[rtl]:heavy_minus_sign: Messali Hadj et les berbéro-nationalistes :heavy_minus_sign:[/rtl]


[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 2015
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[rtl]:heavy_minus_sign: PAR: Ali Guenoun.[/rtl]


[rtl]:books:EXTRAIT :[/rtl]

[rtl]S'il nous est demandé aujourd'hui d'étudier la nature de la relation qui a existé entre les berbéristes des années 40, militants radicaux du PPA\MTLD et Messali Hadj, chef de leur parti, nous pouvons citer deux faits mineurs mais dont l'importance est significative. Ces deux faits se rapportent à un chant patriotique bien connu ,écrit par Mohand Ait Amrane,intitulé<<Ekker A mmis Oumazigh>>( debout fils d'Amazigh). Ce chant considéré comme hymne est à notre connaissance,le premier chant patriotique en berbère moderne. A travers ce chant, écrit en janvier 1945 au lycée de Ben Aknoun, Ait Amrane, militant du PPA et membre du groupe dit <<berbéro-natonaliste>> évoque les grandes figures de l'histoire de l'Algérie, Massinissa, kahina. Il consacre un complet à Messali qu'il met au même pied d'égalité que les précédents héros. Mais ce même chant connaît un léger mais très significatif remaniement en 1949. Son auteur y élimine le nom de Messali. Ainsi le <<héros>>, le <<zaïme>>,le <<libérateur>> de 1945 ne l'est plus,pour ce [/rtl]


[rtl]berbériste,en 1948,1949.[/rtl]




[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 1523
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[rtl]Mais alors dirons-nous que s'est-il passé entre ces deux dates? Qu'est ce qui a pu provoquer le divorce entre ces <<berbéro-natonalistes>>et Messali Hadj,ou quelles sont les questions litigieuses qui ont provoqué la discorde ?[/rtl]


[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 1619
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[rtl]<<Ahmed Messali Hadj, maintes fois emprisonné et déporté, suscitait en nous une admiration sans bornes. Nous ignorons les luttes anciennes au sein de l'Etoile Nord Africaine,puis du PPA,luttes qui l'avaient porté à la tête de ces mouvements. Lui et aussi la direction politique en général nous apparaissent auréolés du  prestige de la clandestinité - héros dont nous ne connaissions les prouesses que par ouïdire,les idées que grâce à des textes interdits>>[/rtl]


[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 1720
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[rtl]Ce témoignage sur la période de 1945 de Hocine Ait Ahmed membre du groupe <<berbéro-natonaliste>>,aurait pu être celui de n'importe quel militant du PPA. Le long combat de Messali au sein de l'ENA d'abord puis du PPA ensuite a fait de lui un personnage emblématique, un héros.En plus de son juste combat, les multiples années de <<fer>> passés en prison dans des camps de concentration, tout ce qu'il a subi en France comme en Algérie ne pouvaient laisser indifférents les jeunes algériens déprimés.[/rtl]


Ces jeunes militants en pleine détresse, conscients de leur statut inférieur et de leur situation de colonisés,sont en quête d'un homme providentiel capable de <<réveiller le peuple algérien de son long sommeil>> et de le libérer de la nuit coloniale. Ils trouvent en Messali ce "Mahdi" tant attendu.



[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 1818
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[rtl]Dans un chant destiné aux scouts, Hocine Ait Ahmed,l'un des encadreurs scouts en Kabylie et membre du groupe du lycée de Ben Aknoun, voit en lui (en messali) le sauveur de l'Algérie :[/rtl]



[rtl]Amcafaà-Lazzayer d Messali   le sauveur de l'Algérie, c'est messali[/rtl]




I-d-isbadden L hizb Lâali.      Qui a créé le bon parti


[rtl]Dans un autre chant,Ali Laïmache,lui aussi encadreur scout à Tizi-Rached et membre du groupe "berbero-nationaliste" qualifie messali,en 1945,de "Izem" (le lion) qui,avec l'accord de Si djilani Lahouel et Radjef luttent pour libérer le pays[/rtl]

[rtl]Pour Ait-Amrane,il est plus qu'un lion, il est "le roi des lions" qui a juré que nous vivrons "( Izem ggizmawen Yeggulen ar-d-annili)[/rtl]

[rtl]Ces jeunes berbéristes, militants radicaux, fraîchement arrivés dans les rangs du PPA clandestin  sont déjà prêts pour combattre le colonialisme et se battre aux côtés de Messali pour la libération de la patrie. Ait -Amrane, dans Ekker a mmis Oumazigh( debout fils d'amazigh), l'interpelle et le rassure :[/rtl]




In-as,in-as i Messali    dis,dis à messali

Azekk'adyif idelli         demain sera meilleur qu'hier

Tura,tura, ulac akakru   maintenant, plus d'hésitation

Annerrez wala anneknu.

