Fantômes du monde antique
Pour les peuples du monde antique, il n'y avait aucun doute sur le fait que l'âme d'un être humain survivait à la mort corporelle. Quels que furent les points de vue personnels d'un individu sur le sujet, ils étaient élevés dans des cultures qui pensaient que les morts vivaient, sous une autre forme et nécessitant encore une sorte de subsistance, dans une vie postérieure largement dictée par plusieurs facteurs : le type de vie qu'ils avaient vécu sur terre, la façon dont leur corps était traité à leur mort, et/ou la façon dont les vivants se souviendraient d'eux. Les détails de l'au-delà dans ces différentes cultures variaient, mais les constantes étaient qu'un tel royaume existait, qu'il était gouverné par des lois immuables, et que les âmes des morts y resteraient à moins que les dieux ne leur permettent de retourner sur la terre des vivants pour une raison spécifique. Ces raisons peuvent inclure des rites funéraires inappropriés, l'absence de toute forme d'inhumation, la mort par noyade lorsque le corps n'a pas été retrouvé, le meurtre dans lequel le corps n'a jamais été retrouvé (et donc jamais enterré correctement), ou pour résoudre certaines affaires inachevées ou fournir un compte rendu fidèle des événements entourant leur mort, comme quand on a été assassiné et qu'on avait besoin de venger sa mort et pour que l'assassin soit traduit en justice pour pouvoir reposer en paix.


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Crâne romain avec obole dans la bouche


L'apparition des fantômes des défunts, même ceux des êtres chers, était rarement considérée comme une expérience bienvenue. Les morts étaient censés rester dans leur propre royaume et ne devaient pas revenir dans le monde des vivants. Quand un tel événement se produisait, c'était un signe certain que quelque chose allait terriblement mal, et ceux qui vivaient une rencontre spectrale devaient s'occuper du problème pour que le fantôme retourne à sa place. Cette compréhension était si répandue que des histoires de fantômes peuvent être trouvées, avec des thèmes très similaires, dans les cultures antiques de Mésopotamie, d'Égypte, de Grèce, de Rome, de Chine et d'Inde, ainsi que dans les régions de Mésoamérique et des terres celtes d'Irlande et d'Écosse. Les fantômes sont également représentés dans la Bible ainsi que dans les œuvres romaines antérieures. Ce qui suit n'est en aucun cas un traitement complet du sujet. De nombreux livres ont été écrits sur la croyance aux fantômes dans chacune des cultures mentionnées et dans de nombreuses autres qui ne le sont pas. Le but de cet article est simplement de fournir aux lecteurs les concepts de base de l'au-delà et la croyance aux fantômes dans le monde antique.
Les fantômes en Mésopotamie
LES FANTÔMES POUVAIENT APPARAÎTRE AUX GENS SUR TERRE POUR REDRESSER UN TORT.


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Relief de la Reine de la nuit (ou Burney), Mésopotamie


Dans la culture mésopotamienne, la mort était l'acte final de la vie de laquelle il n'y avait pas de retour possible. La terre des morts était connue sous de nombreux noms; parmi eux se trouvait l'Irkalla, le royaume souterrain connu sous le nom de « terre de non-retour », où les âmes des morts habitaient dans une morne obscurité, se nourrissaient de terre et buvaient l'eau des flaques de boue (bien qu'il y ait d'autres visions de l'au-delà, telles que celles exprimées dans l'œuvre Gilgamesh, Enkidu et le monde des ténèbres). Cette existence était la fin ultime pour tous les vivants, indépendemment de la fortune dont ils avaient joui durant la vie, et elle était gouvernée par la reine des ténèbres Ereshkigal. Aucune âme n'était autorisée à quitter Irkalla pour quelque raison que ce soit, pas même une déesse, comme le montre le poème La Descente d'Inanna, dans lequel même la Reine du Ciel (sœur d'Ereshkigal), Inanna, doit trouver un substitut pour prendre sa place une fois qu'elle remonte au monde des vivants. Une dispense spéciale, cependant, était donnée aux âmes qui avaient besoin d'accomplir une sorte de mission. Des fantômes pouvaient apparaître aux gens sur terre s'ils pensaient qu'ils avaient besoin de redresser un tort.
 Queen of the night (or Burney's) Relief, Mesopotamia
Relief de la Reine de la nuit (ou Burney), Mésopotamie
Osama Shukir Muhammed Amin (CC BY-NC-SA)
Ces apparitions se manifestaient généralement en une sorte de maladie chez les vivants. L'expert Robert D. Biggs écrit : « Les morts, en particulier les membres de la famille, pouvaient aussi causer des problèmes aux vivants, surtout si les obligations familiales de fournir des offrandes aux morts étaient négligées. Les fantômes des personnes décédées de mort violente ou qui n'avaient pas été enterrées comme il se devait, par exemple, morts par noyade ou morts sur un champ de bataille » (4). Les docteurs de Mésopotamie, connus sous les noms d'Asu et d'Asipu, jetaient des sorts qui apaisaient les fantômes mais, avant qu'un tel traitement ne puisse commencer, le médecin demandait au patient de confesser honnêtement tous les péchés qui auraient pu faire sortir le fantôme de l'enfer. La maladie en Mésopotamie était considérée comme une manifestation extérieure d'un péché qui était puni soit par les dieux, soit par les esprits des défunts, et était toujours supposée être la faute de celui qui était malade jusqu'à ce que le contraire ne puisse être démontré.
Lorsque l'on mourait, une entité spirituelle connue sous le nom de Gidim était créée, entité qui maintenait l'identité personnelle du défunt et se rendait au royaume des morts. C'est ce Gidim qui retournait hanter les vivants si l'on n'avait pas accordé l'attention voulue aux rites funéraires et aux funérailles ou si quelque acte illégal avait été commis lors de la mort de la personne. Cependant, les inscriptions indiquent clairement que parfois les Gidim pouvaient s'échapper malicieusement d'Irkalla et revenir sur terre, où ils harcelaient les vivants sans aucune raison valable. Ces esprits étaient alors punis par le dieu du soleil Shamash qui confisquait les offrandes funéraires qui leur avaient été faites et les donnait aux Gidim qui n'avait personne pour se souvenir d'eux sur terre, et donc personne pour leur offrir des offrandes pour leur existence éternelle. Bien qu'il existe des documents attestant de proches revenant de l'au-delà avec des avertissements ou des conseils, la plupart des fantômes de Mésopotamie étaient des invités indésirables qui étaient renvoyés dans leur royaume à l'aide de charmes, d'amulettes, de prières ou d'exorcisme.
Fantômes égyptiens
LES VIVANTS QUI ÉTAIENT HARCELÉS PAR LE FANTÔME DEVAIENT PLAIDER LEUR CAUSE DIRECTEMENT AUPRÈS DU REVENANT DANS L'ESPOIR D'UNE RÉPONSE RAISONNABLE.
En Égypte ancienne, le retour d'un fantôme était également considéré comme une question très grave. Pour les Égyptiens, la non-existence était un concept intolérable, et on croyait qu'à la mort, l'âme se rendait dans la Salle de la Vérité où elle était jugée par Osiris et les 42 juges qui pesaient son cœur en équilibre avec la plume blanche de la vérité; si le cœur était plus léger que la plume, l'âme se dirigeait vers l'au-delà, tandis que si elle était plus lourde, elle était jetée sur le sol où elle était mangée par un monstre et l'âme cessait d'exister. Un cœur était plus léger si on avait vécu une bonne vie et plus lourd si on ne l'avait pas fait. L'au-delà était connu sous le nom de Champ de Roseaux, qui était une image miroir de sa vie sur terre en Égypte. On jouissait de la maison qu'on avait toujours connu, du ruisseau près de cette maison, de son arbre et de son chien préférés, et il n'y avait donc aucune raison pour qu'une âme veuille retourner sur terre à moins que cette âme n'ait une très bonne raison de le faire.


