Le passage à l’écrit (D. Abrous)
61Dans le monde berbère, le système autochtone d’écriture (libyco-berbère, tifinaγ) n’a pas franchi le seuil d’un usage officiel, cependant le contact avec les civilisations scriptuaires (punique, romaine, arabe, française...) est ancien et permanent ; il ne s’agit donc pas d’une aire culturelle d’une stricte oralité.
62On ne connaît aucun texte berbère de l’Antiquité écrit en caractères phéniciens ou latins. Le premier alphabet étranger à avoir été emprunté pour noter le berbère est l’arabe. Depuis la conquête arabe, quelques régions berbérophones, essentiellement le Mzab et le Sud du Maroc, ont emprunté les caractères arabes pour écrire des textes berbères (qanun*, délibération de djemaa*, poèmes, textes d’exégèse, etc.). Cette utilisation de l’écriture arabe n’a cependant jamais dépassé le cercle restreint des milieux religieux et érudits.
63La conquête française (notamment par le biais des travaux d’ethnographie, d’ethnologie et de linguistique) a introduit l’usage des caractères latins pour noter le berbère.
64Ce très bref rappel historique permet de comprendre la diversité des systèmes graphiques utilisés aujourd’hui pour la notation du berbère ; trois alphabets se côtoient :
- les tifinaγ, bien que l’usage de cet alphabet ait très tôt disparu dans le Nord (les conquérants arabes ne semblent pas en avoir trouvé de trace vivante), il a été conservé dans l’aire touarègue, où il est aujourd’hui réactivé et développé ;
- les caractères arabes, leur utilisation s’est maintenue dans le Mzab et dans le Sud marocain. Une grande partie de la production littéraire moderne de ces régions est notée en caractères arabes ;
- les caractères latins, ils sont généralisés en Kabylie, présents au Maroc et dominants dans l’ensemble de la recherche universitaire à l’étranger comme au Maghreb, toutes régions confondues. Le système de notation actuellement en vigueur est, à d’infimes détails près, celui mis au point par André Basset et affiné par l’équipe du Fichier de documentation berbère.
65L’usage de l’écrit, resté assez longtemps marginal, s’intensifie et prend des formes nouvelles depuis près d’un siècle. Des indices très nets permettent de parler aujourd’hui d’une appropriation active de l’écrit. Depuis les années 1970, en effet, on note :
- Une tendance à la généralisation de l’écrit en berbère. Cette appropriation récente de l’écrit touche (même si c’est à des degrés divers et quelle que soit la graphie utilisée) l’ensemble des régions berbérophones.
- La diversification des champs investis par l’écrit et c’est sans doute là un des changements les plus significatifs ; en effet, depuis le milieu des années 1940, l’écrit ne sert pas seulement à fixer des éléments de tradition orale, des contenus nouveaux sont livrés à l’écrit, amorçant une profonde dynamique au sein de la langue. Depuis les années 1970, on assiste, de manière très nette, à une abondante production littéraire écrite : traductions de textes français écrits par des maghrébins (Kateb Yacine, Mouloud Feraoun) ou d’autres œuvres d’auteurs étrangers : Brecht, Molière, Pirandello ; adoption de genres littéraires nouveaux comme le roman ou les recueils de nouvelles ; regain de la production poétique écrite ; enfin, et depuis les années 1980, l’écrit s’étend à de nouveaux domaines : linguistique, essais historiques, début de production scientifique (mathématiques, botanique, informatique, etc.).
- L’impact de l’écrit sur la langue. Il s’agit là d’une des incidences les plus importantes du processus de passage à l’écrit. Cette activité de production, et non plus seulement de notation ou de transcription, dans une langue orale est porteuse d’une profonde dynamique dont les principaux aspects sont analysés infra.
