Printemps amazigh du 20 avril. Echo en Libye. Par Fethi n Khelifa
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En avril 1980, j’étais un lycéen de 17 ans à Zwara. Nous étions des jeunes passionnés par l’identité amazighe. Notre enthousiasme était inspiré et nourri par les chansons de Idir, Ait-Menguellet et Djurdjura ainsi que les rares publications nous parvenant difficilement de temps à autres avec les risques que cela supposait pour celui qui les détenait ou diffusait. Le règne de l’arabisme despotique de Kadafi niait toute existence de l’Amazighité sur terre.
Ardeur dans la terreur
La Kabylie était la Qibla de tous les adeptes de l’identité amazighe. Quelques-uns d’entre nous, peu nombreux, ont pu très discrètement la visiter. En dépit des difficultés de communication et du peu de nouvelles dont nous disposions, certains d’entre nous parvenaient à suivre son actualité et même s’informer des résultats des matchs de la Jeunesse sportive de Kabylie, la JSK que nous supportions et dont nous faisions notre fierté.
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Via les ondes radio des médias extérieurs et par le biais de certains contacts avec nos amis à l’étranger, nous avions reçu les nouvelles de l’insurrection du 20 avril et ses répercussions. Nous étions très fiers et indignés à la fois. Fiers de l’héroïsme de nos frères de l’Université de Tizi Ouzou et du reste de la Kabylie et outrés par les exactions d’un régime militaire arabiste répressi ; similaire à celui que nous subissions en Libye.
Nous n’accordions aucun crédit aux médias du régime de Kadhafi traitant en permanence les événements en Algérie soit par le black-out soit par la déformation des réalités. Durant des mois, nous étions à l’affut des faits et retombées des activités de l’université de Tizi-Ouzou grâce aux amis amazigh des pays d’Afrique du Nord. Bien plus tard, nous avions pu reconstituer le tableau complet du soulèvement du 20 avril. Personnellement et pour de nombreux jeunes de ma génération, ce fut un véritable tournant. C’était le début d’une réelle prise de conscience de ce que devaient être nos droits dans un pays entièrement dominé par un régime militaire arabiste et tyrannique. C’était l’étincelle majeure de notre détermination à poursuivre la lutte pour la promotion de notre identité, quelqu’en soit le prix.
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Devoir de solidarité
C’est ainsi que nous célébrions le 20 avril de chaque année en regroupements secrets dans les régions amazighs de Libye. A l’occasion de ces commémorations, certains d’entre nous visitaient la Kabylie, se faisant parfois arrêter et expulser d’Algérie par les agents des autorités militaires.
Nous savions que la lutte du peuple algérien contre la tyrannie, l’arbitraire et le pourrissement n’a cessé et ne cessera pas à travers l’histoire. Pour nous, avril 80 est une des stations de ce glorieux parcours que les Amazighs ont écrit en lettre de sang et de lumière dans le prolongement de la lutte de nos aïeux, nos pères et nos mères, de Massinissa, Jugurtha, Dyhia au héros martyr Matoub Lounès. Ces repères ne cessent, à ce jour, de tracer l’histoire du militantisme et de la résistance contre la domination et le despotisme des régimes militaires dictatoriaux pour une nation algérienne démocratique et plurielle dans laquelle règnent la justice et l’égalité.
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Frères d’Algérie, notre pays, vous avez notre soutien, appui et êtes notre fierté. Vous n’êtes pas et ne serrez pas seuls dans votre lutte contre un des régimes les plus abjects marqué par la corruption, l’ignorance et la répression qui s’abat sur tous nos pays.
Ensemble nous sommes le même poing qui frappera les milices militaires, les mercenaires du nationalisme arabiste et le terrorisme islamiste. Nous souffrons tous d’un même mal. Notre commémoration régulière du 20 avril pendant plus de trois décennies à travers tous les territoires d’Afrique du Nord est la démonstration de notre fidélité aux martyrs de la liberté et de l’affirmation de notre cohésion et détermination à continuer à jamais la lutte éternelle, sur chaque empan du territoire de Tamazgha, jusqu’à la restauration du droit et de la souveraineté aux propriétaires de cette terre.

Nos sommes fiers et fidèles à notre cause commune.
Hommage aux martyrs de Tamazgha. Tout notre soutien aux résistants qui croupissent dans les prisons du régime des généraux.
*Ancien président du Congrès mondial amazigh, CMA. Président du parti Mère Libye « Libou »



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