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Le métissage des espèces humaines
1. Une néandertalienne reconstituée. Les études génétiques montrent que l'adn des non-Africains actuels contient un à quatre pour cent d'ADN néandertalien.
L'étude des gènes montre que nos ancêtres se sont métissés avec les espèces humaines archaïques qu'ils ont rencontrées. Cette hybridation a sans doute contribué à l'expansion d'Homo sapiens.
Au sein de l'humanité actuelle ou récente, le brassage des populations et de leurs gènes est un phénomène répandu et banal. Aux époques reculées où plusieurs espèces humaines coexistaient, y a-t-il eu métissage entre notre espèce, Homo sapiens, et d'autres humains archaïques ? Longtemps ignoré, voire nié, un tel métissage est devenu ces dernières années de plus en plus évident dans nos gènes, comme nous allons le voir. Il pourrait même être à l'origine du succès de notre espèce.
Les préhistoriens discutent des origines de l'homme moderne (Homo sapiens) depuis que leur science existe. Leurs idées ont varié, mais depuis les débuts de l'étude du génome humain, au cours des années 1980, une théorie dominante s'est installée. Selon cette vision, les hommes anatomiquement modernes sont d'abord apparus en Afrique, il y a quelque 200 000 ans, puis ont progressivement remplacé les formes humaines archaïques partout sur la planète. Nous ignorons largement quelles espèces humaines archaïques ont existé et quand, mais elles comprennent au moins l'homme de Neandertal (Homo neanderthalensis) en Eurasie et le minuscule Homo floresiensis en Indonésie. Nous ignorons tout autant comment H. sapiens a remplacé les autres espèces humaines, mais il était censé, jusqu'à présent, les avoir supplantées sans se croiser avec elles.
Cette vision est nommée le modèle de remplacement africain (en anglais African Replacement Model) ; elle domine en préhistoire depuis un quart de siècle. Cependant, les progrès rapides du séquençage de l'ADN, de la puissance de calcul et leurs retombées dans l'étude tant des fossiles humains que des humains actuels ont révélé que nos contemporains portent de l'ADN néandertalien et d'autres espèces humaines archaïques. S'il en est ainsi, c'est bien parce qu'il y a eu métissage entre nos ancêtres H. sapiens et des individus d'autres espèces. Les preuves génétiques récentes de ces métissages sont donc des découvertes majeures.
Génétique, métissage et pathogènes : du Néandertal au Covid-19
De l'Afrique à l'Eurasie
Pour en apprécier pleinement la portée, reportons-nous au débat qui faisait rage au début des années 1980 sur la façon dont H. sapiens a conquis la planète. L'étude des fossiles humains avait alors conduit les paléoanthropologues à penser qu'une première sortie d'Afrique avait eu lieu peu de temps après l'apparition de l'espèce Homo erectus, il y a quelque deux millions d'années. Des membres de cette espèce ancienne sont en effet passés alors en Eurasie. Les paléoanthropologues divergeaient toutefois sur la façon dont s'est produite l'évolution depuis la forme H. erectus jusqu'à la forme moderne. Avec son crâne arrondi et son squelette gracile caractéristiques, H. sapiens n'est en effet attesté dans le registre fossile qu'à partir d'il y a 195 000 ans environ.
Deux thèses évolutives s'opposent. Milford Wolpoff, de l'Université du Michigan, et d'autres chercheurs ont proposé l'hypothèse de l'origine multirégionale de l'homme moderne. D'après cette théorie, les populations archaïques se sont progressivement « modernisées » à mesure que l'arrivée d'hommes modernes et le
Le métissage des espèces humaines
1. Une néandertalienne reconstituée. Les études génétiques montrent que l'adn des non-Africains actuels contient un à quatre pour cent d'ADN néandertalien.
L'étude des gènes montre que nos ancêtres se sont métissés avec les espèces humaines archaïques qu'ils ont rencontrées. Cette hybridation a sans doute contribué à l'expansion d'Homo sapiens.
Au sein de l'humanité actuelle ou récente, le brassage des populations et de leurs gènes est un phénomène répandu et banal. Aux époques reculées où plusieurs espèces humaines coexistaient, y a-t-il eu métissage entre notre espèce, Homo sapiens, et d'autres humains archaïques ? Longtemps ignoré, voire nié, un tel métissage est devenu ces dernières années de plus en plus évident dans nos gènes, comme nous allons le voir. Il pourrait même être à l'origine du succès de notre espèce.
Les préhistoriens discutent des origines de l'homme moderne (Homo sapiens) depuis que leur science existe. Leurs idées ont varié, mais depuis les débuts de l'étude du génome humain, au cours des années 1980, une théorie dominante s'est installée. Selon cette vision, les hommes anatomiquement modernes sont d'abord apparus en Afrique, il y a quelque 200 000 ans, puis ont progressivement remplacé les formes humaines archaïques partout sur la planète. Nous ignorons largement quelles espèces humaines archaïques ont existé et quand, mais elles comprennent au moins l'homme de Neandertal (Homo neanderthalensis) en Eurasie et le minuscule Homo floresiensis en Indonésie. Nous ignorons tout autant comment H. sapiens a remplacé les autres espèces humaines, mais il était censé, jusqu'à présent, les avoir supplantées sans se croiser avec elles.
Cette vision est nommée le modèle de remplacement africain (en anglais African Replacement Model) ; elle domine en préhistoire depuis un quart de siècle. Cependant, les progrès rapides du séquençage de l'ADN, de la puissance de calcul et leurs retombées dans l'étude tant des fossiles humains que des humains actuels ont révélé que nos contemporains portent de l'ADN néandertalien et d'autres espèces humaines archaïques. S'il en est ainsi, c'est bien parce qu'il y a eu métissage entre nos ancêtres H. sapiens et des individus d'autres espèces. Les preuves génétiques récentes de ces métissages sont donc des découvertes majeures.
Génétique, métissage et pathogènes : du Néandertal au Covid-19
De l'Afrique à l'Eurasie
Pour en apprécier pleinement la portée, reportons-nous au débat qui faisait rage au début des années 1980 sur la façon dont H. sapiens a conquis la planète. L'étude des fossiles humains avait alors conduit les paléoanthropologues à penser qu'une première sortie d'Afrique avait eu lieu peu de temps après l'apparition de l'espèce Homo erectus, il y a quelque deux millions d'années. Des membres de cette espèce ancienne sont en effet passés alors en Eurasie. Les paléoanthropologues divergeaient toutefois sur la façon dont s'est produite l'évolution depuis la forme H. erectus jusqu'à la forme moderne. Avec son crâne arrondi et son squelette gracile caractéristiques, H. sapiens n'est en effet attesté dans le registre fossile qu'à partir d'il y a 195 000 ans environ.
Deux thèses évolutives s'opposent. Milford Wolpoff, de l'Université du Michigan, et d'autres chercheurs ont proposé l'hypothèse de l'origine multirégionale de l'homme moderne. D'après cette théorie, les populations archaïques se sont progressivement « modernisées » à mesure que l'arrivée d'hommes modernes et le
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