MACRIN, un autochtone, «Algérien» empereur de Rome
Disons-le d’emblée, cet empereur n’aura pas marqué l’histoire, n’était-ce sa supposée implication dans l’assassinat de Caracalla, fils de Septime Sévère, un empereur lui aussi berbère de souche romanisé, natif de Leptis Magna (Lybie actuelle).
Il faut savoir que si le 1 er empereur romain d’origine étrangère ( «espagnole »), était Trajan, cette origine étrangère n’avait rien d’exceptionnelle en soi. La majorité des Empereurs étaient Italiens, Espagnols voir Gaulois, mais c’est le berbère Septime Sévère qui ouvrit la porte à des empereurs d’autres origines et races (Syriens, Arabe, Berbères). Mais contrairement à Septime Sévère qui était issue d’une famille romanisée de longue date, cela ne semble pas être le cas de Macrin, qui descendrait d’une famille berbère, d’extraction modeste, peut-être même servile. Cette souche profondément allochtone, n’est pas sans rappeler celle de Philippe l’Arabe, fils d’un chef de tribu bédouine du Hauran.
Bien entendu par « algérien » il faut comprendre un authentique autochtone, car Macrin (Marcus Opelius Macrinus) né à Césarée de Maurétanie (Cherchell) vers 165, vint à Rome sous Septime Sévère et devint l’intendant du préfet du Prétoire Plautien. Bien vite, sa fortune lui permit d’entrer dans l’ordre équestre et Caracalla le nomma Préfet du Prétoire en 216.
Mais Macrin qui ne brillait pas par ses compétences militaires, fut dit–on, le souffre-douleur de l’Empereur Caracalla. Macrin exaspéré et touché dans son amour propre, par les brimades, finit par comploter contre son maître. Hélas, il se montra si peu discret que ses intrigues éveillèrent les soupçons d’un confident de l’empereur qui adressa au souverain une lettre de dénonciation.
Macrin qui eut connaissance de cette délation, fut pris de panique et contraint de prendre les devants en se débarrassant enfin de Caracalla. C’est un centurion un certain Martialis, qui se chargea de cette sale besogne :
ASSASSINER CARACALLA :
Faute de prétendants et comme l’armée ennemie approchait, les soldats, qui ne se doutaient pas un seul instant que l’inoffensif Macrin, fut le commanditaire d’un crime aussi odieux, l’acclamèrent et le revêtirent de la pourpre (11 avril 217).
C’était la première fois qu’un plébéien, un homme qui ne faisait pas partie du Sénat, montait sur le trône des Césars. Mais abhorré par l’armée, il connut le même sort tragique, que son prédécesseur Caracalla. Ses adversaires lui tranchèrent la tête. On peut encore voir dans la wilaya de Batna, à ZANA (Diana Veteranorum ) une arc à trois baies érigé en l’honneur de Macrin.
Farid Ghili
Buste de Macrin :copyright: José Luiz Bernardes Ribeiro