Qui étaient les corsaires de la Régence d’Alger ? Par Farid Ghili


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« Ils firent trembler tout ce qui bougeait sur les flots ! » « Grands et forts, des colosses… d’une corpulence supérieure à l’ordinaire… tout rasés, fors la moustache… armés jusqu’aux dents… avec au moins deux coutelas à la ceinture … les manches retroussées sur les bras, et quels bras ! Les yeux rouges furieux à l’abordage… Une force de la nature contre laquelle il est inutile de se mesurer. » C’est ainsi qu’ils étaient décrits dans les récits des occidentaux.
Mais d’où provenaient ces Corsaires ou plutôt leurs Raïs, ennemis publics N°1 des puissances occidentales qui effrayaient et les rendaient aussi craints, outre Méditerranée ?
En préambule il est important de replacer la question d’un point de vue historique en dépit de la documentation lacunaire provenant essentiellement des récits des voyageurs, des pères rédempteurs, des rapports des consuls ainsi que des témoignages des anciens captifs. A cet effet, il est utile de rappeler que la tradition de piraterie et de la Course, était enracinée en Méditerranée, bien avant la naissance de la Régence d’Alger et que cette dernière n’en détenait pas le monopole. La taïfa des Raïs d’Alger, dont la puissance pouvait s’opposer à celle des janissaires, du moins jusqu’à la fin du XVI e S, était composée d’individus d’origines diverses. On y trouvait outre les « Turcs » proprement dits, des Koulouglis, des Andalous, quelques autochtones*; en revanche, les juifs étaient rares (un seul a été formellement identifié) et la présence de noirs, pourtant nombreux à Alger, incertaine ; les deux seuls exemples pouvant être confondus grâce au surnom (El nigro), ne sont pas attestés, puisqu’une famille andalouse connue, portait ce patronyme, héritage d’un passé hispanique. En revanche cet autre fait cité par le père Ximénez  » le 3 avril 1719, la Gazelle du corsaire Noir est entrée dans le port avec une prise de douze chrétiens maltais » refute l’argument précédent. Ainsi on peut soutenir valablement, qu’il y avait au moins un corsaire noir, qui sans doute était musulman. Mais la majorité, était constituée d’européens, dont la plupart se sont convertis à l’Islam. Ces Raïs étrangers provenaient de tous horizons, mais leur vraie patrie était le navire.
« LÀ FUT SON BERCEAU ! LÀ SERA SA TOMBE ! »


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Cette corporation cosmopolite était composée notamment de : Français, Anglais, Flamands, Ecossais, Irlandais, Danois, Hongrois, Slaves, Albanais, Grecs, Espagnols, Corses, Génois, Calabrais, Viennois, etc… Parmi ces européens ( appelés « turcs de métier »), en 1558 par exemple, sur les trente-trois Raïs d’Alger, dix-neuf étaient des convertis et deux en étaient des enfants de convertis, désignés, par les pères rédempteurs et les chroniqueurs occidentaux par le terme avilissant de « renégat » ou par l’expression méprisante « d’écume de la chrétienté ».
Il ne serait pas totalement idiot de supposer que le lucre tiré de la Course, notamment à son apogée, correspondant à « l’âge d’or » de la course (fin XVI ème et 1ere partie du XVII ème S), a été la motivation essentielle de ces Raïs chrétiens (convertis ou pas), au statut social aussi hétéroclite que leur origine. On pouvait ainsi retrouver, aussi bien des Raïs ayant fait des études universitaires, à l’instar du futur Lord Mawerling que des quidams illettrés.
Farid Ghili
Image à la Une : Le chébec du marin espagnol Dom Ant1738)
 
oine Barcelo (au centre) face à deux galiotes de la régence d’Alger. ( 












 

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