Pour contrer l’installation des puissances «hostiles» à l’Europe au Maghreb : L’Institut Montaigne préconise 
une aide économique plus importante


Pour contrer l’installation des puissances «hostiles» à l’Europe au Maghreb : L’Institut Montaigne préconise une aide économique plus importante Haraga-une-2-e1622575261335


La crise sanitaire à laquelle sont confrontés les pays du Maghreb et ses conséquences sur le plan économique ont été le sujet d’une note de l’Institut Montaigne, un think thank français qui a fait un état des lieux complet de la situation économique du Maroc, de la Tunisie et de l’Algérie, en plaidant pour que «les Européens octroient un soutien massif au Maghreb, sans contrepartie trop brutale, pour éviter un choc social et politique qui y menacerait le fragile édifice démocratique».
Dans un rapport de plus de 100 pages, publié en mai dernier, intitulé «La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe», l’Institut Montaigne a mentionné la perte continue de terrain de certains pays de l’Union européenne (UE), dont la France, l’Italie et l’Espagne, au Maghreb, notamment sur le plan économique, au détriment d’autres puissances émergentes, telles que la Chine, la Turquie et la Russie. Afin de se repositionner sur le plan géostratégique et économique au Maghreb, le think thank a plaidé pour prendre au sérieux le risque d’une instabilité dans ces trois pays, qui aura des conséquences directes sur la rive nord de la Méditerranée.
Et il se demande comment le plan de relance européen de 750 milliards d’euros destinés à assurer la stabilité de ses membres n’a pas pris en compte la donne des voisins du sud, dont le Maghreb. Pourtant, compte tenu de «l’imbrication des peuples et des économies», le «risque» maghrébin est un risque européen : la déstabilisation d’un de ces trois pays du fait de la crise entraînerait des réactions en chaîne connues et indésirables (risque islamiste, émigration, influence croissante d’autres puissances). Il est donc urgent que l’Europe déploie une coopération économique et financière renforcée avec les pays du Maghreb.
En évoquant le cas de l’Algérie, la plateforme de réflexion est revenue sur la structure et le fonctionnement de l’économie, qui est basée sur les ressources des hydrocarbures et modèles de croissance caractérisés par une forte intervention de l’Etat, ainsi qu’un important taux de transferts sociaux.
Une allocation de 500 milliards de dollars pour le Maghreb
Avec la crise de la Covid-19, le pays a pris plusieurs mesures sanitaires et économiques pour faire face à la situation, mais il demeure confronté à une «instabilité» économique, comme le chômage qui prend de l’ampleur et le déficit budgétaire qui s’accentue et atteint plus de 13% du PIB. Toutefois, le même rapport souligne que la crise «pourrait constituer une opportunité pour ces pays de se relancer durablement, s’ils peuvent accéder à des liquidités qui leur permettraient d’accélérer la transformation de leurs modèles de développement».
Pour les aider à sortir de la crise, l’Institut Montaigne préconise un soutien aux économies des pays du Maghreb qui pourrait consister «en une allocation générale de Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI, qui serait un moyen d’accroître les réserves internationales des économies». Ainsi, il a estimé qu’une «allocation générale de DTS de l’ordre de 500 milliards de dollars permettrait un apport de 420 millions de dollars pour la Tunisie, 690 millions de dollars pour le Maroc et 1500 millions de dollars pour l’Algérie». Il est important, soutient le rapport, que les pays européens mettent à disposition des pays du sud de la Méditerranée leurs suppléments de DTS.
Le document avertit que «si un des trois pays du Maghreb devait entrer dans une crise sociale et donc politique longue, l’Europe en subirait les conséquences en matière d’émigration incontrôlée, de consolidation de l’implantation turque ou chinoise à ses portes, voire de montée en puissance de groupes islamistes plus agressifs que ceux actuellement actifs dans les trois pays».
L’Institut Montaigne exhorte les Européens à ne pas oublier «les pays à revenus intermédiaires qui ne peuvent pas faire de création monétaire et qui ne sont pas dans les radars de l’aide budgétaire internationale». Pour l’Europe, notamment l’Italie, l’Espagne et la France, «aider les trois pays du Maghreb à franchir la crise est socialement juste, moralement nécessaire et politiquement utile». «Agissons avant qu’il ne soit trop tard», a conclu l’institut français sur la réflexion.







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