Le bilby
Autrefois très répandu en Australie, le bilby ne vit désormais plus que sur 20 % de son territoire d’origine. Cet animal a été décimé par les espèces invasives introduites au cours des derniers siècles par les colons britanniques. Il n’existerait plus que 9 000 individus dans la nature.
Description du bilby
Macrotis lagotis de son nom scientifique est un petit marsupial qui compte deux sous-espèces :
le bilby occidental (Macrotis lagotis lagotis)
Caractéristiques physiques
L’espèce est la plus grande de tous les bandicoots. Aussi appelés « péramélidés », ces petits marsupiaux qui ressemblent à des rongeurs ne pèsent généralement que quelques centaines de grammes et réunissent différentes espèces comme le bandicoot rayé de l’Est, le bandicoot doré et bien entendu le bilby, aussi surnommé « grand bandicoot ». Mais cet animal n’a en réalité de grand que le nom, car il s’agit en fait d’un petit animal qui mesure environ 55 cm de haut. Son poids moyen oscille quant à lui à entre 1 et 2,5 kilos chez les mâles adultes et ne dépasse pas 1,5 kilo chez les femelles.
Le pelage, de couleur gris clair avec quelques nuances tirant sur le bleu, est relativement uniforme sur l’ensemble du corps. Même si le dessous du ventre est plus clair. Seule la queue (environ 29 cm) est plus bariolée, avec du gris au niveau de l’arrière-train, puis une grande bande noire qui en précède une autre blanche. Le bilby se distingue surtout par ses grandes oreilles dépourvues de poils qui l’aident à garder son corps au frais. En effet, elles ont une grande surface pour permettre aux vaisseaux sanguins qui les sillonnent sous une fine couche de peau de se refroidir et, par la même occasion, de tenir l’ensemble du corps à une température moins élevée
Régime alimentaire
Omnivore, le bilby mange tout aussi bien des fruits, des graines et des champignons que des insectes, des araignées et même de petits lézards, de petits mammifères et occasionnellement, des oeufs. Il trouve son alimentation dans son environnement direct, le plus souvent en creusant la terre à l’aide de ses puissantes pattes avant, tout en restant en équilibre sur ses pattes arrière, similaires à celles d’un kangourou. A l’instar d’autres marsupiaux comme le koala, le bilby n’a pas besoin de boire d’eau : celle qu’il tire de sa nourriture lui suffit amplement, ce qui n’est pas plus mal étant donné qu’il vit dans des zones arides et semi-arides.
Habitat
Le bilby est une espèce endémique d’Australie : on ne le trouve que dans cette partie du monde. Auparavant, il vivait sur 70 % du territoire australien, mais il a disparu de 80 % de son aire de répartition originelle. Désormais, Macrotis lagotis ne vit plus que dans quelques régions arides et semi-arides. La sous-espèce occidentale (M. L. lagotis) peuple le Territoire du Nord et celle orientale (M. L. sagitta) réside dans le Queensland. Plus rare, cette dernière ne compterait plus qu’entre 400 et 600 individus et est considérée comme « en danger » dans cet Etat.
De façon plus générale, le bilby apprécie les prairies et les garrigues des régions chaudes et sèches de l’Australie. Il s’agit d’un animal nocturne, qui se déplace et se nourrit principalement à la nuit tombée. Le jour, il préfère rester au frais, à l’abri d’un terrier qu’il aura creusé à l’aide de ses griffes longues et évasées. Ces refuges peuvent parfois être très grands et mesurer jusqu’à 3 mètres de long sur 2 mètres de profondeur. Un seul bilby peut disposer d’une douzaine de terriers différents : un pour dormir et les autres pour trouver refuge en cas d’attaque de prédateurs.
Menaces
Bilby, espèce menacée
Deux espèces de bilbys vivaient en Australie : Macrotis lagotis et Macrotis leucura, respectivement nommés le grand et le petit bilby. Le premier est menacé d’extinction et le deuxième s’est déjà éteint. Des efforts doivent être fournis pour empêcher que le grand bilby ne connaisse le même triste sort que son cousin. D’autant que l’espèce est considérée comme « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et inscrite à l’annexe I de la CITES.