Ces chants d'exaltation très répondus en Kabylie montrent l'attachement sincère de militants pressés d'en découdre avec le colonialisme par le combat activiste (sous-entendu par la lutte armée), à leur héros. Le chef du mouvement nationaliste allait,pensaient-ils,les guider vers l'indépendance de leur pays. Le nom de messali est pour eux cet espoir de chasser le colonialisme oppresseur qui les menace dans leur existence même.

[rtl]:small_red_triangle::small_red_triangle: MESSALI, La déception:[/rtl]


[rtl]➖ Messali Hadj et les berbéro-nationalistes ➖ 1919
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[rtl]Messali rentre donc en Algérie de l'exil congolais en octobre 1946. Avant de rejoindre sa résidence surveillée de la Bouzaréah ,il séjourne d'abord en France où il découvre une nouvelle organisation de son parti. "C'est ainsi qu'en arrivant à Paris, le 1er août 1946,j'ai trouvé une situation toute nouvelle, des militants nouveaux, avec un mouvement national en évolution, aussi bien en France qu'en Algérie"[/rtl]


[rtl]En France, à Paris plus précisément, il rencontre des personnalités politiques françaises et arabes. Parmi elles les socialistes Daniel Guérin et Édouard Depreux.,son ancien avocat et ministre de l'intérieur de l'époque, avec qui il a eu des entretiens secrets. Il rencontre du côté arabe Azzam Pacha,secrétaire Général de la ligue Arabe. Ces personnalités le convainquent, pour faire connaître le mouvement en particulier et la cause algérienne en général, de la nécessité pour le PPA de participer aux élections organisées par l'administration coloniale. Pour messali,il fallait "reconstruire le mouvement, le développer, s'engouffrer par toutes les brèches que le système laissait ouvertes"[/rtl]


[rtl]Sur le conseil,en particulier de Azzam Pacha,Messali décide,ex abrupto sans consulter les militants de base,de faire participer son mouvement clandestin le PPA aux élections. Pour cela il crée une organisation légale, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratique (MTLD). [/rtl]

[rtl]Ces décisions sont en retrait par rapport aux programmes, aux ambitions et aux principes de l'ENA et du PPA, elles créent des malentendus.[/rtl]


Des clivages commencent à se faire jour entre Messali et l'ensemble de l'aile radicale dont font partie les membres du groupe "berbéro-nationaliste"

<< Cette participation aux élections, on peut dire sans risque de se tromper que c'est Messali qui l'a imposée. Il y avait une direction clandestine qui avait arrêté une tactique et une stratégie et voici que Messaline arrive et prône la participation>>. Ce militant membre du groupe de Ben Aknoun,considère  cette participation comme passage brusque,un revirement et un changement de ligne politique. Cest,pour les berbéristes, une décision intempestive venue interrompre la préparation du parti à la lutte armée. "Alors qu'on préparait la lutte armée, poursuit Oussedik,voilà que d'un seul coup il y a un changement radical non préparé,imposé par la direction du parti"


[rtl]En effet, ces berbéro-nationalistes s'étaient déjà distingués en mai 1945 lorsqu'ils avaient répondu favorablement à l'appel de la direction du parti par l'intermédiaire de Ouali Bennaï. Ils avaient demandé des volontaires pour un soulèvement général prévu pour le 22 mai 1945 à zéro heure suite aux événements tragiques du 8 mai 1945. Cinq membres  du groupe avaient rejoint les maquis Kabyles pour préparer et encadrer la population pour le jour J. C'était Amar Ould-Hamouda,Omar  Ousdedik, Hocine Ait-Ahmed,Ali Laïmache,Saïd Chibane et Ouali[/rtl]


 Bennaï.