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Le Dieu Égyptien Osiris    


Dans la période antérieure de l'Egypte, l'âme était considérée comme une seule entité connue sous le nom de Khu, l'aspect immortel d'un individu mais, plus tard, l'âme fut considérée comme composée de cinq composantes différentes. Deux de ces éléments, le Ba et le Ka (esprit et personnalité), se réunissaient après la mort pour former l'Akh, et c'est cette entité qui revenait comme fantôme. Si des rites appropriés n'avaient pas été observés lors de l'enterrement, ou que des péchés avaient été commis par les vivants avant ou après la mort de la personne, les dieux lui donnait la permission de retourner sur terre pour réparer le tort. Les vivants qui étaient harcelés par le fantôme devraient plaider leur cause directement auprès du revenant dans l'espoir d'une réponse raisonnable et, si cela était inefficace, il fallait qu'un prêtre intervienne et juge entre les vivants et les morts. Un exemple de tout cela est comment, lorsque le malheur s'abattit sur un veuf, il fut d'abord attribué à un « péché » qu'il avait caché à sa femme pour lequel, maintenant qu'elle en avait connaissance dans le Champ de Roseaux, elle le punissait. Dans une lettre d'un veuf à sa femme décédée trouvée dans une tombe du Nouveau Royaume, l'homme demande à l'esprit de sa femme de le laisser tranquille, car il est innocent de tout acte répréhensible :
Que t'ai-je fait pour que j'en arrive à ce mauvais coup ? Que t'ai-je fait ? Mais ce que tu m'as fait, c'est d'avoir levé les mains sur moi, même si je ne t'avais rien fait de mal. Depuis le temps où je vivais avec toi en tant que mari jusqu'à aujourd'hui, que t'ai-je fait pour que j'aie besoin de me cacher? Quand tu es tombée malade, j'ai fait chercher un maître-guérisseur... j'ai passé huit mois sans manger ni boire comme un homme. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps avec ma toute ma maisonnée aux yeux de tout le quartier. J'ai donné des linges pour t'envelopper et je n'ai rechigné sur aucun bénéfice qui dut être fait pour toi. Et maintenant, voici, j'ai passé trois ans seul sans entrer dans une maison, bien qu'il ne soit pas juste que quelqu'un comme moi ait à le faire. C'est ce que j'ai fait pour ton bien. Mais voilà, tu ne connais pas le bien du mal (Nardo, 32)
S'ils étaient bien enterrés avec des rites adéquats et continuellement dans la mémoire des vivants, les esprits des morts pouvaient être très bénéfiques pour les vivants et veiller sur eux tout au long de leur vie. Il y avait cependant une différence significative dans la conception égyptienne d'un « esprit » qui résidait paisiblement dans le Champ de Roseaux et d'un « fantôme » qui revenait sur terre.
Fantômes en Grèce et Rome
LES FANTÔMES DE LA ROME ANTIQUE ÉTAIENT CONSIDÉRÉS COMME APPARAISSANT DE CERTAINES MANIÈRES PRÉVISIBLES ET, GÉNÉRALEMENT, À CERTAINS MOMENTS DE LA NUIT.
En Grèce antique, l'au-delà se composait de trois royaumes distincts. Quand un homme mourait, une pièce de monnaie était placée dans sa bouche pour payer Charon le nocher pour mener l'âme à travers la rivière Styx. Cette pièce n'était pas un « paiement » à proprement parler mais un signe de respect entre l'âme et les dieux - plus la valeur de la pièce était grande, mieux l'âme se plaçait dans le bateau de Charon. Une fois que l'âme était de l'autre côté, on passait près du chien à trois têtes Cerbère, puis on passait devant les trois juges pour rendre compte de la vie qu'on avait vécue. Un fois son histoire racontée, et que les juges avaient délibéré, le défunt recevait une tasse d'eau du fleuve Léthé, les eaux de l'oubli, et il oubliait son ancienne vie sur terre. Les juges attribuaient alors à l'âme un lieu : si vous aviez été un guerrier mort au combat, vous alliez dans les Champs Élysées qui étaient un paradis; si vous aviez été une bonne personne, vous alliez dans la plaine des Asphodèles, également agréable; si vous aviez été une mauvaise personne, alors vous alliez dans les ténèbres de Tartare où le l'âme demeurait jusqu'à ce qu'elle ait expié les péchés de sa vie. Aucune âme n'était « condamnée à la damnation éternelle ». L'âme du Tartare pouvait être promue à la plaine des Asphodèles avec le temps. Comme dans les cultures de Mésopotamie et d'Égypte, les âmes ne devaient pas revenir sur terre pour quelque raison que ce soit, mais parfois elles le faisaient encore. Ce même paradigme fondamental fut adopté par la culture romaine qui avait une croyance aux fantômes beaucoup plus profonde que les Grecs.


