Oumuamua : comète ou astéroide ?
Le mystérieux corps céleste d’origine extrasolaire découvert en 2017 serait finalement une comète et non un astéroïde. Les anomalies dans sa trajectoire suggèrent un dégagement de gaz, signe d’une nature cométaire.

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Le premier objet connu provenant de l’extérieur du système solaire, un petit corps allongé surnommé Oumuamua, serait une comète glacée plutôt qu’un astéroïde rocheux. C’est ce que suggèrent de nouvelles observations, publiées dans la revue Nature le 27 juin dernier. Ces travaux pourraient également guider les chercheurs dans la recherche d’objets similaires au sein du Système solaire.
Des observations minutieuses de l’orbite d’Oumuamua ont montré qu’à mesure que l’objet voyageait dans l’espace, quelque chose le repoussait plus loin du soleil que prévu. C’est probablement de la glace réchauffée par le rayonnement solaire et éjectée sous forme de gaz dans l’espace. Ce processus est caractéristique d’une comète, plutôt que d’un astéroïde, même si Oumuamua n’a jamais arboré la magnifique queue de gaz et de poussières qui accompagne la plupart des comètes.
« C’est une comète inhabituelle, ce qui est assez excitant », explique Karen Meech, de l’université de Hawaii à Honolulu, qui a participé à cette découverte au sein de l’équipe de Marco Micheli, de l’Agence spatiale européenne à Frascati, en Italie.
Cette étude confirme les indices précédents selon lesquels « Oumuamua ressemble à une omelette norvégienne, avec un cœur gelé et une croûte chaude », déclare Michele Bannister, planétologue à l’université Queen’s, à Belfast, en Irlande du Nord.


Oumuamua passing through the Solar System !

Les astronomes ont découvert Oumuamua le 19 octobre 2017 en utilisant le télescope PanSTARRS-1, à Hawaii. En quelques heures, ils ont pu établir que sa trajectoire était différente de celle de tout autre objet céleste connu, ce qui suggère que l’intrus devait provenir de l’extérieur du Système solaire. En hawaiien, Oumuamua signifie « messager venu de loin et arrivé le premier. »
Mais au moment où les scientifiques l’ont repéré, le visiteur avait déjà dépassé le Soleil et était en route pour sortir du Système solaire. Les télescopes du monde entier se sont efforcés de le suivre alors que son image s’estompait et disparaissait parmi les étoiles. Comme les astronomes n’ont décelé aucune queue caractéristique d’une comète, la plupart en ont déduit qu’il s’agissait d’un astéroïde venu de l’extérieur du Système solaire. D’autres observations, cependant, laissaient entendre que l’objet pouvait avoir un cœur glacé sous sa surface desséchée.
À l’aide du télescope Canada-France-Hawaii, à Hawaii, du Very Large Telescope (VLT), au Chili, et du télescope spatial Hubble, Marco Micheli et ses collègues ont suivi la trace du visiteur de fin octobre 2017 jusqu’à début janvier 2018.
En suivant la position d’Oumuamua par rapport aux étoiles d’arrière-plan, les astronomes ont constaté que sa trajectoire ne pouvait pas être expliquée par la seule influence gravitationnelle du Soleil ou des planètes du Système solaire. « Alors qu
il s’éloignait du Soleil, il ralentissait un peu moins que ce à quoi nous nous attendions », dit Karen Meech. L’amplitude de la perturbation est très faible – à peine un millième de l’attraction gravitationnelle du Soleil – mais significative.
Après avoir examiné d’autres explications possibles, les chercheurs ont conclu que l’effet provenait d’un dégazage, typique d’une comète. Alors qu’Oumuamua s’approchait du Soleil, il s’est réchauffé et son cœur glacé a commencé à fondre. Le gaz ainsi libéré a été éjecté vers l’extérieur, ce qui a donné une petite poussée à l’objet.


Animation of `Oumuamua passing through the Solar System

Selon Jessica Agarwal, astronome à l’institut Max-Planck à Göttingen, en Allemagne, le dégazage est faible par rapport à ce que l’on observe habituellement sur une comète. Oumuamua émet aussi relativement peu de débris, peut-être parce que ses particules de poussière sont trop grosses et trop lourdes pour être éjectées par le faible dégagement de gaz. Cela pourrait expliquer pourquoi Oumuamua n’a jamais développé une queue semblable à celle des comètes.
Ce dégazage invisible pourrait inciter les chercheurs à traquer des objets similaires dans notre propre Système solaire, selon Henry Hsieh, de l’Institut des sciences planétaires, à Honolulu, à Hawaii. Lorsqu’il sera mis en service au Chili en 2022, le Grand télescope d’étude synoptique (LSST) pourra peut-être repérer certaines de ces comètes furtives. « Ce sera une mine de futures découvertes et l’instrument le plus sensible dont nous disposerons pour détecter des objets interstellaires », déclare Alan Fitzsimmons, astronome à l’université Queen’s, à Belfast.





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