[rtl]Omar Oussedik reproche à Messali d'avoir écouté Azzam Pacha<< De quel droit,s'insurge-t-il, un type comme Azzam Pacha devait-il élaborer une ligne politique pour l'Algérie ?>>.[/rtl]


A travers ces changements de ligne, ces militants découvrent Messali sous un nouveau jour. Son autoritarisme est mal ressenti au niveau de ces jeunes cadres berbéristes. << On ne peut comprendre une telle décision si on oublie l'autoritarisme exercé par Messali sur un certain nombre de dirigeants du parti. Pour eux Messali était un prophète, ne pouvait pas se tromper et depuis longtemps. Il y avait, poursuit Oussedik,une certaine fidélité à l'égard de Messali.  Une fidélité confinée à un conformisme total. Dés que Messali a parlé de participation aux élections une partie de la direction (...) s'y est alignée d'une façon automatique>>

Ce changement de ligne politique a eu des conséquences négatives en Kabylie où <le mécontentement avait été très profond (...) la décision n'avait pas été préparée politiquement. Les militants et les cadres étaient totalement désorientés par telle prise de position>>


[rtl]Cette prise de position pousse les cadres de la Kabylie, à leur tête Ouali Bennaï,à demander les explications à la direction de leur mouvement. Ils envoient Ait Ahmed pour dire à Messsali que s'ils acceptent de prendre part aux élections ils exigent en contrepartie la convocation d'un congrès démocratique du parti dans les plus brefs délais.[/rtl]

Sur insistance des militants et afin de contenir et d'affaiblir cette contestation grandissante et éviter la tenue d'un congrès du parti, Messali convoque les cadres du parti à une conférence.

Cette conférence des cadres révèle les premiers points de friction entre Messali Hadj et les berbéro- nationalistes. Les différends sont d'ordre politique. Des militants remette en cause le fonctionnement de leur parti. Ils refusent la nouvelle voie imposée par leur chef ,considéré jusque- là comme au dessus de l'erreur. Ils reprochent aussi l'ingérence de la Ligue Arabe dans les affaires du parti. L'aile abstentionniste est pour l'instant vaincue surtout après l'élection de cinq députés du MTLD (Derdour, Boukadoum,Debaghine,Mohamed Khider et Meeranz) aux élections législatives du 20 novembre 1946. Deux conceptions différentes, légale et clandestine, réformiste et activiste, s'opposent au sommet.


[rtl]:small_red_triangle::small_red_triangle:Messali,l'arabo-islamiste, l'anti-berbériste:[/rtl]


Si le moment est venu de passer <<aux actes>>,si l'indépendance est à la portée de la main il est temps pour Bennaï de poser la question de "l'introduction de la dimension berbère dans l'organisation de la future Algérie indépendante"

[rtl]Ces berbéristes étaient inquiets de voir leur pays débarrassé du colonialisme sans qu'aucune place ne soit donnée à la dimension berbère, sans que leurs sacrifices ne soient récompensés. L'indépendance Oui mais, une indépendance entière sans la négation de l'identité et de la culture berbères, se disaient-ils. Pour eux "la lutte pour l'indépendance ainsi que pour la conquête de (leur) identité constituait un même et unique combat. Ce sont les deux faces d'une même pièce. Elles sont indispensables.[/rtl]


En novembre 1948 Mohand Sid Ali-Yahia, dit Rachid, étudiant berbériste et ami de Bennaï et de Ould- Hamouda,est élu au comité fédéral de la fédération de France du PPA\MTLD. Ainsi après l'entrée au CC de Bennaï et de ses amis, d'autres berbéristes  accèdent au sommet de la pyramide en France. Ali Yahia encourage les débats sur la question berbère.

En décembre 1948 Messali adresse à l'ONU un appel où il rappelle l'existence de la nation algérienne depuis bien avant 1830. Cet appel, diffusé par le parti sous le titre " Mémorandum à l'ONU " s'ouvre par: la nation algérienne, arabe et musulmane, existe depuis le VIIe siècle ". Il fait fi de toute une période de l'histoire de l'Algérie. C'est la provocation chez les berbéristes.

Messali par cet appel déçoit ces derniers pour plus d'une raison.Il a demandé en fin 1947 à trois étudiants" berbéro-nationalistes", Mabrouk Belhocine, Yahia Henine et Sadek Hadjrés, membre de la commission de rédaction de l'édition en France d" El maghrib El Arabie" de rédiger un document destiné à l'ONU pour démontrer l'existence de la nation algérienne et justifier sa revendication à l'indépendance. Les trois étudiants se sont mis au travail et ont rédigé un document de plus de 400 pages, reprenant l'histoire de l'Algérie, de Massinissa à nos jour . A leur étonnement, le document diffusé par le parti ne contenait que 50 pages,puis son contenu est contraire à celui rédigé par les trois étudiants. Messali non seulement n'a pas pris en considération leur document mais il a nié l'existence d'une Algérie anté-musulmane,il l'a réduite au VII siècle et donc rejeté ses origines berbères.