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Lekythos attique       


Dans la comédie Mostellaria (La Maison hantée), le dramaturge romain Plaute raconte comment un riche marchand athénien nommé Théopropidès partit en voyage d'affaires et laissa l'exploitation de sa maison à son fils, Philolachès. Philolachès vit l'absence de son père comme une occasion pour profiter pleinement de la vie au lieu de se prouver un intendant responsable et emprunta une grosse somme d'argent pour acheter la liberté d'une fille esclave qu'il aimait. Il dépensa encore plus d'argent pour organiser une grande fête pour ses amis, chez son père. Tout allait bien pour Philolachès jusqu'à ce que son esclave, Tranion, lui dise qu'il venait d'apprendre que Théopropidès revenait inopinément de son voyage et serait bientôt à la maison. Philolachès paniqua, ne sachant pas quoi faire de ses invités ou comment il expliquerait ses énormes dépenses, mais Tranion lui assura que tout irait bien. Il enferma Philolachès et ses invités dans la maison et vint à la rencontre de Théopropidès dehors, lui disant qu'il ne pouvait pas entrer parce que la maison était hantée. Il raconta à Théopropidès qu'un fantôme était apparu en rêve à Philolachès, en pleine nuit, alors que les flambeaux étaient encore allumés, et l'informa qu'il avait été assassiné dans la maison il y a bien longtemps par un hôte méchant qui l'avait tué pour son or. Tranion dit en outre que le cadavre de l'homme assassiné était toujours caché dans la maison, et qu'il était dangereux pour quiconque d'entrer. Théopropidès crut l'histoire sans en douter une seconde et se désespéra en se demandant dans quel endroit il allait maintenant vivre . Un prêteur d'argent se présenta alors, demandant le paiement du prêt que Philolachès avait obtenu pour acheter la fille esclave, et Tranion expliqua que cela avait été fait pour acheter la maison voisine puisque l'ancienne maison de Theopropidès était maintenant inhabitable. Même quand Théopropidès se rendit à côté pour parler à Simo, le propriétaire de la maison, qui nia qu'il l'avoir vendue à Philolachès, il ne montra toujours aucun signe de douter de l'histoire du fantôme.
L'INHUMATION INAPPROPRIÉE DES MORTS ÉTAIT CONSIDÉRÉE COMME LA PRINCIPALE RAISON DU RETOUR D'UN ESPRIT DE L'AU-DELÀ.
Les fantômes de la Rome antique étaient considérés comme apparaissant de certaines manières prévisibles et, généralement, à certains moments de la nuit. L'historien D. Felton remarque que les spectateurs qui purent apprécier Mostellaria auraient trouvé l'histoire de fantôme de Tranion maladroite parce qu'elle s'écartait de ce que les gens savaient de la vérité d'une telle apparition : le fantôme d'un homme assassiné apparaissait dans une pièce éclairée par une torche (puisque les fantômes ne pouvaient pas être vu sans une sorte de lumière) mais n'apparaissait pas en rêve à moins qu'il n'aient été un ami ou un être cher. Les fantômes qui apparaissaient dans les rêves étaient considérés comme un esprit complètement différent de celui d'un fantôme « agité » qui avait subi une mort prématurée ou injuste et qui n'avait pas été enterré avec les rites appropriés.Dans sa hâte de créer une histoire pour le maître de maison, Tranion confondit deux types distincts d'histoires de fantômes et, Felton observe, le public antique aurait trouvé cette confusion très drôle.
Une distorsion intéressante de ce paradigme est l'histoire de la jeune Philinnion racontée par Phlégon de Tralles (IIe siècle EC) et plus tard par Proclus (Ve siècle EC), dans laquelle Philinnion était mariée à un des généraux d'Alexandre le Grand, Cratère, et mourut après six mois de mariage. Elle fut rendue à la vie et tous les soirs, rendit visite à un jeune homme nommé Machatès dans une chambre chez ses parents. Quand elle fut découverte par ses parents, elle expliqua qu'elle avait été libérée du royaume des morts dans un but précis puis, elle mourut une deuxième fois. L'historienne Kelly E. Shannon, entre autres, a souligné les détails fournis par Phlégon pour authentifier son histoire, en la présentant comme un conte à la première personne sous la forme d'une lettre relative à un événement historique qui s'était passé dans un lieu spécifique (Amphipolis) à un moment précis (sous le règne de Philippe II de Macédoine) tout en veillant à ne pas être si précis qu'un lecteur connaissant l'histoire de cet endroit et de ce temps aurait des raisons d'en douter. Shannon écrit :
Que peut-on raisonnablement s'attendre à ce qu'un lecteur puisse croire ? La littérature romaine est remplie de créatures, d'objets et d'occurrences étranges et inexplicables, des centaures aux apparitions fantomatiques en passant par les éruptions volcaniques. Et ceux-ci ne se limitent pas au monde du mythe. Les récits du monde naturel se concentrent souvent sur des phénomènes qui peuvent sembler bizarres ou impossibles : des auteurs comme Pline l'Ancien présentent comme des choses vraies qu'un public moderne rationnel trouverait difficile, voire impossible à prendre au sérieux (1).