Les espèces invasives
Auparavant, le bilby vivait dans divers types d’habitats. Seulement, il s’est de plus en plus retranché dans des régions éloignées, notamment afin d’échapper à un fléau de taille : la prédation de la part de nouvelles espèces. Les chats sauvages – ou chats harets – et les renards roux sont en effet les principaux prédateurs des bilbys, bien plus que des espèces autochtones comme les varans et les pythons tapis (Morelia spilota). Ces animaux ne sont historiquement pas présents en Australie mais ont été importés par les colons britanniques il y a un peu moins de deux siècles. En l’absence de prédateurs naturels, ces espèces ont proliféré jusqu’à devenir aujourd’hui de véritables menaces pour l’écosystème australien. A eux seuls, les chats harets tuent 2 000 mammifères toutes les minutes en Australie et ont déjà fortement décimé les populations sauvages de bilbys. Au point qu’aujourd’hui, ils ont disparu de 80 % de leur aire de répartition d’origine. A noter que les dingos, autre espèce introduite par l’Homme en Australie, chassent eux aussi les bilbys.
La perte d’habitat
Autre facteur inquiétant pour la survie du bilby : la disparition de son milieu naturel. En cause, tout d’abord, le développement de l’agriculture et de techniques telles que le surpâturage qui détruisent les viviers de nourriture de ce bandicoot. La prolifération des lapins européens, eux aussi introduits en Australie, augmente ce phénomène puisqu’ils entrent en compétition avec le bilby pour trouver de quoi manger. Et puis, les incendies causent eux aussi de nombreux torts. D’autant que l’espèce vit dans des zones très sèches où le moindre départ de feu peut rapidement prendre de l’ampleur. Enfin, l’urbanisation croissante a elle aussi joué un rôle dans le déclin du bilby, en augmentant notamment le nombre de collisions routières par exemple.
Efforts de conservation
Depuis les années 1990, plusieurs mesures ont été prises pour freiner la disparition du bilby à l’état sauvage. Programmes de réintroduction, tentatives de contrôle des populations sauvages d’espèces envahissantes, créations d’aires protégées par des clôtures, etc.
Plan national et sensibilisation
Un plan national de redressement a même été créé en 2006 et un programme d’élevage en captivité piloté par l’association Zoo Aquarium existe depuis 1995. Des organismes ont aussi milité pour que le bilby soit adopté à la place du lapin de Pâques. Un symbole fort pour sensibiliser le public mais aussi pour réunir des fonds puisque des chocolateries reversent une partie de leurs ventes à des programmes de sauvegarde de l’espèce.
L’action de Save the Bilby
L’un des organismes le plus actifs dans la protection du bilby est le fonds Save the Bilby. En 2015, il a lancé le « sommet pour le redressement du bilby », une discussion réunissant 39 experts représentant toutes les parties prenantes impliquées dans la protection du bilby. Le but : servir de base pour définir un nouveau plan de conservation plus adapté. Save the Bilby s’occupe également de réintroduire des individus dans le parc national Currawinya, au sud-ouest du Queensland. Et ce, grâce à son centre de reproduction basé non loin de là, à Charleville. Ce plan de réintroduction a été lancé en 2001 et se poursuit aujourd’hui encore.
De retour en Nouvelle-Galles du Sud
Forêt Pilliga, en Nouvelle-Galles du Sud.
Forêt Pilliga
Des programmes de réintroductions sont aussi en cours dans d’autres Etats australiens, et notamment en Nouvelle-Galles du Sud, au sud-est de l’île et juste en-dessous du Queensland. Cet Etat a mis en place le projet « Saving our species » comportant différents volets. L’un d’eux porte sur la réintroduction de bilbys en Nouvelle-Galles du Sud où l’espèce a disparu il y a un siècle. Le tout premier relâcher a eu lieu en décembre 2018 dans la forêt de Pilliga, près de la ville de Narrabri. Avec le soutien de l’Australian Wildlife conservancy, trente petits marsupiaux ont été libérés dans une zone de conservation dédiée s’étendant sur environ 5 800 hectares. Cette zone est bien entendu clôturée et donc à l’abri des prédateurs du bilby.
Reproduction
Comme évoqué plus haut, le bilby est un marsupial, autrement dit, un mammifère qui garde sa progéniture à l’abri d’une poche ventrale pendant un certain temps suivant la mise bas. Chez Macrotis lagotis, la gestation est très rapide : 12 à 14 jours après l’accouplement, la femelle donne naissance à un, deux ou trois petits. Parfois plus, comme cela s’est produit fin 2018 avec la naissance de quadruplés dans la Dreamworld Wildlife Foundation, mais cela reste très rare. Une fois nés, les petits restent ensuite à l’abri dans la poche de leur mère pendant environ 80 jours. Deux semaines après être sorti de la poche, le jeune bilby est parfaitement sevré. L’espérance de vie de Macrotis lagotis est d’environ 7 ans, jusqu’à 11 ans en captivité.
https://www.especes-menacees.fr/bilby/?fbclid=IwAR06euMZ0WMWLxwt8Br7oZLE1-YqsMS-s5E2yF_NQbXUiGS3k-2mUXmfX5M