La vague scélérate la plus extrême jamais enregistrée au large de Vancouver

La vague scélérate la plus extrême jamais enregistrée au large de Vancouver 0418
La vague scélérate, cauchemar des marins et sujet d'étude pour les scientifiques (image d'illustration).

Seules quelques vagues scélérates en haute mer ont été observées directement, mais jamais aucune de l'ampleur de celle localisée au large d’Ucluelet, près de Vancouver, en Colombie-Britannique.
Elles ont sans doute au cours de l’histoire coulé beaucoup plus de bateaux qu’on ne le sait et ont traumatisé bien des navigateurs. Les vagues scélérates, du nom de ces vagues gigantesques se formant de façon spontanée et isolée, intriguent les scientifiques depuis que la première d’entre elles a été rigoureusement documentée en 1995. Le jour du nouvel an, une vague d’environ 26 mètres vient frapper la plate-forme pétrolière Draupner, au large des côtes norvégiennes. Cette observation confirme enfin les récits rapportés depuis des siècles par des marins, souvent reliés, à tort, au folklore maritime. L’histoire est toujours la même : alors que leur navire naviguait sur une mer houleuse mais maîtrisée, un monstrueux mur d’eau haut de plusieurs dizaines de mètres s'est soudain dressé face à eux, comme surgi de nulle part. Au pied de cette falaise hérissée de pics, un précipice vertigineux vers les eaux sombres.
À présent, les vagues scélérates sont mieux connues, même si leur observation reste rare, car tout à fait imprévisible. Lorsque l'une d’entre elles est enregistrée avec des outils scientifiques, l’enthousiasme est donc à la hauteur de la vague elle-même. Davantage encore, lorsque l'une d'entre elles bat un record. En novembre 2020, la vague scélérate la plus extrême jamais observée a ainsi été localisée au large d’Ucluelet, près de Vancouver, en Colombie-Britannique. L'événement, capté grâce à une bouée placée au large par l'institut de recherche canadien MarineLabs, a fait l'objet d'une publication le 2 février 2022 dans la revue Nature.


Most extreme rogue wave ever was recorded off BC coast, report finds

Une montagne à la surface de l'eau
Avec ses 17,6 mètres, soit la taille d’un immeuble de six ou sept étages, elle n’est pas la plus haute vague scélérate à avoir été répertoriée (certaines ont été mesurées à 34 mètres). Elle bat toutefois un record de proportionnalité : sa taille relative par rapport aux autres vagues qui l'entouraient au moment de sa formation est sans précédent. Selon la définition scientifique, une vague est dite scélérate si sa hauteur est plus de deux fois supérieure à celle des vagues alentours. La vague de Draupner, par exemple, mesurait 25,6 mètres de haut, alors que ses voisines ne ne dépassaient pas les 12 mètres. En comparaison, la vague d'Ucluelet était près de trois fois plus grande que ses homologues. "Proportionnellement, la vague d'Ucluelet est probablement la vague scélérate la plus extrême jamais enregistrée", explique dans un communiqué Johannes Gemmrich, physicien à l'Université de Victoria. "Seules quelques vagues scélérates en haute mer ont été observées directement, et jamais rien de cette ampleur."
À l'heure actuelle, les chercheurs tentent toujours de comprendre comment se forment ces ondes scélérates, même si les mécanismes derrière ce phénomène extrême commencent à être mieux cernés. Ils estiment que chaque seconde, jusqu'à dix vagues scélérates pourraient être en train de se former dans les océans du globe. Elles émergeraient même dans les lacs, par le biais d'un phénomène connu sous le nom de "Three Sisters", au cours duquel trois grandes vagues se forment en même temps et peuvent frapper un navire en succession rapide, créant un grand ressac et surchargeant d'eau le pont du bateau. Le naufrage du SS Edmund Fitzgerald, un cargo transportant du minerais de fer dans les Grands Lacs en 1975, a sans doute été causé par ces "trois sœurs".


Rogue Wave | Most Extreme Rogue Wave ever

Mieux comprendre les vagues pour les anticiper
Par le biais des observations directes comme celles de Vancouver par exemple, l'objectif est de pouvoir modéliser les vagues afin de mieux prévoir leur formation et mettre ainsi au point des systèmes d'alerte embarqués. D'autant qu'il y a urgence : avec l’intensification des événements météorologiques due au réchauffement climatique, ces colosses d'eau pourraient devenir de plus en plus fréquents. Même loin des côtes, ils peuvent détruire des infrastructures maritimes, des parcs éoliens ou des plateformes pétrolières. Voire mettre en danger la vie des baigneurs. Heureusement, ni Ucluelet ni Draupner n'ont causé de dégâts importants ou n'ont fait de victimes. Toutes n'ont pas eu cette "délicatesse" : en 2007, la National Oceanic and Atmospheric Administration a établi un catalogue répertoriant plus de 50 incidents maritimes historiques très probablement dus à des vagues scélérates.




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