Printemps Amazigh Témoignage de Ahmed ASID. Maroc
Printemps Amazigh Témoignage  11844
Dans la semaine du 19 au 23 avril, ADN-Med publie un dossier exclusif quarante-trois ans après le Printemps berbère ; un évènement qui allait bouleverser la scène algérienne avant de gagner tout le monde péri-saharien, un espace désigné depuis par le nom de Tamazgha où flotte désormais l’emblème qui rassemble des peuples que les turbulences de l’histoire ont longtemps séparés.
Printemps Amazigh Témoignage  1--511
Peu commentée par les think-tanks et les chancelleries, la réappropriation du fait amazigh est pourtant l’un des phénomènes les plus déterminants dans l’histoire contemporaine de l’Afrique du nord et du Sahel. Souvent objet d’études muséographiques, d’intérêts folkloriques ou de manipulations politiciennes à l’époque coloniale comme après les indépendances, l’amazighité sera violemment combattue par l’ensemble des États issus de la décolonisation.
Il aura fallu le lent et patient investissement d’intellectuels vertueux comme Jean Lmuhub Amrouche, Mouloud Mammeri, Kateb Yacine, Driss Chraïbi qui, loin des guerres de pouvoir et des apparats, ont transmis à la génération d’après-guerre les informations qui mènent aux sources d’une civilisation – ce terme est à prendre au sens de capacité à cultiver le valeur de soi et de l’autre – qui a miraculeusement résisté aux invasions et survécu aux entreprises d’aliénation des occupants.
Printemps Amazigh Témoignage  1-1163
Si le message du 20 avril 80 a infusé aussi rapidement dans des sociétés isolées les unes des autres et soumises par des États hostiles, c’est qu’il répondait aux attentes de l’Histoire.
La popularité de cette cause a acculé des pouvoirs régis par l’autoritarisme et/ou l’arabo-islamisme à concéder l’intégration de l’amazighité dans des cadres institutionnels. La reconnaissance, souvent factice, a induit une forme de démobilisation dans les rangs des animateurs du mouvement dont la performance était essentiellement due au fait qu’ils avaient inscrit leur combat dans la vie sociale. Cette pause qui remonte aux débuts des années 2000 a connu diverses manifestations qui vont du repli communautaire à la tentation d’une greffe de la question amazighe sur la vague islamiste ; les deux postures sublimant la dimension contestataire voire sacrificielle du mouvement au détriment de ce qui en fit sa sève nourricière : la capacité à transcender les atomisations pour proposer une vision globale qui puisse constituer une alternative démocratique à même d’installer l’amazighité dans la modernité.
Printemps Amazigh Témoignage  1-1164
Ces dernières années, la réflexion reprend ses droits. Des militants historiques repensent la reconstruction de la matrice amazighe à l’aune des bouleversements géopolitiques et technologiques et de nouvelles générations, imprégnées de l’esprit d’avril 80, investissent l’espace numérique pour produire et mettre au service de l’amazighité les instruments d’un développement que lui refusent les États. Décidées séparément, ces deux approches convergent progressivement pour devenir une dynamique transcendant les « ilotisations » linguistiques et les nostalgies passéistes afin d’ouvrir la pensée et l’action politiques sur Tamazgha. Un espace qui assume son substrat amazigh en tant que socle sur lequel peut se réaliser un destin absorbant tous les ingrédients qui ont sédimenté dans nos temps et nos terres.
L’Amazighe a intégré tous les apports que l’Histoire lui a légués sans jamais perdre son âme. La conscience d’appartenir à un vaste territoire a muri avec l’avènement du printemps amazighe. En assumer les implications politiques est le nouveau défi.
Printemps Amazigh Témoignage  102910
C’est sur ce projet qu’invitent à réfléchir les acteurs originaires du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, ou de Libye qui ont bien voulu participer à ce dossier qui en appellera d’autres.


Source : sites Internet