Il y a 47 000 ans, la rencontre entre Néandertal et Homo Sapiens donnait naissance aux premiers bébés hybrides
Il y a environ 47 000 ans, une rencontre décisive a eu lieu entre les Néandertaliens et les Homo sapiens. Cette interaction a donné naissance aux premiers bébés issus de cette union, marquant un tournant majeur dans l'histoire de l'humanité.
Les relations entre les Néandertaliens et les Homo sapiens suscitent un intérêt croissant dans le domaine de l’anthropologie, car nous portons presque tous un petit quelque chose de nos ancêtres. Les dernières découvertes mettent en lumière des interactions qui remontent à environ 47 000 ans, époque où les deux espèces se sont rencontrées et ont engendré une descendance commune. Des chercheurs de l’Université d’Oxford et de l’Institut Max Planck ont publié leurs travaux sur la plateforme biorXiv, qui n’a pas encore fait l’objet d’un examen par les pairs, révélant des preuves ADN de cette cohabitation. Ces résultats révèlent des échanges génétiques significatifs, influençant la biologie des humains modernes. Cette interaction ancienne enrichit notre compréhension de l’évolution humaine et des adaptations biologiques héritées des Néandertaliens.
Une rencontre cruciale il y a 47 000 Ans entre Homo sapiens et Néandertal
La majorité des individus actuels possèdent des fragments de gènes néandertaliens, héritage des interactions préhistoriques avec nos cousins disparus. Les chercheurs ont longtemps débattu du moment et du lieu de ces mélanges, et de leur fréquence, comme le rappelle Science. Des études récentes ont révélé que les premiers hybrides entre Néandertaliens et Homo sapiens sont apparus il y a environ 47 000 ans. Cette conclusion provient d’analyses ADN réalisées sur des fossiles trouvés en Europe et en Asie. L’analyse récente des génomes anciens et modernes suggère que l’ADN néandertalien des populations contemporaines provient de mélange, il y a environ 47 000 ans.
Les résultats précisent la chronologie de cette période unique et cruciale de l’histoire de l’humanité. Il s’agit du premier article utilisant des dizaines de génomes anciens d’Homo sapiens pour répondre à cette question. Il pourrait avoir des implications sur le calendrier d’autres événements majeurs de l’évolution humaine, tels que le peuplement de l’Australie.
Ces enfants hybrides, issus de la rencontre entre Néandertaliens et Homo sapiens, présentent des caractéristiques génétiques des deux espèces. Cela démontre un échange génétique significatif entre les populations. Les résultats montrent que ces hybrides avaient hérité de traits physiques et physiologiques des deux lignées parentales. Cela pourrait avoir contribué à leur adaptation aux environnements variés de l’époque.
Les méthodes de recherche avancées
Les chercheurs ont utilisé des techniques de séquençage de l’ADN de pointe pour étudier les restes fossiles. Ces techniques incluent le séquençage de nouvelle génération (NGS), qui permet de lire rapidement et précisément de longs segments d’ADN. Les scientifiques ont pu extraire l’ADN ancien et le comparer aux génomes de Néandertaliens et d’Homo sapiens.
Plus précisément, pour ce faire, ils ont analysé les génomes précédemment séquencés de 59 anciens Homo sapiens, principalement d’Europe occidentale et d’Asie, datant d’il y a entre 45 000 et 2 200 ans. Les plus anciens comprenaient l’ADN de l’homme d’Ust’-Ishim en Sibérie occidentale (45 000 ans), de la femme Zlatý kůň de République tchèque (45 000 ans) et d’individus des grottes de Bacho Kiro en Bulgarie (35 000 à 45 000 ans) et de Peștera cu Oase en Roumanie (âgées de 40 000 ans).
Les données ont révélé des segments d’ADN néandertalien chez des Homo sapiens, confirmant une hybridation. Ils les ont également comparés à 275 individus actuels du monde entier.
L’étude a permis de dater ces événements à environ 47 000 ans grâce à la datation par le radiocarbone et à la modélisation génétique. Les chercheurs ont utilisé des algorithmes sophistiqués pour reconstruire les génomes et estimer les périodes de divergence et d’hybridation. Cette approche combinée a fourni des preuves solides de l’interaction intime entre les deux groupes. La prépublication ne précise pas la fréquence à laquelle les couples néandertaliens et modernes se sont réunis durant cette période. Mais de tels appariements n’étaient probablement pas rares, explique Fernando Villanea, généticien des populations à l’Université du Colorado à Boulder, dans l’article de Science.
Implications génétiques et anthropologiques
La découverte de ces hybrides entre Néandertaliens et Homo sapiens a des implications profondes pour notre compréhension de l’évolution humaine. Elle révèle que l’héritage génétique des Néandertaliens est plus significatif qu’on ne le pensait. Des segments d’ADN néandertalien présents dans les populations modernes influencent divers aspects de notre biologie, notamment notre système immunitaire, la réponse à certaines maladies, et même des traits physiologiques tels que la densité osseuse et la structure cutanée.
Ces découvertes suggèrent que l’hybridation a joué un rôle crucial dans l’adaptation des Homo sapiens à de nouveaux environnements en Eurasie. Certains gènes hérités des Néandertaliens ont été liés à une meilleure adaptation aux climats froids et aux pathogènes locaux. Cette hybridation a également permis une diversification génétique accrue. Elle a alors fourni un avantage évolutif aux populations humaines. En comprenant mieux ces interactions anciennes, les scientifiques peuvent mieux expliquer les variations génétiques et les adaptations présentes dans les populations humaines modernes. Ces découvertes enrichissent ainsi notre compréhension de l’évolution et de la diversité humaine.
Témoignages des chercheurs sur les liens entre Homo sapiens et Néandertal
Dr. Laura Weyrich, co-auteure de l’étude, souligne que « cette découverte change notre vision des interactions entre Néandertaliens et Homo sapiens. Elle montre que ces rencontres étaient fréquentes et ont eu un impact durable sur notre espèce ». Ces interactions ne se limitaient pas à des échanges culturels, mais incluaient aussi des échanges génétiques significatifs. Cela remet en question l’idée que les Néandertaliens étaient une branche parallèle et sans interaction majeure avec les Homo sapiens. Au contraire, ces rencontres ont façonné la génétique des populations modernes.
Son collègue, le Dr. Pontus Skoglund, ajoute que « les preuves génétiques montrent une adaptation et une résilience significatives, résultant de ces interactions anciennes ». Les segments d’ADN néandertalien retrouvé dans le génome humain moderne sont liés à des traits avantageux, comme une meilleure réponse immunitaire, des adaptations environnementales, la pigmentation de la peau et le métabolisme.
Ces découvertes ouvrent la voie à de nouvelles investigations sur les influences néandertaliennes dans notre patrimoine génétique, et l’histoire humaine.
Source : Leonardo N. M. Iasi, et al., “Neandertal ancestry through time: Insights from genomes of ancient and present-day humans”, bioRxiv 2024.05.13.593955