Ce phénomène dont Shannon parle était connu des Romains sous le nom de mirabilia (merveilles ou miracles) et comprenait des bêtes parlantes, des spectres femmes incroyablement grandes, des visions de dieux et des fantômes. Parmi les plus célèbres de ces mirabilia est l'histoire de Pline le Jeune (61-115 EC) qui raconte l'histoire du philosophe Athénodore qui vint à Athènes et entendit parler d'une maison hantée bon marché parce que tout le monde avait peur du fantôme qui la hantait. Athénodore loua la maison et, cette nuit-là, entendit le cliquetis des chaînes et se réveilla pour trouver un homme dans sa chambre qui lui commanda de se lever et de le suivre. Athénodore suivit le fantôme jusqu'à un endroit dans la cour de la maison où l'esprit disparut soudainement. Le lendemain, Athénodore demanda au magistrat de la ville de creuser à l'endroit précis et ils y trouvèrent les restes d'un homme enlacé de chaînes. Le corps fut enterré avec tous les rites appropriés, et la maison ne fut plus hantée. Cette histoire est typique d'une « apparition » dans laquelle un esprit semble chercher réparation d'un tort subi. L'inhumation inappropriée des morts - ou l'absence de toute tombe - était considérée comme la principale raison du retour d'un esprit, mêmeplus que le désir d'un esprit de se venger de leur mort.
La possibilité qu'un esprit revienne pour demander à un être cher de venger sa mort est illustrée dans un conte raconté par Apulée, dans lequel un homme nommé Thrasyllus tomba amoureux de la femme de son ami Tlépolème et le tua pendant qu'ils chassaient. L'esprit de Tlépolème apparut à sa femme en rêve, lui raconta comment il était mort et lui demanda de le venger. Thrasyllus lui demanda s'il pouvait la courtiser, mais elle refusa parce qu'elle observait encore le deuil. Elle lui dit, cependant, qu'il pouvait lui rendre visite cette nuit-là. Elle lui offrit du vin qui avait été drogué et, une fois étourdi, elle l'aveugla avec son épingle à cheveux, affirmant que la mort est une punition trop facile pour ce qu'il avait fait, et qu'il devait maintenant errer dans la vie sans voir le monde. Elle courut ensuite jusqu'à la tombe de son mari, raconta l'histoire de sa mort et se tua avec son épée. Thrasyllus s'enferma dans la tombe de Tlépolème et mourut de faim.
Ce sont donc les deux principales façons dont un public antique comprenait les apparitions de fantômes (bien que ce ne fut pas les seuls modes de manifestation), soit en rêve, soit lors d'apparitions physiques et ayant généralement à voir avec un problème entourant leur mort, et ce même paradigme fut observé dans d'autres cultures.
Fantômes en Chine et en Inde
PENDANT LA FÊTE DES FANTÔMES, LES GENS LAISSENT DE LA NOURRITURE ET DES CADEAUX AUX MORTS DANS L'ESPOIR QU'ILS RESTERONT DANS LEUR PROPRE ROYAUME ET QU'ILS NE DÉRANGERONT PAS LES VIVANTS.
Dans la culture chinoise, l'esprit d'une personne qui s'était noyée, qui était morte seule, qui était morte au combat, ou qui avait subi une autre mort qui faisait qu'elle n'avait pas été enterrée apparaissait en forme corporelle et ne pouvait être vu que la nuit à la lumière du feu. L'esprit d'un ancêtre qui voulait passer des informations ou donner un avertissement apparassait en rêve. Les fantômes étaient considérés comme une réalité par le philosophe chinois Mo Ti (470-391 AEC) qui soutint favorablement un un témoignage sur le fantôme du ministre Tu Po revenu de l'au-delà pour assassiner Xuan, le roi de Zhou. Il estimait que lorsque les gens parlaient de la façon dont une machine fonctionnait avec des personnes inexpertes, ou de la façon dont certaines personnes se comportaient ou parlaient dans un pays inconnu à l'interlocuteur, ce dernier devait accepter ce qu'elles disaient si leur rapport semblait crédible et s'ils semblaient eux-mêmes des témoins fiables. En suivant cette ligne de raisonnement, alors, il fallait accepter ce qui était dit sur les fantômes si l'on pouvait faire confiance à ceux qui en parlaient sur d'autres aspects de la vie que l'on pouvait vérifier soi-même. Vu que les récits historiques anciens, ainsi que les rapports contemporains de son époque, contenaient des références aux fantômes, ils devaient être acceptés comme une réalité de la même façon que l'on acceptait l'histoire et les nouvelles du jour, même si l'on n'avait jamais vu un fantôme soi-même.
La croyance chinoise aux fantômes était fortement influencée par leur pratique du culte des ancêtres et par la croyance que les défunts continuaient d'exercer une influence puissante sur la vie des gens. Comme dans les autres cultures mentionnées, les esprits des morts pouvaient profiter aux vivants à moins qu'il n'y ait eu des manques dans les funérailles ou les rites funéraires ou que les morts n'aient été dispensés de ciel pour revenir redresser un tort. Le Festival des fantômes, qui fut créé pour honorer et apaiser les morts, continue d'avoir lieu le quinzième jour du septième mois de l'année. Connu sous le nom de « Mois des Fantômes », cette période est considérée le moment où le voile entre le royaume des vivants et celui des morts est plus mince et que les morts peuvent facilement traverser (comme le concept celtique de Samhain et le festival mésoaméricain connu sous le nom de « Jour des morts »). Pendant la Fête des Fantômes, les gens laissent de la nourriture et des cadeaux aux morts pour les apaiser et les honorer dans l'espoir qu'ils resteront dans leur propre royaume et qu'ils ne dérangeront pas les vivants.


