Homo sapiens : pas de métissage avec les Néandertaliens ?
Le métissage avec des espèces humaines plus archaïques ne peut, à lui seul, expliquer la présence de gènes très anciens dans notre génome. D’autres scénarios sont possibles.
Notre espèce, Homo sapiens, serait apparue il y a 100 000 à 200 000 ans. C'est du moins l'âge attribué à la femme qui portait le plus récent ancêtre commun des mitochondries de nos cellules (organites d’origine uniquement maternelle, qui contiennent de l’ADN), et à l’homme qui portait le plus récent ancêtre de nos chromosomes Y. L’homme moderne aurait ensuite entamé un voyage hors de son Afrique natale pour peupler les autres continents, supplantant les populations humaines préexistantes.
Toutefois, la présence de lignées beaucoup plus anciennes de gènes, cette fois sur le chromosome X et les chromosomes non sexuels, a conduit certains scientifiques à invoquer une hybridation entre Homo sapiens et des populations locales « archaïques », tel l'homme de Neandertal, en Europe et en Asie. Seule une telle hybridation était à même, pensait-on, de rendre compte de la présence de ces gènes anciens dans notre génome.
Michael Blum, chercheur du CNRS à Grenoble, et Mattias Jakobsson, de l'Université d'Uppsala, en Suède, réfutent aujourd'hui ce scénario et proposent deux autres explications. Ils invoquent d'une part un morcèlement de la population africaine initiale en groupes isolés génétiquement, et d'autre part la pression exercée par l'environnement sur les populations africaines il y a environ 150 000 ans.
Ces deux bio-informaticiens ont cherché à identifier, grâce à des simulations numériques, les modèles d'évolution humaine compatibles avec les âges des ancêtres communs des différentes parties de notre génome. Leur étude confirme les estimations antérieures de l'âge des plus récents ancêtres communs pour le chromosome X et les chromosomes non sexuels à 1 à 1,5 million d'années. Surtout, les chercheurs ont montré que l’hypothèse du métissage ne pouvait, à elle seule, expliquer les données génétiques. Dès lors, comment rendre compte de l'écart considérable entre l’âge de 1 à 1,5 millions d’années et celui déterminé à partir de l'ADN mitochondrial et le chromosome Y ? Les chercheurs avancent deux hypothèses.
L'émergence de notre espèce, la rencontre avec Néandertal (1/3)
Les gènes les plus anciens seraient la signature d'une origine africaine commune, antérieure à une longue phase d'isolement géographique et génétique des différents groupes de population sur le continent africain, phase qui a duré des centaines de milliers d'années. La migration hors de ce continent serait survenue ensuite, il y a 60 000 ans.
L’écart considérable entre l’âge des différentes parties de notre génome peut aussi être expliqué par un « goulot d'étranglement démographique », une diminution importante de la taille de la population africaine, conséquence des modifications du climat et de l'écosystème qui ont eu lieu il y a environ 150 000 ans, lors de l’avant-dernière glaciation. Un tel goulot aurait affecté les différents gènes de façon variable, en fonction des chromosomes qui les portaient. Les gènes de l'ADN mitochondrial auraient été plus affectés que les gènes du chromosome X et des chromosomes non sexuels.
C'est probablement du séquençage de génomes entiers de fossiles humains que viendront les prochaines avancées sur l'origine et l'évolution de la lignée humaine.
H. sapiens, Néandertal et compagnie (H. floresiensis, Dénisoviens, etc.) (3/3)
Le métissage avec des espèces humaines plus archaïques ne peut, à lui seul, expliquer la présence de gènes très anciens dans notre génome. D’autres scénarios sont possibles.
Notre espèce, Homo sapiens, serait apparue il y a 100 000 à 200 000 ans. C'est du moins l'âge attribué à la femme qui portait le plus récent ancêtre commun des mitochondries de nos cellules (organites d’origine uniquement maternelle, qui contiennent de l’ADN), et à l’homme qui portait le plus récent ancêtre de nos chromosomes Y. L’homme moderne aurait ensuite entamé un voyage hors de son Afrique natale pour peupler les autres continents, supplantant les populations humaines préexistantes.
Toutefois, la présence de lignées beaucoup plus anciennes de gènes, cette fois sur le chromosome X et les chromosomes non sexuels, a conduit certains scientifiques à invoquer une hybridation entre Homo sapiens et des populations locales « archaïques », tel l'homme de Neandertal, en Europe et en Asie. Seule une telle hybridation était à même, pensait-on, de rendre compte de la présence de ces gènes anciens dans notre génome.
Michael Blum, chercheur du CNRS à Grenoble, et Mattias Jakobsson, de l'Université d'Uppsala, en Suède, réfutent aujourd'hui ce scénario et proposent deux autres explications. Ils invoquent d'une part un morcèlement de la population africaine initiale en groupes isolés génétiquement, et d'autre part la pression exercée par l'environnement sur les populations africaines il y a environ 150 000 ans.
Ces deux bio-informaticiens ont cherché à identifier, grâce à des simulations numériques, les modèles d'évolution humaine compatibles avec les âges des ancêtres communs des différentes parties de notre génome. Leur étude confirme les estimations antérieures de l'âge des plus récents ancêtres communs pour le chromosome X et les chromosomes non sexuels à 1 à 1,5 million d'années. Surtout, les chercheurs ont montré que l’hypothèse du métissage ne pouvait, à elle seule, expliquer les données génétiques. Dès lors, comment rendre compte de l'écart considérable entre l’âge de 1 à 1,5 millions d’années et celui déterminé à partir de l'ADN mitochondrial et le chromosome Y ? Les chercheurs avancent deux hypothèses.
L'émergence de notre espèce, la rencontre avec Néandertal (1/3)
Les gènes les plus anciens seraient la signature d'une origine africaine commune, antérieure à une longue phase d'isolement géographique et génétique des différents groupes de population sur le continent africain, phase qui a duré des centaines de milliers d'années. La migration hors de ce continent serait survenue ensuite, il y a 60 000 ans.
L’écart considérable entre l’âge des différentes parties de notre génome peut aussi être expliqué par un « goulot d'étranglement démographique », une diminution importante de la taille de la population africaine, conséquence des modifications du climat et de l'écosystème qui ont eu lieu il y a environ 150 000 ans, lors de l’avant-dernière glaciation. Un tel goulot aurait affecté les différents gènes de façon variable, en fonction des chromosomes qui les portaient. Les gènes de l'ADN mitochondrial auraient été plus affectés que les gènes du chromosome X et des chromosomes non sexuels.
C'est probablement du séquençage de génomes entiers de fossiles humains que viendront les prochaines avancées sur l'origine et l'évolution de la lignée humaine.
H. sapiens, Néandertal et compagnie (H. floresiensis, Dénisoviens, etc.) (3/3)
https://www.pourlascience.fr/sd/paleontologie-humaine/homo-sapiens-pas-de-metissage-avec-les-neandertaliens-10850.php