Beggar Hadda
Destin de vie, Beggar Hadda qui mourut mendiante et folle...
Née en 1920 chez les béni Barbar, dans les environs de Souk Ahras, elle fut l'une des premières femmes à chanter pour les femmes et pour les hommes à la différence des chanteuses des villes d'avant l'indépendance qui possédaient des orchestres strictement féminins.
Cette chanteuse qui fit les campagnes et les principales villes algériennes avait eu un destin particulier dans le sens qu'elle était stérile et divorcée par deux fois. Mariée à un homme âgé sans son consentement à l'âge de 12 ans, par sa mère, elle-même chanteuse, elle s'enfuit du foyer conjugal pour mener une vie aventureuse en animant les fêtes familiales jusqu'à ce qu'elle rencontre, à l'âge de 20 ans, l'homme qui allait bouleverser sa vie: son flûtiste et son futur époux, Brahim Bendabêche, qu'elle vit, pour la première fois, à la fin d'une fête de mariage près d'El Mechrouha. Beggar Hadda qui resta longtemps un mystère parce qu'elle refusa de voir sa photo sur les pochettes de ses disques, avait fait ses débuts avec les Guessabas de Boukebche.
Après une carrière de plus de 50 ans, ignorée par la presse et la télévision, jusqu'en 1990, elle s'installa définitivement à Annaba. Celle qui s'est imposée comme la continuatrice du grand Djarmouni fera une dernière apparition en 1992 au cours de l'émission d'Abdelkrim Sekkar, Bonsoir Culture.
L’égérie des Moudjahines
L’Aurès montagne de la résistance amazighe multimillénaire est le territoire réel et sentimental de Hadda. Les terribles batailles menées par les Moudjahidines durant la guerre de libération trouvent un écho dans ses chants d’une profonde sincérité. Des moudjahidines encore en vie témoignent que dans leurs abris, sur leurs sentiers de combat, ils se remontaient le moral et se galvanisaient avec les mélodies bédouies de Beggar Hadda et celles d’Aissa Djermouni. Ils chantaient « Demou sayeh bin lwidane » (Son sang coule dans les ruisseaux) et d’autres chants de mobilisation patriotique comme « Yal Djoundi Khouya » (soldat, ô mon frère) des cris de l’âme bléssée déclamés par Hadda sur un ton d’une poignante franchise. Les chants patriotiques de Hadda, lourds poèmes engagés qui exaltent le volontaire qui affronte le feu de l’ennemi et qui meurt pour la terre et le drapeau, sont de véritables reportages témoignant de la dure réalité du maquis de l’Aurès et des valeurs de loyauté et de sacrifice qui portaient le combat libérateur de l’oppression coloniale.
Hadda Beggar eut une bien triste fin de vie, vivant de mendicité dans la folie et l’errance dans les rues de Annaba, avant de mourir esseulée et abandonnée.
Source : sites Internet