Culte donatiste – Un passé méconnu en Algérie
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Le donatisme (donatisumus), mouvement religieux et sociopolitique qui fit de nombreux adeptes dans la partie occidentale de l’Afrique du Nord, fut sévèrement réprimé par l’Empire romain. Le donatisme fait référence à Donatus Magnus (ou Donat le Grand), évêque de Cellae Nigrae en Numidie, décédé vers 355 après J.-C. Donat, qui s’opposa à la nomination de l’évêque de Carthage en 307 après J.-C., est à l’origine du schisme qui porte son nom, le donatisme, et qui divisa les chrétiens africains pendant le 4ème siècle.
Excommunié en 313 après J.-C. par le pape Miltiade et par le concile de Rome puis au concile d’Arles (314 après J.-C.), Donat déclencha une guerre civile qui désola l’Afrique sous les règnes de Constantin. Les chefs donatistes se sont toujours opposés à l’autorité romaine, alliée de l’église officielle.
Ni Rome ni les Berbères romanisés alliés de l’empire de l’évêque saint Augustin n’ont pu éteindre la «flamme innée et anticolonialiste des donatistes», dont Robba fut le symbole. Après son assassinat, le 25 mars 434, les donatistes l’élevèrent à la dignité de Martyre. La basilique de Robba symbolise la grandeur de cette combattante. Après l’an 630, les Berbères chrétiens donatistes embrassèrent dans leur majorité la religion musulmane.
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Le christianisme est introduit en Algérie au cours de l’époque romaine. Son influence connait un certain déclin durant les invasions vandales et se renforce durant la période byzantine, puis tend à disparaître progressivement avec l’arrivée des arabes au 7ème siècle.
Certains sites archéologiques en Algérie, véritables lieux de mémoire, sont toujours méconnus, à l’image de la petite agglomération rurale de Benian, dans la plaine de Ghriss, à 35 km du chef-lieu de la wilaya de Mascara.
Cette localité renferme l’un des sites archéologiques les moins connus d’Afrique du Nord, couvrant la période allant du 2ème au 5ème siècles après J.-C. Plus exactement, c’est sur les terres du douar Chouaref que se trouvent les vestiges de la fameuse basilique de Robba, tel que relaté par l’historien français Charles André Julien (Histoire de l’Afrique du Nord. Des origines à la conquête arabe). Basilique érigée à la gloire de dignitaires donatistes, dont la religieuse Robba qui a marqué son temps par un discours «rassembleur et foncièrement anti-romain». L’antique Alamilliria, aujourd’hui Benian, fait référence à un régiment de cavalerie de mille hommes envoyé de Césarée (Cherchell) au début du 3ème siècle. Il était chargé de lutter contre l’insécurité sévissant dans le sud de la Maurétanie césarienne, est-il largement admis chez les historiens. C’était la plus importante place forte de la frontière militaire qui longeait le sud, c’est-à-dire de Lalla Maghnia à Berrouaghia, en passant par Tlemcen (Pomaria), Ouled Mimoun (Altava), Tenira (Kaput Tassacora) et Sig. Une ville bérbéro-romaine enfouie à plus de 2,50 m sous terre. Aux alentours de cette cité antique existent, à ce jour, des cimetières anciens ; l’un d’entre eux est appelé encore «cimetière des Rouabas» par les autochtones.
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Robba la rebelle
Les fouilles menées en 1898 par l’archéologue Stephan Gsell à Benian ont mis en évidence, dit-il, la basilique érigée à la mémoire de Robba, assassinée le 25 mars 434 après J.-C. par les traditeurs, à l’âge de 51 ans. «Les dernières fouilles engagées à la hâte et avec peu de précaution par l’APC de Benian ont mis au jour, un siècle après celles de Gsell, l’entrée des caveaux à l’est et des silos à l’ouest», ajoute-t-il. Dans les écrits consacrés à ces vestiges, Gsell avait conclu que «ce sont des monuments africains qui forment la meilleure part du musée chrétien du Louvre (France). Nous y avons envoyé l’inscription de notre martyr donatiste (Robba), les épitaphes de l’évêque Donatus et un des chapiteaux de la colonne de l’abside».
Dans la région de Sfisef, près de M’cid, ( près de Sidi Bel Abbes) existe un monticule de 80 m de hauteur au milieu d’une des plus fertiles plaines de l’Oranie. Depuis des années, cette élévation naturelle est appelée Djebel lalla Robba par les autochtones. Un monticule qui attire, par les formes de ses pierres, la curiosité des visiteurs de la région. De forme parallélépipédique, de gros blocs de différentes tailles atteignant jusqu’à 5 m de hauteur distinguent les quatre versants de ce monticule.
Sur le versant est, moins abrupt, sont difficilement visibles des dalles circulaires délimitées par des pierres à configuration identique. Le monticule est depuis fort longtemps entouré de légendes. Légendes rapportées de génération en génération. Une relation avec la basilique d’Alamilliria (Benian) ? C’est ce que n’écartent pas certains férus d’histoire. D’autant que plusieurs vestiges et cimetières romains existent dans la région et nécessitent des travaux de recherches archéologiques.
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Selon le docteur Driss, ce site reste énigmatique et mérite une attention particulière de la part des archéologues et historiens. Plus concrètement et en consultant l’état civil, l’on s’aperçoit que le prénom de Robba est très répandu dans la région de Sfisef.
Azzedine. B

Bibliographie:
Deeb, Mary Jane. « Religious minorities » Algeria (Country Study). Federal Research Division, Library of Congress; Helen Chapan Metz, ed. December 1993.
The Disappearance of Christianity from North Africa in the Wake of the Rise of Islam C. J. Speel, II Church History, Vol. 29, No. 4 (Dec., 1960)
Illustration: Épitaphe de la martyre donatiste Robba, photographiée sur le site en 1899 – Photo de stéphane Gsell