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Festival des fantômes, Chine     


L'au-delà chinois était considéré comme un voyage dans lequel l'âme devait traverser un pont sur un abîme où elle était jugée. Si l'âme était jugée digne, elle continuait, s'arrêtait dans un pavillon pour regarder derrière elle, une dernière fois, la terre des vivants, puis buvait une tasse d'un breuvage appelé Soupe Mengpo qui lui faisait oublier entièrement son ancienne vie. La tradition des fantômes de Chine diverge à ce stade sur ce qui arrivait ensuite à l'âme; selon certaines œuvres, l'âme passait au ciel, tandis que selon d'autres, elle était réincarnée. Si l'âme était trouvée indigne en traversant le pont vers l'au-delà, elle glissait vers l'enfer où elle restait. Dans les deux cas, on ne s'attendait pas à ce que l'âme retourne au pays des vivants et, si une le faisait, et ce n'était pas un ancêtre apparaissant dans un rêve avec un avertissement ou un conseil, il était certain qu'une sorte de force maléfique était impliquée.
Ceci est illustré dans l'histoire de Ning Caicheng et Nie Xiaoqian du livre de contes de l'écrivain Pu Songling écrit en 1680 EC. L'histoire en soi est considérée beaucoup plus ancienne que le recueil de contes et raconte l'histoire de la visite de Ning à un temple où il reçut la visite du fantôme de la jeune fille Nie. Elle essaya de le séduire, mais il résista en raison de sa croyance en une conduite vertueuse. Deux autres voyageurs qui étaient venus au temple furent retrouvés morts le lendemain matin, vidés de leur sang et avec des trous percés dans la plante de leurs pieds. Nie en vint à respecter la vertu de Ning qui résistait à ses avances et lui dit qu'elle était morte dans le temple quand elle n'avait que 18 ans et qu'elle était tombée sous le contrôle d'un démon qui habitait le sol où elle avait été enterrée. Ce monstre lui avait demandé de séduire les voyageurs et de les vider de leur sang qu'elle lui remettait ensuite . Ning exhuma les restes de Nie et les transporta chez lui où il les ensevelit près de sa maison et versa une libation sur sa tombe en signe de respect et d'honneur. Après avoir accompli les rites funéraires appropriés pour la jeune fille, il se détourna de la tombe pour partir, mais elle l'appella, et il découvrit qu'elle avait été rendue à la vie en raison de sa conduite vertueuse et de ses efforts pour l'enterrer correctement. Ning et Nie se marièrent et, au fil de l'histoire, vécurent heureux avec leurs enfants.
Les histoires de fantômes chinoises proposent souvent une morale similaire à la légende de Ning et de Nie et mettent l'accent sur le comportement vertueux et la gentillesse envers les autres. Confucius lui-même croyait en l'efficacité de l'histoire de fantômes parce qu'il sentait que les leçons tirées des rencontres surnaturelles pouvaient inculquer des vertus appropriées au vivant. Il estimait que cela était même vrai pour les rencontres avec les soi-disant fantômes affamés, qui étaient des esprits dont les parents avaient oublié leurs devoirs de respect et de mémoire ou les esprits de ceux qui avaient été assassinés mais dont les tueurs n'avaient pas été traduits en justice. On pensait que les fantômes affamés avaient reçu une dispense spéciale de la part des dieux pour tourmenter les vivants jusqu'à ce qu'ils aient reçu leur dû. Le fantôme affamé pouvait tourmenter l'esprit des vivants ou habiter la maison et se comporter comme le font les célèbres poltergeist.
Cela était également vrai en Inde où les fantômes des défunts étaient considérés comme une sorte de fantômes affamés. En Inde antique (et moderne), les fantômes étaient connus sous le nom de bhoots et apparaissaient comme des humains, mais avec les pieds à l'envers et pouvaient changer d'apparence sans avertissement. On pense que les pieds étaient à l'envers pour symboliser que quelque chose avait mal tourné, que l'esprit était dans un état non naturel. Les bhoots se matérialisaient quand la personne mourait avant son heure. Comme ils n'avaient pas pu jouir de la plénitude de leur vie, ils retournaient sur terre dans l'espoir de posséder le corps d'une personne vivante. La possession des fantômes, y compris l'esprit réanimant son propre cadavre, était une grande préoccupation en Inde antique, et certains savants soutiennent que cela avait conduit à la pratique de l'incinération des morts. Si un corps était incinéré, l'esprit ne pouvait pas revenir pour le réanimer, et la combustion de certaines épices, ainsi que l'utilisation d'amulettes et de prières, pouvait protéger le vivant de l'esprit qui en prenait possession après avoir constaté qu'il ne pouvait pas habiter son cadavre à nouveau.
IL Y A DES HISTOIRES IMPLIQUANT DES RÉGIONS, DES MAISONS ET MÊME DES VILLES HANTÉES OÙ LES FANTÔMES ÉTAIENT PRÉSENTS DEPUIS DES SIÈCLES.
Puisque ces esprits étaient morts avant leur temps imparti, ils étaient très malheureux et généralement en colère. On pensait que les fantômes causaient de multiples problèmes lorsqu'ils se manifestaient physiquement, mais, comme dans d'autres cultures, ils étaient considérés comme bénéfiques lorsqu'ils apparaissaient en rêve et pouvaient être reconnus comme l'esprit de quelqu'un que le rêveur avait connu, en particulier d'un parent. Un bhoot particulièrement dangereux était connu sous le nom de churail, qui était l'esprit d'une femme décédée en couches. Ils pensaient que l'on pouvait rencontrer ce fantôme à la croisée des chemins et des intersections et qu'il cherchait à se lier d'amitié avec les vivants. Si la personne vivante était une femme, le churail cherchait à voler ses enfants ou à essayer de posséder son corps et, s'il s'agissait d'un homme, il cherchait à le séduire puis à le tuer. Une fois que le bhoot avait vécu son temps imparti sur terre, même en churail, il quittait et rentrait dans le courant de la réincarnation. La croyance indienne en une vie éternelle impliquant la transmigration des âmes affirmait que l'âme du défunt était jugée en fonction de ses actes alors qu'elle était dans le corps et qu'elle se déplaçait vers le haut ou vers le bas d'une hiérarchie spirituelle dans la prochaine incarnation. Il semblerait, cependant, que toutes les âmes ne bougeaient pas, car il y a des histoires impliquant des régions hantées, des maisons et même des villes où les fantômes étaient présents depuis des siècles.
Le plus célèbre de ces sites est le fort de Bangarh dans le Rajasthan qui est une ville abandonnée que l'on pense habitée par des fantômes. La ville fut construite sous l'Empire moghol en 1573 EC et, comme le dit la légende, elle fut prospère jusqu'à ce qu'elle soit maudite par un ermite reclus qui vivait à proximité. Dans une version de l'histoire, cet ermite était un homme sage qui avait donné sa bénédiction à la construction de la ville à condition qu'aucune des maisons ne s'éleverait assez haut pour jeter une ombre sur sa maison à flanc de colline et ainsi bloquer son soleil. Les premiers bâtisseurs de la ville respectèrent sa demande mais, plus tard, elle fut oubliée et des ajouts furent apportés au palais qui jeta son ombre sur la maison de l'ermite. Il maudit la ville et ses habitants pour leur manque de considération et, en une seule nuit, toutes les étages supérieurs des bâtiments furent détruits et les personnes qui survécurent désertèrent le fort de Bangarh et construisirent la nouvelle ville de Bangarh à proximité.


