Qui étaient les premiers Américains ?
Le processus de peuplement des Amériques a été d’une grande complexité. Plusieurs théories concurrentes décrivent cette histoire de plusieurs dizaines de milliers d’années, où métissages et isolements génétiques ont joué un grand rôle.
omo sapiens est apparu en Afrique il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Il y a plus de 100 000 ans, notre espèce s’est ensuite répandue en Eurasie, croisant ses traces avec Homo erectus, des Néandertaliens, des Dénisoviens et d’autres espèces humaines. Puis, ayant investi l’Ancien Monde (l’Europe, l’Asie, l’Afrique), elle a abordé le Nouveau Monde (les deux Amériques). Les individus sapiens qui, pour la première fois, foulèrent le sol américain furent, pense-t-on, les premiers du genre Homo à le faire. Ils ont dû explorer et s’adapter aux environnements américains au cours d’une grande aventure, point de départ de l’histoire riche et complexe des milliers de sociétés américaines.
Lors de leur progression vers les Amériques, les ancêtres des Amérindiens ont affronté d’extraordinaires difficultés. Ils ont dû survivre au froid et à l’aridité extrême du dernier maximum glaciaire, cette période de froid intense qui s’est étendue de 26 000 à 19 000 ans avant le présent ; ils ont aussi dû s’adapter aux faunes et aux flores de ces terres inconnues.
Plusieurs points de vue existent pour expliquer cette grande aventure. Ainsi, les peuples amérindiens ont tous des récits oraux de leurs origines ; transmis à travers les générations, ces récits véhiculent des informations importantes sur la formation de l’identité de chaque groupe et sur ses relations avec sa terre et les êtres non humains qui la peuplent. Certains de ces récits contiennent l’idée d’une migration depuis un autre lieu ; d’autres non.
Pour comprendre le peuplement des Amériques, les scientifiques occidentaux ont un cadre de pensée très différent, fondé sur les recherches archéologiques et génétiques, tout en reconnaissant et respectant les récits traditionnels de cet épisode de l’histoire humaine, que ceux-ci soient compatibles ou non avec le récit construit par les chercheurs. Les efforts des archéologues, anthropologues, linguistes et paléoclimatologues ont produit divers scénarios quant à l’origine des Amérindiens, sur l’identité de leurs ancêtres et sur le moment et la façon dont ils sont arrivés sur les terres américaines.
L’hypothèse qui a longtemps prévalu est qu’une seule population de chasseurs-cueilleurs d’Asie orientale a pénétré en Amérique du Nord après le dernier maximum glaciaire en suivant des troupeaux de grands herbivores, ce qui a donné naissance par la suite à tous les groupes amérindiens actuels. Mais la génétique, arrivée en renfort au cours des récentes décennies, a balayé ce scénario, et il n’est pas exagéré de dire que ses résultats ont bouleversé notre vision du peuplement des Amériques. De nombreuses lacunes subsistent encore dans nos connaissances, mais les découvertes génétiques et archéologiques ont révélé la complexité réelle du processus. En particulier, nous savons désormais que l’ascendance des Amérindiens est constituée de plusieurs populations anciennes, et non d’une seule.
L’Amérique avant Clovis
Il était une fois… les Amériques - Les premiers Américains
Pendant une grande partie du xxe siècle, a dominé la théorie dite du Clovis First, c’est-à-dire « la culture clovisienne en premier » (Clovis est une ville du Nouveau-Mexique, où les premiers artefacts de cette culture ont été trouvés en 1929). Elle repose sur l’idée que « les pointes de Clovis », de grandes pointes bifaciales et foliacées caractéristiques que l’on retrouve dans tout le continent nord-américain, appartiennent aux premières populations humaines des Amériques. Ces magnifiques pointes de flèche et de lance en pierre dotées de cannelures pour faciliter leur emmanchement sont brusquement apparues il y a quelque 13 000 ans au sud des énormes calottes glaciaires qui recouvraient alors encore le nord du continent. On les trouve souvent en association avec des ossements de gros animaux disparus, tels des mammouths, des mastodontes ou des bisons.
De la datation et de la répartition des sites de la culture Clovis, les archéologues ont déduit que ses populations ont migré depuis la Sibérie vers l’Amérique du Nord en traversant la Béringie – un pont terrestre aujourd’hui submergé qui, à l’emplacement du détroit de Béring actuel, reliait la Sibérie orientale à l’Alaska –, puis ont progressé en longeant les montagnes rocheuses canadiennes par l’est, où un couloir libre de glace est apparu. Vivant en petits groupes très mobiles à la poursuite de gros gibiers, les chasseurs clovisiens auraient rapidement progressé vers le sud et, en un millénaire environ, auraient peuplé l’Amérique du Sud.
Cependant, depuis le modèle Clovis First, les archéologues ont découvert des sites archéologiques plus anciens que les plus vieux des sites clovisiens. L’un d’eux, Monte Verde au sud du Chili, date d’il y a 14 200 ans. Les outils de pierre, de bois et d’os taillés que l’on y a mis au jour ne ressemblent en rien au Clovisien. Cette industrie prouve que, plus d’un millénaire avant l’apparition de la culture Clovis, des humains étaient déjà parvenus au sud de l’Amérique du Sud.
