Mémoire andalouse
Mémoire andalouse 1-2991
En Algérie et au Maroc, nous chantions une chanson héritée quand nous étions jeunes, et il n'y avait personne parmi nous qui ne la chantait pas quand nous étions jeunes. Elle a été héritée des musulmans andalous qui ont été expulsés de leur pays, l'Andalousie, et ont immigré en Algérie, et nous ne connaissions pas la quantité de tristesse et de souffrance contenue dans cette chanson.
La chanson dit 🎶
C'est la Séville de Toliola (c'est la Séville où nous viendrons)
Ils ne m'ont pas tué, ils ne m'ont pas donné la vie (la torture à laquelle étaient soumis les musulmans lors de ce qu'on appelait l'Inquisition)
Ils m'ont donné autre chose que la coupe (ils les obligeaient à boire de l'alcool jusqu'à ce qu'ils soient sûrs de leur religion)
Le voleur Maemochi (ce qui signifie que les Espagnols sont revenus et que leur histoire n'est pas morte comme on le pensait)

La nouvelle est arrivée à Valcoche (ce qui signifie que la nouvelle est arrivée du retour des Espagnols avec le messager monté sur une calèche)
C'est une chanson que nous chantions beaucoup et qui nous rendait heureux quand nous étions enfants, mais elle porte toutes les significations de la douleur et de la souffrance qu'ont vécues nos ancêtres déplacés de force de leurs foyers.
C'est l'une des chansons des Morisques et des Andalous émigrés d'Andalousie, dans laquelle ils décrivent leur tragédie et leurs souffrances en chemin... et le sens de leurs paroles :
La route de Séville, ils y reviennent - c'est-à-dire les chrétiens et les Alawj - ils ne m'ont pas tué et ne m'ont pas ressuscité à cause de l'abondance des tourments, donc je ne suis ni vivant ni mort de la coupe de malheur que j'ai bu. Ce fils de l'interdit - c'est-à-dire l'Alawj - ne meurt pas, et des nouvelles de lui sont arrivées à Al-Kochi, et à Al-Kochi : un moyen de transport s'appuyant sur un petit cheval tirant une charrette…
Ce qui est étrange, c’est que les enfants marocains et algériens, surtout ceux d’origine morisque, le chantent en dansant, se tenant la main dans la main, se faisant face… »
Mémoire andalouse 12724
« Tik Shabila » signifie « route de Séville », et peut-être que les Morisques qui ont immigré au Maroc à cette époque avaient une langue étrangère qui dominait leur langue, ils prononçaient donc le Qaf Kafa, et ensuite tous les Marocains l'apprenaient avec sa langue étrangère.
« Tulleo Laha » Bien que certains l'interprètent comme disant que ce sont les chrétiens qui y iront, j'ai tendance à considérer le pronom comme faisant référence aux Andalous, et ici le sens devient celui de « Tulleo Laha » « le chemin de Séville où vous reviendrez. C’est l’expression du désir des Andalous de retourner sur leurs terres sévillanes.
« Ils ne m'ont pas tué, ils ne m'ont pas donné la vie... cette coupe qu'ils m'ont donnée. Lors du déplacement des Morisques d'Andalousie, certains chrétiens les obligeaient à boire de l'alcool pour leur permettre de passer, augmentant ainsi leur nombre. mépris et humiliation, car ils n'étaient ni morts ni vivants en raison de la gravité de l'humiliation.

La continuation de cette chanson parmi nous jusqu'à aujourd'hui témoigne du déclin de l'Andalousie au plus profond de notre mémoire collective, malgré le passage des siècles depuis la tragédie de sa chute. Il est de notre devoir de la préserver pour qu'elle perdure dans nos langues et dans celles de nos enfants. Peut-être préserverons-nous ainsi la mémoire de l'Andalousie dans nos consciences.



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