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Ruines du fort de Bhangarh, Rajasthan


L'autre version de l'histoire implique la belle princesse Ratnavi et le maléfique sorcier Baba Balnath. Le magicien était amoureux de la princesse mais savait qu'elle ne l'aimerait jamais en retour. Il concocta une potion d'amour qui attirerait la princesse à lui et la camoufla en parfum, qu'il lui présenta un jour sur le marché. Ratnavi, soupçonneuse du fait que la bouteille puisse contenir autre chose que du parfum, le versa sur un rocher voisin qui, à cause des pouvoirs magiques de la potion, fut inexorablement attiré vers le sorcier et l'écrasa. Agonisant, Baba Balnath maudit Ratnavi et toute la ville et jura que personne ne devrait jamais vivre dans ses murs. Comme dans l'autre version de l'histoire, la ville fut abandonnée en une seule nuit après une catastrophe et, fidèle à sa malédiction, elle n'a plus jamais été habitée par les vivants. Les morts, cependant, sont soupçonnés de résider encore au fort de Bangarh et il y a aujourd'hui des témoignages de personnes qui disent avoir entendu des voix spectrales, des rires désincarnés près du vieux bassin, des pas, qui disent aussi avoir vu des lumières se déplaçant dans la ville et ont même vu l'esprit de la princesse Ratnavi en personne.
Fantômes mésoaméricains
Dans le système de croyance maya, les fantômes persistants comme ceux qui habitent Bangarh étaient intolérables et devaient être gardés à distance par des charmes et des amulettes ou repoussés vers les paliers par l'intercession d'un gardien (chaman). L'idée maya de l'au-delà était semblable à la vision mésopotamienne selon laquelle le monde souterrain était un endroit sombre et terrible, mais les Mayas poussaient cette vision encore plus loin : dans le monde souterrain maya (connu sous le nom de Xibalba ou Metnal), il y avait de nombreux Seigneurs des morts qui pouvaient tromper l'âme du défunt alors qu'elle cherchait son chemin vers le paradis. Une fois que l'âme descendait dans ce monde souterrain, elle était sur une route à sens unique, sans retour en arrière. On ne s'attendait pas à ce que les fantômes, comme dans les autres cultures mentionnées, reviennent dans le royaume terrestre. L'esprit quittait le corps et était conduit à travers une grande étendue d'eau par un chien spirituel qui aidait l'âme à naviguer les différents voyages et pièges des Seigneurs de Xibalba afin d'atteindre l'Arbre de Vie que l'âme devait ensuite grimper pour monter au paradis.
COMME LES MAYAS, LES AZTÈQUES ESTIMAIENT QUE L'AU-DELÀ ÉTAIT UN LIEU SOMBRE DE NON-RETOUR.
Les esprits qui revenaient, par conséquent, étaient considérés comme non naturels à moins que, comme dans d'autres cultures, ils n'apparaissent dans des rêves et soient reconnaissables comme des amis ou des membres de la famille (même si cela n'était pas toujours le cas). Les Mayas préféraient croire que les morts qui n'étaient pas au repos éternel pouvaient revenir sous la forme de plantes qui étaient soit bénéfiques soit devaient être évitées. Le meilleur exemple de cette croyance est la légende du Xtabay qui raconte l'histoire de deux belles femmes, Xkeban et Utz-Colel. Xkeban était maltraitée par les gens respectables de la ville parce qu'elle avait eu des relations sexuelles avec un homme hors mariage, mais elle était aimée par les classes inférieures à cause de sa bonté de cœur et de sa gentillesse envers tous. Utz-Colel était très appréciée par les classes supérieures parce qu'elle venait d'une bonne famille et observait toute l'étiquette sociale, mais elle était dure et cruelle et ne s'occupait que d'elle-même.
Un jour, un parfum étrange et enivrant remplit le village et, lorsque les pauvres le suivaient jusqu'à sa source, ils arrivèrent dans la cabane de Xkeban et la trouvèrent morte de cause inconnue à l'intérieur. Le délicieux parfum émanait de son corps. Ils l'enterrèrent et, le lendemain,trouvèrent de belles fleurs sauvages qui poussaient sur toute sa tombe et qui émanaient le même parfum qu'ils avaient senti la veille. Peu de temps après cela, Utz-Colel mourut mais, de son corps émana une odeur terrible. Les gens respectables du village l'enterrèrent avec une grande cérémonie en tant que femme bonne et noble et plantèrent beaucoup de fleurs mais, le lendemain, les fleurs étaient tombées et avaient fané. De sa tombe, poussa la fleur connue sous le nom de Tzacam qui n'a pas d'odeur tandis que, de la tombe de Xkeban, poussa la fleur Xtabentun qui sent très bon, et les âmes des deux femmes furent infusées dans leurs fleurs respectives.
Quand Utz-Colel découvrit qu'elle était une fleur épineuse sans parfum, elle fut jalouse de Xkeban et crut que le péché d'amour physique de Xkeban lui avait apporté cette prospérité. Elle se liga avec les esprits obscurs de Xibalba pour revenir à la vie afin qu'elle puisse maintenant avoir des relations sexuelles avec qui elle voulait et être aussi bénie que Xkeban. Utz-Colel n'avait pas compris, cependant, que l'acte de Xkeban avait été motivé par l'amour tandis que le sien était motivé par l'ambition. Elle retourna sur terre sous la forme de Xtabay, la fleur qui pousse à partir du cactus Tzacam mais prend parfois une forme humaine et attend les voyageurs à la croisée des chemins. Si un homme fait attention à elle, elle le séduit puis le tue tandis que, si le voyageur est une femme, elle la punit en mettant à mal sa sérénité.


