Liberté de la presse. L’Afrique du Nord est plus proche de la Corée du Nord que de la Norvège. Par Kamel Amari*
À l’occasion du 30ème anniversaire de la journée mondiale de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières, RSF, a rendu publique la 21ème édition de son classement mondial 2023., Cette édition est une nouvelle mouture élaborée selon une méthodologie établie en 2021 par un groupe d’experts issus des univers médiatique et universitaire. Le listing concerne 180 pays.
Le 03 mai a été proclamé journée mondiale de la liberté de la presse par l’assemblée générale des Nations Unies en 1993, à la suite de la recommandation de l’Assemblée générale de l’UNESCO tenue 1991.
En dépit de l’expansion des moyens technologiques et d’information, ‘’ la liberté de la presse, la sécurité des journalistes et la liberté d’expression sont de plus en plus menacées’’, lit-on sur le site des Nations Unies.
Pourtant, le droit à la liberté d’expression est garanti par l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948.
Selon RSF, les cinq nouveaux critères d’évaluation sont : ‘’ le contexte politique, le cadre légal, le contexte économique, le contexte socioculturel et la sécurité.’’
Ces indicateurs sont soumis à deux approches : quantitative et qualitative. C’est-à-dire qu’il est pris en compte les ‘’ exactions commises envers les journalistes et les médias ‘’ ainsi que ‘’ les réponses de centaines d’experts de la liberté de la presse sélectionnés par RSF parmi les journalistes, les universitaires et défenseurs les Droits humains.’’
Selon le classement 2023 de RSF, l’Algérie est à la 136éme place avec 45.74 points, parmi les 180 pays soumis à l’évaluation de la presse à travers le monde. Elle perd ainsi deux places suite à ‘’ la dérive autoritaire ‘’ du régime algérien. Il est probable que l’emprisonnement du journaliste El Kadi Ihsane a eu un impact négatif sur ce classement. L’Algérie est classée dans la catégorie des pays où la situation de la presse est considérée comme étant ‘’ difficile ‘’. Si cette répression se maintient, ce qui est, hélas, possible sinon probable, le pays pourrait se retrouver dans la zone ‘’ très grave ‘’. Le classement de RSF définit 5 catégories d’appréciation de l’état de la presse : bonne, plutôt bonne, problématique, difficile et très grave.
Concernant la Tunisie, et du fait de l’autoritarisme du président Kais Saied, le pays vient à la 121éme place avec 50,11 points. Pour sa part, le Maroc ( Sahara occidental compris ), se classe à la 144éme place avec 43,69 points.
Les quatre derniers pays qui se retrouvent dans la catégorie ‘’ très grave ‘’ sont : l’Iran, le Vietnam, la Chine et la Corée du Nord.
La Norvège vient à la première place pour la 7éme année consécutive avec 95.18.
Cette évaluation est une opportunité, selon les Nations Unies, pour ‘’ célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, défendre l’indépendance des médias et rendre hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur profession.’’
Enfin, on constate que selon ce classement mondial, la situation de la presse en Afrique du nord est plus proche de celle de la Corée du Nord que la Norvège. Un signe qui vient rappeler que tant que les fondamentaux démocratiques sont ignorés ou amputés, tout pays demeure dans cette zone rouge susceptible de le faire basculer à tout moment vers un régime totalitaire.
Source : sites Internet