front est trop bas, l'œil enfoncé, la mâchoire lourde, la bouche épaisse, les pommettes font une saillie exagérée et l'ensemble rappelle la physionomie de Thoutmès II, avec plus d'énergie : Thoutmosis III est un fellah de la vieille souche, courtaud, trapu, vulgaire de fibre et d'expression, mais ferme et vigoureux' (Histoire, tome II, p. 289)".
Voilà bien un portrait sans concession du pharaon guerrier…
C'est vers 1458 av. J.-C., qu'enfin libéré de la tutelle de sa tante Hatshepsout, Thoutmosis III - Menkheperrê ("La manifestation de Rê demeure" ou "Stable est la manifestation de Rê") - devient le sixième pharaon de la XVIIIe dynastie. "Le règne de Thoutmosis III, qui dure 54 ans, dont plus de trente ans seul au pouvoir, est marqué, jusqu'à l'an 42, par une dynamique politique internationale. Il étend l'Empire au Proche-Orient face au Mitanni et élimine définitivement la menace du royaume de Kerma en Nubie. Il réorganise l'administration égyptienne afin de l'adapter à la gestion d'un empire désormais très étendu. L'Egypte participe d'un nouvel ordre international. Le discours de légitimation du roi passe en particulier par une politique architecturale intense dans tout le pays, et notamment à Karnak, où les nombreuses constructions qu'il fait réaliser le placent dans la continuité des grands rois du Moyen Empire" ("L'Egypte pharaonique, histoire, société, culture").
Cette statue a été découverte par Georges Legrain, le 8 mai 1904, dans le temple d'Amon à Karnak, au nord du VIIe Pylône, dans ce qui est connu comme étant la "Cachette".
Référencée CG 42054 - JE 36927, elle est l'une des pièces emblématiques du musée de Louqsor.
marie grillot
Illustration : Statue de Thoutmosis III - schiste vert - XVIIIe dynastie - découverte par Georges Legrain, le 8 mai 1904, dans la cachette de Karnak - exposée au Musée de Louqsor - CG 42054 - JE 36927
sources de l'article et illustrations complémentaires sur egyptophile
https://egyptophile.blogspot.com/.../statue-de-thoutmosis...