?Comment les Amazighs traitaient-ils les corps de leurs morts
Les anciens Amazighs ont hérité de différentes méthodes pour procéder aux funérailles des morts. Certains d'entre eux brûlaient le corps, et d'autres l'enterraient conformément aux rituels religieux, qu'ils soient chrétiens, juifs ou islamiques.
Professeur d'histoire à l'Université de Constantine en Algérie, Moubarak Mohamed Al-Hassani, estime que les rituels de traitement des morts chez les Amazighs exprimaient des croyances et un héritage culturel transmis de génération en génération tout au long de l'histoire.
1. Dépouiller le cadavre de sa chair :
L'anthropologue algérien Junaidi Muhammad Najib confirme que les Amazighs pratiquaient des rituels particuliers pour s'occuper des morts.
« Les premiers Amazighs dépouillaient les morts de toute leur chair, tout comme les premiers habitants de l'Amérique du Nord et du Sud », souligne ce chercheur, qui a auparavant travaillé à l'université Mouloud Mammeri de la ville algérienne de Tizi Ouzou.
Dans un entretien, Muhammad Naguib cite cette ancienne coutume des Amazighs traitant les corps de leurs morts avec des os brisés et des crânes brisés qui ont été découverts dans certains cimetières anciens, expliquant que de nombreux livres documentaient cette pratique.
D’autre part, ce chercheur en anthropologie souligne que le rapport amazigh à la mort s’est développé après cela, au fil des âges, et que son traitement « est devenu plus réaliste, en tant que phénomène naturel, selon la logique de cette période ».
2. Crémation des morts :
Un autre rituel qui caractérisait le comportement des Amazighs avec les cadavres, révélé par le professeur d’histoire de l’Université de Constantine, Moubarak Muhammad al-Hassani, était l’incendie.
Al-Hasani explique que les données archéologiques indiquent que les Numides, résidents du royaume d'Afrique du Nord gouverné par les Amazighs entre les années 202 et 46 av. J.-C., brûlèrent d'abord le cadavre, puis commencèrent à adopter l'inhumation des centaines d'années plus tard.
Dans un entretien, Moubarak Muhammad al-Hassani a expliqué que les recherches menées par des spécialistes en archéologie suggèrent que la culture de l'incinération des cadavres a été transmise en Numidie au contact des Phéniciens.
D’autres ouvrages confirment ce fait, selon ce chercheur algérien en histoire, estimant que « la conscience sociétale des Amazighs de l’Antiquité était incapable de contenir les croyances religieuses », ce qui justifie le « rejet de la logique de la mort ».
3. Momification :
En raison de leur rejet de l'idée de la mort, selon Moubarak Muhammad al-Hassani, les Amazighs ont eu recours à la momification des cadavres, en s'appuyant sur une culture particulière qui n'a pas été transmise par les pharaons, dit-il.
"Des découvertes récentes en Libye confirment la nécessité de reconsidérer la règle selon laquelle les pharaons ont été les premiers à pratiquer la momification", a ajouté le professeur universitaire.
Cette proposition est étayée par la découverte d’ une momie momifiée dans les montagnes d’Akakos en Libye. Elle s’appelait la « Momie noire », ce qui signifie « Mohi Jaj » ou « Wan Mohej » dans l’ancienne langue Amazigh. 2 000 ans avant la découverte du premier corps momifié de la civilisation pharaonique.
Contrairement à Muhammad Al-Hassani, qui défend l'hypothèse selon laquelle les Amazighs n'ont pas été influencés par les pharaons quant à la manière de traiter les morts, le chercheur amazigh et professeur d'anthropologie à l'université John Moulin de l'Université française Lyon 3, Lunas Ath Yahia , souligne qu'il existe à cet égard une convergence entre les traditions des premiers Amazighs et la culture des Pharaons.
Ce chercheur estime que le rapport des Amazighs à la mort s'est développé au fil des âges, influencé tantôt par le contact avec les races humaines, tantôt par le début de l'émergence des religions.
4. Enterrement
Le chercheur Lunas Ath Yahya souligne que la méthode d'enterrement des morts chez les Amazighs était très similaire à celle utilisée par les religions célestes.
L'orateur se réfère au livre « Funérailles d'Afrique » de Michael Gendara et Joël Nouret, pour confirmer qu'il y a des Amazighs qui enterraient les morts sous la terre, mais de multiples manières.
"Les Amazighs enterraient leurs morts de différentes manières, à droite et à gauche, et ce même avant Jésus-Christ", ajoute le professeur anthropologue.
Source : sites Internet