66Du point de vue historique, cette appropriation moderne de l’écrit, quelles que soient les formes qu’elle a pu revêtir, est indissociable des processus d’émergence de la revendication identitaire. Ce lien est très net en Kabylie, par exemple. Dans le monde berbère, aujourd’hui, s’approprier l’écrit est un enjeu vital ; le lien s’impose de lui-même : la revendication portant pour les berbérophones du Nord sur la reconnaissance du berbère comme langue nationale au même titre que l’arabe, n’aurait aucun poids et aucun sens si le berbère ne pouvait s’écrire. La situation est identique dans l’aire touarègue où la revendication induit la dimension culturelle (donc linguistique) et la dépasse.
67Si l’écrit a pu, jusqu’à présent, se développer dans la mouvance militante et tout à fait en marge des structures officielles, il faut souligner que les récentes décisions prises par les pouvoirs marocain (en 1994) et algérien (en 1995) d’introduire le berbère dans le système scolaire constituent un début d’usage officiel de la langue et posent le problème du choix du système graphique à adopter entre les trois options possibles : tifinaγ, caractères latins, caractères arabes. Ce choix, qui n’est pas seulement technique, renvoie à des références idéologiques et politiques. Pour le moment aucun des deux pouvoirs n’a officiellement tranché en faveur de l’un des alphabets. En Algérie, le berbère a été introduit à l’Université en 1990 et des classes expérimentales ont été ouvertes depuis octobre 1995. Dans ce début d’enseignement du berbère, ce sont, de fait, les caractères latins qui sont utilisés, ce qui ne signifie pas que le débat sur cette question soit définitivement clos.
68Le processus d’appropriation et de généralisation de l’écrit commence à avoir des effets importants sur la langue. Pour ce qui est du kabyle, par exemple, l’analyse systématique d’un corpus de production romanesque et de presse écrite (D. Abrous, 1989, 1991) permet de reconnaître quelques tendances lourdes :
69- Au niveau lexical, deux tendances sont très nettes :
• le purisme : on remarque dans ces textes écrits une très grande vigilance face aux emprunts, que ceux-ci proviennent du français ou de l’arabe. Ces emprunts figurent en très petit nombre dans les textes analysés, ce qui relève d’une véritable épreuve de force lorsque l’on connaît la pression considérable qu’exercent ces deux langues sur le kabyle ;
• le volontarisme : au lieu d’emprunter, le kabyle moderne, depuis les années 1940 et de manière plus nette depuis les années 1970, construit des néologismes. Cette création de néologismes est allée s’accélérant au point d’aboutir, en 1980, à la publication d’un lexique berbère-français et français-berbère qui leur soit consacré (Amawal, 1980), complété depuis par d’autres lexiques spécialisés. Les néologismes produits en grande partie à partir de racines attestées en kabyle, touareg, chleuh etc. ont été diffusés par la radio depuis les années 1970. Dans les textes écrits (où ils sont introduits massivement), ils couvrent les champs politique, intellectuel ou de l’abstraction, en bref tous les champs qui n’étaient pas (ou qui n’étaient que très partiellement) couverts par le kabyle usuel dans son usage traditionnel.
70- Au niveau syntaxique.
C’est à ce niveau que les interférences avec l’arabe et surtout avec le français sont le plus nettement perceptibles. Un indice significatif est la présence de calques syntaxiques français qui sont actuellement dominants dans l’usage écrit du kabyle.
Les élites kabyles engagées aujourd’hui dans ce processus du passage de l’écrit sont, dans leur grande majorité, de formation française et quels que soient le volontarisme ou la vigilance dont elles font preuve, le français agit sur l’écrit comme une grille sous-jacente induisant un faisceau de rapports complexes entre le lexique et la syntaxe : glissements (parfois importants) de sens, transpositions des expressions idiomatiques du français, etc.
71Tous ces aspects, et d’autres moins importants, font que la langue berbère est investie aujourd’hui par l’écrit et réagit comme un véritable laboratoire.
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Bibliographie
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