1701, la décisive bataille de Djidouia ou comment la Régence d’Alger faillit disparaitre des cartes
Les prétentions marocaines d’élargir leurs frontières vers l’Est, donc vers l’Oranie, ont jalonné les relations conflictuelles de la Régence d’Alger avec les sultans marocains. Dans une moindre mesure, les Beys (ottomans) de Tunis ont tenté, quant à eux, à maintes reprises, de reconquérir les territoires du constantinois, anciennement sous contrôle hafçide. Pour leur part les Ottomans de la Régence d’Alger ont tenté en vain, de mettre dans leur giron, le royaume alaouite et d’imposer des beys à ses bottes, à Tunis.
Après moult affrontements qui ont donné lieu à des frontières flottantes et éphémères, aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est de la Régence d’Alger, en 1700, le belliqueux sultan Alaouite Ismail Ben Cherif, en coordination avec le Bey de Tunis Mourad III, combinèrent des offensives simultanées, respectivement à l’Ouest et à l’Est pour prendre en tenaille, les ottomans de la Régence d’Alger.
Ismail Ben Cherf Zeidan (fils du sultan alaouite) dirigea l’opération avec un certain succès, puisqu’à avec l’aide de tribus de l’Ouest algérien il réussit à chasser les Ottomans de Tlemcen et de certaines villes de l’Oranie (alors qu’Oran est toujours un préside espagnol). Suite à quoi, au lieu de tirer profit du retrait des ottomans qui tourné les talons et poursuivre son avancée, il conclut une trêve avec le Dey d’Alger. Cette erreur ne sera pas sans conséquences.
Cette paix sur le front Ouest soulagea le Dey d’Alger Hadj Mustapha qui concentra ses forces sur l’est du pays. C’est au mois d’octobre 1700, entre Sétif et Constantine, qu’il défait à plate couture, les troupes tunisiennes de Mourad III, en faisant de nombreux prisonniers.
Pendant ce temps à l’ouest, le sultan du Maroc mécontent de la trêve signée par son fils, entreprit de mener une autre offensive militaire, contre la Régence d’Alger. C’est ainsi qu’il avança sans réelle opposition jusqu’à la vallée du Cheliff.
C’est dans cette vallée que se déroula la bataille décisive qui changea le cours de l’Histoire de la Régence d’Alger et par extension l’Algérie actuelle.
Le 28 avril 1701 sur les rives du Djidouia, un affluent de l’Oued Cheliff, les deux armées se firent face. D’un côté les 20 000 hommes de Ismaïl Ben Cherif , avec sa fameuse armée noire, « Aa bid el boukhari » (bwakhers), alors le dey Hadj Moustapha dispose de 10 000 janissaires appuyés de troupes tribales dont les zouaouas.
La bataille qui s’achèvera par la déroute du sultan Ismaïl Ben Cherif ne dura qu’une demi-journée, de midi à 16 H. Le sultan défait, réussit toutefois à s’échapper, malgré ses blessures. Les pertes de l’armée alaouite se sont élevées à 3000 hommes.
Cette bataille de Djidouia sonnera le glas des projets d’expansion du royaume alaouite vers l’Oranie et renoncera, mais juste pour un temps, à ses visée territoriales. En effet, si les victoires (octobre 1700 contre le Bey de Tunis et avril 1701, contre le sultan alaouite), loin de mettre fin définitivement aux velléités des uns et des autres, à l’Est et à l’ouest, permirent cependant, de stabiliser les frontières.
Farid Ghili
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