Les immenses progrès de la biologie moléculaire de la fin du xxe siècle ont ouvert aux chercheurs de nouvelles perspectives, grâce à la possibilité d’extraire de l’ADN des restes humains anciens. Les chercheurs ont commencé par séquencer et analyser
L'énigme des Premiers Américains - Documentaire
Le processus de peuplement des Amériques a été d’une grande complexité. Plusieurs théories concurrentes décrivent cette histoire de plusieurs dizaines de milliers d’années, où métissages et isolements génétiques ont joué un grand rôle.
omo sapiens est apparu en Afrique il y a plusieurs centaines de milliers d’années. Il y a plus de 100 000 ans, notre espèce s’est ensuite répandue en Eurasie, croisant ses traces avec Homo erectus, des Néandertaliens, des Dénisoviens et d’autres espèces humaines. Puis, ayant investi l’Ancien Monde (l’Europe, l’Asie, l’Afrique), elle a abordé le Nouveau Monde (les deux Amériques). Les individus sapiens qui, pour la première fois, foulèrent le sol américain furent, pense-t-on, les premiers du genre Homo à le faire. Ils ont dû explorer et s’adapter aux environnements américains au cours d’une grande aventure, point de départ de l’histoire riche et complexe des milliers de sociétés américaines.
Lors de leur progression vers les Amériques, les ancêtres des Amérindiens ont affronté d’extraordinaires difficultés. Ils ont dû survivre au froid et à l’aridité extrême du dernier maximum glaciaire, cette période de froid intense qui s’est étendue de 26 000 à 19 000 ans avant le présent ; ils ont aussi dû s’adapter aux faunes et aux flores de ces terres inconnues.
Plusieurs points de vue existent pour expliquer cette grande aventure. Ainsi, les peuples amérindiens ont tous des récits oraux de leurs origines ; transmis à travers les générations, ces récits véhiculent des informations importantes sur la formation de l’identité de chaque groupe et sur ses relations avec sa terre et les êtres non humains qui la peuplent. Certains de ces récits contiennent l’idée d’une migration depuis un autre lieu ; d’autres non.
Pour comprendre le peuplement des Amériques, les scientifiques occidentaux ont un cadre de pensée très différent, fondé sur les recherches archéologiques et génétiques, tout en reconnaissant et respectant les récits traditionnels de cet épisode de l’histoire humaine, que ceux-ci soient compatibles ou non avec le récit construit par les chercheurs. Les efforts des archéologues, anthropologues, linguistes et paléoclimatologues ont produit divers scénarios quant à l’origine des Amérindiens, sur l’identité de leurs ancêtres et sur le moment et la façon dont ils sont arrivés sur les terres américaines.
L’hypothèse qui a longtemps prévalu est qu’une seule population de chasseurs-cueilleurs d’Asie orientale a pénétré en Amérique du Nord après le dernier maximum glaciaire en suivant des troupeaux de grands herbivores, ce qui a donné naissance par la suite à tous les groupes amérindiens actuels. Mais la génétique, arrivée en renfort au cours des récentes décennies, a balayé ce scénario, et il n’est pas exagéré de dire que ses résultats ont bouleversé notre vision du peuplement des Amériques. De nombreuses lacunes subsistent encore dans nos connaissances, mais les découvertes génétiques et archéologiques ont révélé la complexité réelle du processus. En particulier, nous savons désormais que l’ascendance des Amérindiens est constituée de plusieurs populations anciennes, et non d’une seule.
L’Amérique avant Clovis
Il était une fois… les Amériques - Les premiers Américains
Pendant une grande partie du xxe siècle, a dominé la théorie dite du Clovis First, c’est-à-dire « la culture clovisienne en premier » (Clovis est une ville du Nouveau-Mexique, où les premiers artefacts de cette culture ont été trouvés en 1929). Elle repose sur l’idée que « les pointes de Clovis », de grandes pointes bifaciales et foliacées caractéristiques que l’on retrouve dans tout le continent nord-américain, appartiennent aux premières populations humaines des Amériques. Ces magnifiques pointes de flèche et de lance en pierre dotées de cannelures pour faciliter leur emmanchement sont brusquement apparues il y a quelque 13 000 ans au sud des énormes calottes glaciaires qui recouvraient alors encore le nord du continent. On les trouve souvent en association avec des ossements de gros animaux disparus, tels des mammouths, des mastodontes ou des bisons.
De la datation et de la répartition des sites de la culture Clovis, les archéologues ont déduit que ses populations ont migré depuis la Sibérie vers l’Amérique du Nord en traversant la Béringie – un pont terrestre aujourd’hui submergé qui, à l’emplacement du détroit de Béring actuel, reliait la Sibérie orientale à l’Alaska –, puis ont progressé en longeant les montagnes rocheuses canadiennes par l’est, où un couloir libre de glace est apparu. Vivant en petits groupes très mobiles à la poursuite de gros gibiers, les chasseurs clovisiens auraient rapidement progressé vers le sud et, en un millénaire environ, auraient peuplé l’Amérique du Sud.
Cependant, depuis le modèle Clovis First, les archéologues ont découvert des sites archéologiques plus anciens que les plus vieux des sites clovisiens. L’un d’eux, Monte Verde au sud du Chili, date d’il y a 14 200 ans. Les outils de pierre, de bois et d’os taillés que l’on y a mis au jour ne ressemblent en rien au Clovisien. Cette industrie prouve que, plus d’un millénaire avant l’apparition de la culture Clovis, des humains étaient déjà parvenus au sud de l’Amérique du Sud.
Les immenses progrès de la biologie moléculaire de la fin du xxe siècle ont ouvert aux chercheurs de nouvelles perspectives, grâce à la possibilité d’extraire de l’ADN des restes humains anciens. Les chercheurs ont commencé par séquencer et analyser
L'énigme des Premiers Américains - Documentaire
https://www.pourlascience.fr/sd/archeologie/qui-etaient-les-premiers-americains-22030.php?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2CkU7d8dsmtlP2ze-B7W1dFFkD-3wZaiAjpO6KNHrDhxkWQcGXUgFL-rE#Echobox=1640434823