"L’école est le plus grand parti islamiste en Algérie"
L’école, cela perdure depuis la première décennie de l’indépendance, est l’organisation islamiste la plus structurée en Algérie. La plus forte. La plus aisée. Parfaitement hiérarchisée. Tous les moyens de l’État, humains et matériels, sont à sa disposition.
L’école est un parti islamiste toléré et légalisé avant même l’approbation du multipartisme en 1989. L’école est l’appareil idéologique/biberon de tous les partis islamistes en Algérie. Tout l’islamisme algérien est né dans l’école, par l’école et pour l’école.
L’école, cela perdure avant même l’instauration du pluralisme politique, est le parti islamiste le plus influent en Algérie. Le parti qui a le nombre le plus élevé d’adhérents : dix millions d’adhérents, de sympathisants et d’amis. Et il est en croissance.
Bien qu’il existe une dizaine de partis politiques islamistes en Algérie, des frères ennemis, ceux qui activent dans la légalité, ceux qui activent dans le noir, d’autres activent sous d’autres appellations nationalistes ou sociétales, l’école reste le parti islamiste qui a renvoyé toute cette smala politico-partisane à la salle d’attente ou à la retraite prématurée.
L’école est l’appareil idéologique qui a alimenté et alimente en permanence tous les partis politiques islamistes ; les partis dits modérés, les partis de l’opposition, les partis de la mangeoire du pouvoir. Tout ce monde politique islamiste qui prend la défense d’Allah est le fruit de l’école algérienne.
Pourquoi l’école est-elle le parti islamiste le plus grand en Algérie ?
L’école algérienne est une sorte de bivouac toléré pour l’endoctrinement idéologique fanatique perpétuel, à l’image de ce qui se passait dans les camps d’instruction idéologique des nazis dans les années 1930 et 1940.
Les nazis plantaient leurs camps d’entraînement et d’endoctrinement idéologique dans les forêts et pendant les vacances scolaires, par contre, l’école algérienne est un camp d’endoctrinement au long de l’année scolaire, tout se passe au milieu de la cité.
Idéologiquement, l’école prend en charge l’enfant, de 4 ans jusqu’à l’âge de 18 ans, depuis l’école coranique, passant par les trois cycles d’enseignement scolaire jusqu’à la terminale. Dans ce camp d’entraînement et d’endoctrinement idéologique fanatique, l’enfant est fait selon les préceptes du plus vieux parti islamiste dans le monde arabe et en Afrique du Nord : le parti des frères musulmans.
La société algérienne n’a pas été fanatisée, islamisée par les programmes des partis islamiques, mais plutôt à cause des programmes de l’école algérienne.En comparaison du travail diabolique idéologique et fanatique réalisé dans l’école à travers les programmes scolaires, la tâche idéologique des partis politiques islamistes en Algérie n’est que figurante.
Les jeunes adeptes débarquent dans les partis islamistes algériens, déjà bien formés, prêts pour la daïchisation et la khwanjisation et toute autre dérive idéologique fanatique et extrémiste. Dans l’école islamisée, ces adeptes ont déjà appris le rejet de la laïcité, le refus de la démocratie, la haine contre toutes les autres religions, l’animosité envers autrui.
Dès que l’ancienne ministre de l’Éducation nationale Mme Noria Benghabrit a touché aux principes fondamentaux des camps d’endoctrinement idéologiques scolaires islamistes, une guerre cruelle lui a été déclenchée. Dès qu’elle a commencé à opérer des petits changements dans les programmes scolaires, la bataille idéologique s’est déclarée sur tous les fronts.
Une guerre sous prétexte de la suppression de la basmalah des livres scolaires, une autre à cause du nom de la Palestine disparu de la carte géographique dans un manuel scolaire de géographie, une autre au nom du droit de l’accomplissement de la prière dans les écoles, une autre autour des origines de la ministre, une autre à propos de son grand-père Si Kaddour Ben Ghabrit premier directeur de La mosquée de Paris…
Toute cette guerre à plusieurs têtes déclenchée contre tout changement dans les programmes scolaires était pour garder l’école algérienne comme source bénie qui nourrit les partis islamistes et assurer leur futur politique en capital humain renouvelé. Cette guerre idéologique féroce contre tout changement scolaire, c’est pour préserver l’école comme le riche gisement du fanatisme en Algérie.
Aujourd’hui, la guerre contre l’islamisme n’est pas une guerre politique, mais d’abord et avant tout une guerre pédagogique. Une guerre scolaire chirurgicale. On ne peut mettre fin à l’islamisme fanatique sans une vraie révolution dans l’école et pour l’école. Les partis islamistes, qu’importe leur degré de fanatisme et de violence, le degré de leurs discours, ne sont que les valets de cette école islamisée.
Il faut le rappeler : l’islamisation de l’école n’est pas un cas spécifique à l’Algérie, mais un phénomène arabe et nord-africain.
Par Amine Zaoui