Fantômes du monde antique 1382
Crâne Turquoise Tezcatlipoca    


Les Aztèques croyaient en une entité similaire, qui était en fait plus proche des churail d'Inde. L'esprit aztèque était connu sous le nom de Cihuateteo et était le fantôme d'une femme qui était morte en couches. Ces esprits hantaient aussi les carrefours, mais ignoraient les voyageurs masculins; ils attendaient les femmes avec enfants, puis frappaient ces femmes et volaient leurs enfants. On pensait également qu'ils pouvaient se glisser dans des maisons la nuit pour enlever les enfants. Des amulettes et des charmes étaient accrochés sur les portes et les fenêtres pour éloigner le cihuateteo. Dans le système de croyance aztèque, les fantômes étaient également des invités indésirables qui n'apportaient que des mauvaises nouvelles ou servaient de signes de mauvaise augure. Comme les Mayas, les Aztèques soutenaient que l'au-delà était un lieu sombre de non-retour et donc, quand un esprit revenait, c'était une indication claire que quelque chose avait mal tourné ou allait bientôt le faire.


Fantômes du monde antique 1435
Mictlantecuhtli, Dieu de la mort  


Comme pour la tribu Tarascan, les Aztèques croyaient que les chiens pouvaient non seulement voir les fantômes mais aussi protéger contre eux, et les deux groupes enterraient leurs morts avec des chiens qui étaient censés servir l'âme dans l'au-delà à la fois comme guide à travers l'au-delà et comme protecteur contre les fantômes. Les Tarascans étaient profondément troublés par la peur des fantômes et développèrent ainsi le concept de chien spirituel. Ils pensaient que les fantômes étaient les esprits de ceux qui avaient été incorrectement enterrés, qui étaient morts seuls lors d'une chasse et n'avaient jamais été retrouvés, ou qui s'étaient noyés. Ces esprits retournaient hanter les vivants jusqu'à ce que leurs corps soient retrouvés et correctement enterrés avec des cérémonies. Le problème, bien sûr, est que les corps n'avaient pas pu être retrouvés. Dans ce cas, les Tarascans soutenaient qu'un chien spirituel trouverait le corps et emmènerait l'âme dans l'au-delà afin de ne pas déranger les vivants.
Les morts étaient célébrés dans les cultures mésoaméricaines au lieu d'être pleurés, ce qui donna lieu à l'événement connu aujourd'hui sous le nom de « Jour des morts » (El Dia de los Muertos). La communauté se réunit en ce jour pour se souvenir de ceux qui sont passés de l'autre côté et pour célébrer leur vie. A l'origine, les Aztèques honoraient la déesse de l'au-delà, Mictecacihuatl, au cours de ce festival, puis honoraient les âmes des enfants morts, puis des adultes qui étaient passés de l'autre côté. La fête avait lieu pendant la récolte du maïs (fin juillet à août), mais après la conquête espagnole, elle fut déplacée en novembre pour coïncider avec la Toussaint de l'église catholique.
Fantômes celtiques
Ce changement de saison du Jour des Morts en Mésoamérique fut dû à la politique de « christianisation » des fêtes païennes qui existaient auparavant. Une célébration similaire observée dans le nord de l'Europe en Irlande, en Écosse et au pays de Galles est connue sous le nom de Samhain (prononcé sou-wen ou sow-wen). Les païens de ces régions voyaient la vie comme cyclique, pas linéaire, et l'année tournait comme une roue. Samhain était la fin d'un cycle et le début du suivant et on pensait que, à cette époque, le voile entre les vivants et les morts s'amenuisait et que les morts pouvaient marcher à nouveau dans la vie. Cela avait lieu fin octobre/début novembre et était traditionnellement considéré comme commençant au coucher du soleil le 31 octobre et se terminant le 2 novembre (bien que certains aient observé la célébration pendant une semaine avant le 31 octobre jusqu'à une semaine plus tard). Bien que de nombreuses sources modernes sur Internet et certaines émissions télévisées populaires des États-Unis affirment que Samhain était le dieu celtique des morts et que les gens lui offraient des sacrifices le 31 octobre, ce n'est pas le cas. Il n'y a jamais eu de dieu celtique des morts connu sous le nom de Sam Hain. « Samhain » signifie simplement « fin d'été » en langue celtique.
PENDANT LE SAMHAIN, LES BOVINS ÉTAIENT ABATTUS, ET LES OS ÉTAIENT BRÛLÉS DANS DES « FEUX D'OS » (BONE FIRES), AUJOURD'HUI CONNUS SOUS LE NOM DE FEUX DE JOIE (BONFIRE).
On pensait que les morts marchaient librement à travers le monde pendant cette période et les gens préparaient des repas que leurs amis et parents défunts avaient apprécié pendant leur vie. Samhain était une célébration importante, la récolte était rentrée, le bétail était abattu et salé pour l'hiver, et les os étaient brûlés, pratique qui a donné lieu aux feux d'os (bone fires), qui sont aujourd'hui connus sous le nom de feux de joie (bonfire). Le côté plus sombre de Samhain, cependant, était que les morts qui étaient agités (tels que les fantômes affamés de Chine) étaient également libres d'errer, et donc les gens commencèrent à porter des masques pour ne pas être reconnus par un esprit qui pourrait leur souhaiter du mal. Cette coutume a finalement évolué vers la célébration moderne d'Halloween. L'Empire romain avait conquis une grande partie de la région des Celtes au Ier siècle EC et, lorsque le christianisme devint la religion officielle de l'Empire au IVe siècle EC, l'église incorpora de nombreuses fêtes païennes dans leur calendrier. Comme Samhain était un festival extrêmement populaire, il fut introduit dans l'église comme fête des martyrs, qui devint la journée de la Toussaint où les croyants priaient pour les âmes des morts au purgatoire. Comme pour Samhain en Europe, il en fut de même avec le Jour des Morts au Mexique ; les fêtes païennes devinrent des jours de célébrations chrétiennes.
 
