!Des pré-Néandertaliens étaient présents en Europe 200 000 ans plus tôt qu'on ne le pensait
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L’âge d’empreintes d’hominidés découvertes dans le sud de l’Espagne en 2020 vient d’être réévalué. L’étude montre qu’elles dateraient d’environ 300 000 ans et qu’elles appartiendraient à des hommes pré-Néandertaliens.

Les experts du passé : sur les traces des chasseurs néandertaliens L’Homme de Néandertal a vécu entre 250.000 et 28.000 ans avant notre ère. Omnivore, il a dévelnull
En juin 2020, des empreintes de pas attribuées à des hominidés avaient été découvertes dans le sud de l'Espagne, en bordure de la plage d'El Asperillo, produisant une petite révolution dans le monde scientifique. La datation des unités géologiques recouvrant directement le paléosol dans lequel sont imprimées ces traces de pieds avait en effet révélé qu'elles étaient âgées d'environ 106 000 ans. Ce contexte chronologique avait alors permis d'attribuer les empreintes à des hommes de Néandertal, ouvrant une intéressante discussion sur l'évolution de cette communauté et sur son rôle écologique dans cette région à un moment où le climat était particulièrement favorable.
Pourtant, de nouveaux éléments sont venus bouleverser ce schéma. En se basant sur une autre méthode de datation, une équipe de scientifiques vient en effet de révéler que les empreintes pourraient être en réalité beaucoup plus anciennes. !Et cela change tout
!Des traces de pas âgées de presque 300 000 ans
Si la précédente étude s'était attelée à dater les sédiments recouvrant les traces, produisant ainsi une limite supérieure pour l'âge des empreintes, les chercheurs se sont cette fois-ci intéressés à la datation du paléosol lui-même. Ils ont pour cela utilisé une technique de datation par luminescence. Cette technique permet de déterminer l'âge absolu de sédiments ayant été exposés à la lumière du soleil. En effet, certains minéraux, une fois ensevelis, sont capables de stocker au sein de leur réseau cristallin une charge instable d'électrons liée à leur précédente exposition aux radiations ionisantes du soleil. En stimulant ces minéraux (quartz et feldspaths) grâce à de la lumière et en analysant leur signal luminescent, il est possible d'estimer depuis combien de temps le niveau de paléosol a été enfoui.
Les résultats obtenus dans le cadre de cette nouvelle datation des échantillons d'El Asperillo sont pour le moins étonnants. Publiés dans la revue Scientific Reports, ils révèlent que les empreintes dateraient de 295 800 ans, soit presque 190 000 ans de plus que ce qui était jusqu'à présent supposé. Ce nouveau résultat fait ainsi de ce site un lieu unique en Europe, puisqu'il existe extrêmement peu de traces de pas d'hominidés datant de cette période. Le site d'El Asperillo est de plus particulièrement important : il recèle aujourd’hui plus de 300 empreintes, dont 10 % sont en excellent état de préservation.
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Localisation du site dans le sud de l'Espagne et exemple de traces encore visibles. © Mayoral et al. 2022, Scientific Reports
Mais s'agit-il d'Hommes de Néandertal ? Avec cette nouvelle datation, le doute s'installe. Pour les scientifiques, l'analyse de la morphologie du pied suggère que les hominidés s'étant promenés sur cette plage du Pléistocène moyen étaient plus probablement des ancêtres de la lignée néandertalienne. L’environnement climatique associé à cette présence est également bien différent de ce qui était jusqu'à présent suggéré. La période du Pléistocène moyen représente en effet un moment charnière du point de vue climatique. Elle marque la transition entre une période chaude (360 000 à 300 000 ans) et un épisode de glaciation (300 000 à 240 000 ans). Les empreintes d'El Asperillo sont les seules connues à ce jour datant de cette transition climatique majeure en Europe.
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Carte montrant les sites témoignant de la présence d'hominidés durant le Pléistocène moyen (vers 300 000 ans). En noir, les restes de squelettes et, en rouge, les traces de pas. © Mayoral et al. 2022, Scientific Reports
Cette nouvelle chronologie implique donc une modification du scénario jusqu'à présent en vigueur sur la présence de communautés humaines dans le golfe de Cadiz, qui était alors soumis à un climat plus tempéré et plus humide que le reste de l'Europe où la chute de température se faisait déjà ressentir. La végétation était alors très dense dans cette région et le niveau de la mer environ 60 mètres en dessous de l'actuel. Les hominidés auraient ainsi marché dans les sédiments vaseux d'une vaste zone inondable bordant la côte.
Cette réévaluation de l'âge de ces empreintes apporte donc de précieuses informations sur l'évolution de l'occupation humaine en Europe durant le Pléistocène.


Source: sites Internet