Ces étudiants convaincus que la propagande du parti ne doit pas être réduite à l'exaltation du rôle du leader, refusent de consacrer une brochure à Messali

Ait Amrane s'aperçoit que Messali,le chef du nationalisme,n'etait pas du tout prêt à reconnaître l'identité Amazigh qu'il qualifiait de manœuvres de division créées par le colonialisme français. Messali le dira lui même au congrès d'Hornu en 1954 en termes clairs: "je continue à croire dit-il que les berbéristes étaient une création colonialiste pour détruire l'arabisme, force de résistance et de lutte permanente"

Ait Amrane par réaction et comme pour montrer son indignation élimine le nom de Messali de son chant patriotique "Ekker Ammis oumazigh". Ainsi il se démarque du " Zaïm". C'est le divorce.

l'indignation viendra aussi de la fédération de France du MTLD, rachid Ali yahia écrit :


[rtl]l'Algérie n'est pas arabe, mais algérienne. Il faut former une union de tous les algériens musulmans qui veulent lutter pour la libération nationale,sans distinguer entre Arabe et Berbère (..) Nous dépassons résolument la question raciale (...) Nous lisons depuis un certain temps dans les journaux, et certains leaders l'ont dit que l'Algérie est arabe ,non seulement ces propos sont faux,mais l'idée qu'ils expriment est clairement raciste,voir impérialiste..."[/rtl]


Une nouvelle conception de la nation algérienne portée haut par les berbéro-nationalistes veut s'imposer face à l'ancienne définition de l'Algérie comme partie intégrante de la nation arabe. Deux conceptions de la nation algérienne interprétant différemment l'histoire s'affrontent au sein du parti. L'une arabo-islamique et l'autre algérianiste défendant l'idée d'une Algérie <<qui n'est ni arabe ni berbère mais algérienne>>

Messaoud Oulamara rencontre sept responsables du parti dont Ferroukhi, Bitat,Lahoual et Bouda. Lahouel prend la parole pour accuser les berbéristes,sans les nommer," d'ennemis du pays", "d'agitateurs" et "de malhonnêtes".


[rtl]Oulamara réplique en accusant Messali d'être derrière ce qui ce passait au sein du parti.<< je pensais, leur dit-il, et je croyais sincèrement que nous avions un père, celui à qui nous avons donné l'honneur de diriger le parti,notre président Messali.[/rtl]

[rtl]Nous avons pensé qu'il était le seul à même de règler le conflit, mais il s'avère que c'est le principal responsable de la pagaille actuelle>> Ahmed Bouda réplique en ces termes: " Ya Si Messaoud! Nous acceptons toutes les critiques de ta part et dirigées envers n'importe lequel d'entre nous, mais critiquer si l'Hadj, là nous ne l'accepons pas" Ainsi prend fin la discussion.[/rtl]


la fin du parcours des berbéro-nationalisres avec Messali se termine par l'exclusion de ces militants accusés de régionalisme, de collaboration avec l'ennemi et de travail fractionnel. Messali et les membres de la direction, qui ne sont pas seulement des arabophones mais aussi et surtout des berbérophones, ont combattu avec acharnement cette nouvelle ligne qui s'inscrit dans l'aile radicale et activiste du PPA\MTLD et défendant une nouvelle conception de la nation algérienne opposée à celle admise par tous.

Ait Amrane voit que Messali, en s'opposant à la berbérité de l'Algérie "était honnête avec lui même, parce que, pour lui,l'Algérie était arabe. Donc,tout ce qui n'était pas arabe ne pouvait être qu'une manœuvre du colonialisme. Et c'est pour cela,je le pense à sa décharge, qu'il ne voulait pas reconnaître l'identité Amazigh. Parce que la reconnaître,lui qui se disait arabe,qui pensait être arabe alors qu'en réalité, il ne l'était pas du tout,c'était diviser le pays(...).


[rtl]Ainsi ,donc,prend fin la crise dite berbériste de 1949. Les berbero-nationalistes << vaincus, exclus du parti, se dispersent. Qui rejoint le PCA,qui reste compagnon de route des clandestins.[/rtl]






 
[rtl]Nada Cylla[/rtl]