Conclusion
Bien que la croyance selon laquelle les morts pouvaient retourner sur terre le Jour des Âmes persistait, elle changea à mesure que la vision chrétienne de l'au-delà devenait de plus en plus populaire et que les fantômes étaient de plus en plus liés aux démons et au diable. Les fantômes sont mentionnés dans la Bible dans des passages tels que Matthieu 14:25 -27, Marc 6:48 -50 et Luc 24:37:39. Parmi les passages les plus célèbres concernant un fantôme figure celui de I Samuel 28 : 7-20 dans lequel le roi Saül se rendit chez la sorcière d'Endor et lui demanda d'invoquer le fantôme de Samuel, son ancien conseiller et prophète de Dieu. Saul fut ensuite privé de la faveur de Dieu pour avoir choisi de consulter un esprit sur ce qu'il devait faire au lieu de faire confiance à Dieu pour son avenir. Les fantômes, et surtout les esprits, apparurent sous un jour négatif alors que le christianisme gagna plus d'adhérents. Le passage de Marc 6 fut également interprété comme une représentation négative des fantômes en ce sens que les disciples pensèrent que Jésus était un fantôme lorsqu'ils le virent marcher sur l'eau. Les fantômes ne pouvaient pas marcher sur l'eau, seuls les dieux et ceux qui étaient divins, et donc quand les disciples confondirent Jésus pour un fantôme, on pense qu'ils montrèrent la dureté de leur cœur en recevant le message de salut de Jésus. L'expert Jason Robert Combs a noté comment l'écrivain auteur de Marc savait que son auditoire reconnaîtrait le symbolisme du 
fantôme. Il écrit :

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Les dieux et les hommes divins marchent sur l'eau; les fantômes ne le font pas. Mais quand les disciples voient Jésus marcher sur l'eau, ils croient à l'impossible plutôt qu'à l'évident. L'insertion de Marc de cette absurdité, « parce qu'ils l'ont vu marcher sur la mer, ils pensaient qu'il était un fantôme » (6:49), souligne de façon dramatique l'interprétation erronée des disciples du rôle de messie de Jésus (358).
L'auteur de Marc fait continuellement remarquer que les disciples n'ont pas su comprendre qui était Jésus et quelle était sa mission. Son utilisation du fantôme au début de son livre aurait clairement fait valoir ce point à un auditoire ancien qui aurait reconnu qu'un fantôme ne peut pas marcher sur l'eau et que, plus loin, l'eau était souvent utilisée pour éloigner les fantômes. Le livre biblique de I Jean 4:1 stipule qu'il faut tester tous les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu et ne pas croire que chaque esprit est ce qu'il semble être. Ce passage, associé à la croyance exprimée dans le passage de Marc et I Samuel et d'autres, encourageait une vision encore plus négative des fantômes que les gens ne l'avaient eu auparavant. Bien que les fantômes aient toujours été considérés comme indésirables et contre nature, ils étaient maintenant liés au démoniaque et étaient considérés comme des agents du diable. Les gens étaient encouragés à rejeter la réalité des fantômes puisque, à la mort, l'âme de la personne allait au ciel, en enfer ou au purgatoire et ne revenait pas sur terre. Si l'on voyait un fantôme, alors, on devait supposer que c'était une astuce du diable pour piéger une âme pour l'enfer en la faisant douter de l'ordre divin de Dieu. Cette attitude envers les fantômes est exploitée à des fins dramatiques dans le Hamlet de Shakespeare, lorsque le prince Hamlet doute que le fantôme qu'il a vu est en fait son père revenu d'entre les morts et dit : « Le fantôme que j'ai vu/ Aurait bien pu être le diable ; car le diable a le pouvoir/ De revêtir une forme séduisante ; oui! et peut-être,/ Abusant de ma faiblesse et de ma mélancolie,/ Grâce au pouvoir qu'il a sur de tels esprits ,/ M'abuse-t-il pour me damner.» (II.ii.610-615). Cette vision des fantômes modifiait complètement la vieille compréhension que les fantômes étaient les âmes de ceux qui étaient morts et, comme ils venaient du diable, cette croyance était découragée.
Au fil du temps, une confiance croissante dans une façon laïque et plus « scientifique » de voir le monde compléta le travail commencé par l'église et relégua les fantômes au royaume de la superstition et de la fiction. À en juger par le nombre de sites internet et de livres consacrés à ce sujet, il y en a beaucoup dans les temps modernes qui s'intéressent au sujet des fantômes mais, en général, cette croyance n'est pas culturellement encouragée ; précisément la situation inverse de la façon dont les fantômes étaient vus dans le monde antique. Le journaliste John Keel, qui a enquêté sur de nombreux événements dits paranormaux et est surtout connu pour son livre The Mothman Prophecies, a écrit qu'il n'y a pas de « paranormal » ou de « surnaturel ». Après avoir cité un certain nombre d'événements étranges que les gens avaient vécu tout au long de l'histoire, Keel a observé que ce que les gens appellent aujourd'hui des événements « paranormaux » ou « surnaturels » sont en fait des aspects normaux et naturels de la vie sur terre. Le monde des esprits, des fantômes et des âmes apparaissant depuis l'au-delà, selon Keel, peut être autant une réalité aujourd'hui qu'il l'était pour les peuples du monde antique; la raison pour laquelle les gens n'acceptent plus les fantômes comme une partie de la vie est simplement parce qu'un monde qui fonctionne de cette façon n'est plus reconnu comme valide. Un nouveau paradigme de la façon dont le monde fonctionnait se développa avec le christianisme, puis l'acceptation d'une vision laïque de l'univers, et les fantômes s'éloignèrent encore plus du royaume des vivants jusqu'à ce qu'ils perdent enfin leur puissance réelle et deviennent la base des contes et des légendes.



             Les 7 Merveilles du monde antique

 
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Traducteur
Babeth Étiève-Cartwright
Babeth a enseigné l’anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l’anglais et l’italien et a 25 ans d’expérience dans le domaine de l’éducation. Elle aime voyager et découvrir la langue, l’histoire et le patrimoine culturel des différents pays qu'elle visite.
 
Auteur
Joshua J. Mark
Écrivain indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.
 









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