Ingérence d’Alger dans la question amazigh en Libye. Le conseil suprême amazigh confirme et réagit
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Révélée dans son édition de ce mercredi par adn-med, l’ingérence algérienne dans le dossier amazigh de Libye vient d’être officiellement confirmée par le Conseil suprême des Amazighs de Libye, le CSAL.
?Vers une crise diplomatique
Dans un communiqué daté du 24 avril mais qui n’a été porté à la connaissance des médias que ce mercredi, le CSAL a réagi à l’initiative algérienne dans des termes qu’Alger, qui, jusque-là, a occulté ce problème, ne devrait pas pouvoir traiter longtemps par le silence.
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« Dans une ingérence flagrante, l’ambassadeur d’Algérie en Libye demande au ministère libyen des Affraires étrangères, lors de sa rencontre avec la ministre des Affaires étrangères ( libyenne ndlr), Mme Naglaa Al-Manqoush, d’annuler et de mettre fin aux travaux du Conseil suprême amazigh en Libye (…) Nous, fils du mouvement libyen, affirmons notre rejet de toute ingérence dans nos affaires intérieures et que le Conseil suprême amazigh est un organe élu, légitime et qu’il est considéré comme notre représentant légitime à l’intérieur et à l’extérieur de la Libye. » dénoncent les signataires qui soulignent que, pour leur part, les Amazighs libyens se sont interdit toute forme d’ingérence dans les affaires internes des pays d’Afrique du nord.
Le communiqué rappelle néanmoins que « l’échange culturel entre les Amazighs de ces pays est légitime. »
Plus politiquement, la direction du CSAL déclare que « les Algériens affirment que leurs problèmes politiques avec le Royaume du Maroc ne font pas partie de nos préoccupations et nous n’y interférons pas. » Une précaution, destinée à désamorcer les éventuelles attaques d’Alger qui voit d’un mauvais œil les relations denses et suivies qu’entretient le CSAL avec le mouvement amazigh marocain. « Notre relation avec les Amazighs du Maroc est basée sur des relations culturelles et l’échange d’expériences dans le domaine de la langue et de la culture et ne va pas au-delà. »

Précédents passés sous silence
Le mutisme algérien est difficilement tenable. En effet, le CSAL conclue en demandant « au ministère libyen des Affaires étrangères de réagir rapidement et fermement et en rejetant cette ingérence flagrante du gouvernement algérien dans les affaires berbères de Libye. »
Ni la presse ni les institutions algériennes ni les partis de l’alliance gouvernementale comme ceux de l’opposition ni, d’ailleurs, les organisations amazighes d’Afrique du nord n’ont, à ce jour, commenté un évènement qui semble parti pour engendrer au minimum un débat sur un sujet qui fâche, au maximum une explication diplomatique particulièrement délicate.
Ce n’est pas la première fois qu’un régime qui fait du panarabisme sa référence première s’invite dans les affaires d’un autre pays sur la question amazigh. Dans le tome 3 de ses mémoires* Said Sadi rappelle que lors de la création du RCD en février 1989, Saddam Hussein avait fait condamner par son ambassade à Alger la légalisation d’une formation considérée par Bagdad comme une trahison « de la nation arabe ». Interpellé, Mouloud Hamrouche, Chef du gouvernement de l’époque n’avait pas daigné réagir à l’ingérence irakienne. Le gouvernement de Tripoli, dont la position est déjà fragilisée par une sévère crise interne, pourra-t-il se permettre la même esquive en 2023 ?
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* « La haine comme rivale ». Février 2019. Éditions Frantz Fanon en Algérie, Altava en Europe et Voix libres en Amérique du nord.


Source : sites Internet