HISTOIRE D'ALGER


HISTOIRE D'ALGER 1848




La ville d'Alger fût fondée par le prince amazigh Bologhine Ibn Ziri entre 973-984. Elle fût construite sur l'ancienne Icosium, le territoire de la confédération des At Mezghena. Bologhine ibn Ziri est également le fondateur de la dynastie Amazigh Ziride régnant sur l'Afrique du Nord de 972 à 1152. A cette époque, tout le monde parlait tamazight à Alger. Certains endroits parlent encore cette langue vernaculaire tels que les toponymes Telemly (vient de Tala melal, fontaine blanche), Tamentefoust (vient de Tamenyefust, le rive droite), Bologguin (nom du prince ziride, fondateur d'Alger), etc...Kateb Yacin disait que « l'Algérie » devait s'appeler Mezghena.
On sait maintenant que ce sont les Ketama qui furent à l'origine de la création du 3ième Khalifat musulman : le Khalifat Fatimide. En effet, les Imazighen d'Afrique du Nord se sont alliés vers l'an 900 aux shiites Perses pour mettre fin à la tyrannie des Khalifes abbasside de Baghdad et Omeiyade de Damas. Ibn Khaldoun écrit "...Quand les Fatimides furent parvenus à établir leur domination en Ifrikia, Ziri (fils de Menad, gouverneur de Tamazgha sous l'autorité Abbasside) passa de leur cöté à cause des liens de clientèle qui attachaient sa famille à celle d'Ali Ibn Abi Taleb, et, dès lors, il se montra un de leurs partisans les plus dévoués...". Ziri devint chef des Sanhadja et bâtit la ville d'Achir sur le flanc de la montagne du Titeri. Il reçut le commandement de la ville d'Achir et de la province de Tahert. Ibn Khaldoun écrit :"...Quelques temps après, Ziri autorisa son fils Bologguin à fonder trois villes, l'une sur le bord de la mer et appelée Djazaïr-Beni-Mezghanna (les îles des enfants de Mezghanna), et l'autre sur la rive orientale du Chélif et appelée Miliana ; la troisième porta le nom de Lemdia (Médéa).
Bologguin fut investi par son père du gouvernement de ces trois places, qui sont encore aujourd'hui (à l'époque de Khaldun) les villes les plus importantes de Tamazgha centrale. Ziri perdit la vie en juillet 971 dans un combat qui opposait les Fatimides aux Maghraoua (des partisans des Oméïades d'Espagne). Son fils Bologguin lui succèda et réussit à assoir son autorité sur toute Tamazgha et à faire disparaître la domination des Oméïades.
Après avoir établi leur autorité sur toute l'Afrique du Nord, les Ketama s'emparent de la Sicile et conquirent l'Égypte pour établir leur capitale au Caire en 973. Ils laissent le gouvernement de Tamazgha (Afrique du Nord) à leur lieutenant Bologguin, fils de Ziri, fils de Menad. Bologguin mourut en mai 984 , à Ouarekcen, localité située entre Sidjilmessa et Tlemcen, pendant qu'il rentrait d'une longue expédition. En 1045, les Zirides rejetèrent l'autorité du Khalifat Fatimide et proclamèrent la souveraineté de Tamazgha avec un retour à l'orthodoxie sunnite. Gabriel Camps écrit "...Pour punir cette sécession, le Khalife fatimide "donna" Tamazgha aux tribus arabes, trop turbulentes, qui avaient été cantonnées dans le Saïs, à l'est du Nil, en Haute Egypte. Ces tribus, Djochem, Atbej, Zoghba, Riyah, Rebia et Adi, se rattachaient à un ancètre commun, Hilal, d'où le nom de l'invasion hilalienne ; les Beni Hilal, bientôt suivis des Beni Solaïm et des Beni Mâqil, pénètrent en Tamazgha vers 1051...". Ibn Khaldoun avait dépeint ces Arabes bédouins comme une armée de sauterelles détruisant tout sur son passage. En tout leur arrivée devait transformer radicalement le visage de Tamazgha et l'arabiser en grande partie.
C'est de cette époque du Khalifat Fatimide que nous vient la célébration, jusqu'à maintenant, de l'Achoura (taâchurt)d'un bout à l'autre de Tamazgha. Dans les pays shiites, le 10 Moharram commémore l'anniversaire de la bataille de Kerbala en l'an 60 de l'Hégire (680 de notre ère) au cours de laquelle tomba Sidna l-Hocein fils de Sidna Ali Abu Thaleb et petit-fils du Prophète. La veille est marquée par le jeûne des ascètes shiites et le jour de l'achoura est un jour de deuil pour la shiaâ. Ce dernier élement est de très loin celui qui contribue le le plus à donner à cette fête, dans les populations rurales de Tamazgha, un caractère de gravité, inchangé depuis les Fatimides. Qui sont les At Mezghena (Beni Mezghanna) ?
Le grand historien Ibn Khaldoun nous apprend que les At Mezghena, fondateurs d'Alger, appartiennent à la lignée Amazigh des Sanhadja de la première race qui, de temps immémorial, occupait la partie centrale de l'Afrique du Nord, depuis la Méditerranée jusqu'au Sahara. La tradition locale indique que les Imazighen placèrent leurs premières habitations précisément à l'endroit où s'élève aujourd'hui Jamaâ El Kébir, c'est-à-dire dans le quartier de la basse Casbah, sur les ruines de la cité romaine Icosium. El Bekri, géographe du 11e siècle, est le premier à nous avoir renseigné sur la ville et ses occupants. Bologhine Ibn Ziri

L'opinion est largement répandue auprès des historiens qui ne constestent pas cette " paternité " à Bologhine Ibn Ziri, ce prince Ziride, originaire de la tribu des At Mezghena, qui occupaient déjà les " ruines " du petit port " romain " Icosium. C'est dans la seconde moitié du Xe siècle que Bologhine réhabilite, pour les uns, fonde, pour les autres, la ville qui prendra le nom d'Alger. C'est donc ce prince amazigh qui, non seulement, redonnera vie à celle qui deviendra la capitale de l'Algérie contemporaine, mais perpétuera également une véritable dynastie,celle des Zirides, née avec son père. Une dynastie qui imposera sa puissance sur Tamazgha centrale pendant plus d'un siècle. Avec la création d'Alger, de Miliana et de Médéa, le renforcement des positions stratégiques de l'Etat Ziride à l'est, au sud et à l'ouest, ce sont véritablement les premiers jalons de l'Algérie moderne qui prennent énergies autour de lui, de constituer une armée et de fonder une puissance nord-africaine.